Je vous propose de remonter loin dans le temps et d’aller à la rencontre des civilisations néolithiques japonaises mais aussi de dépasser ce cadre chronologique.
Tout d’abord, avant de rentrer dans le vif du sujet, posons-nous cette première question : qu’est-ce que le Néolithique ? Le Néolithique est une période de la Préhistoire marquée par de profondes mutations techniques, économiques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance basé sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie et de la poterie en céramique.
Le Néolithique débute vers – 9000 et se termine vers -3300 avec l’invention de l’écriture.
Intéressons-nous à deux périodes particulière de l’histoire du Japon : les ères Jomon et Yayoi.
L’ère Jomon est très longue. Bien plus que le Néolithique d’ailleurs. L’ère Jomon débute vers dixième millénaire avant Jésus-Christ et s’achève vers le 3e siècle avant Jésus-Christ.
L’un des traits particuliers de cette ère est le refoulement progressif d’un premier type de population des îles japonaises, les Aïnu (d’origine caucasienne) par des populations de type mongoloïde (ce type de population est à l’origine des chinois, des coréens et des japonais). Les Aïnu sont à la fois repoussés vers le Nord et à la fois assimilés par les nouveaux venus. Si aujourd’hui les Aïnu n’existent plus, ils ont transmis certaines de leurs caractéristiques aux japonais d’aujourd’hui (comme notament un système pileux très développé).
Très vite, la population s'est sédentarisée, formant des villages permanents. L'installation typique comprend de six à dix habitations, des maisons à demi enterrées, à l'intérieur desquelles vivent des familles de cinq à six personnes, et des bâtiments communautaires. Dans ces maisons « semi-enterrées », il y avait une place pour faire un feu ainsi que des trous pour le stockage des aliments.
Les habitations étaient agglomérées. On retrouve même des villages assez organisés, selon une structure concentrique. Exemple de l’organisation d’un village : le cimetière se trouve dans l’espace central, puis un premier cercle d’habitations à même le sol, un deuxième cercle de maisons et enfin des trous de stockage en bordure du village. Rien n'indique la raison de cette répartition. C'était le système d'organisation le plus répandu mais pas le seul. Il serait donc faux de croire que tous les villages de cette époque possèdaient cette structure. Avec l'apparition de la culture du riz, ces constructions deviendront de plus en plus complexes pour être même construites avec un étage vers la fin du Jōmon/début du Yayoi.
C’est aussi une période d’activités artistiques, marquée par la recherche de motifs décoratifs originaux.
Les Jomon ne connaissent pas encore l'agriculture. Leur modèle de subsistance est principalement basé sur la pêche, la chasse, et la collecte. Si les techniques agricoles ne sont pas encore attestées, on constate le développement progressif d'une culture de certains types de plantes comme la courge, la noisette, et le millet.
On peut considérer que l'abondance des ressources est telle que l'agriculture n'a pas besoin d'être développée, les Jomon disposent sur ces îles d'une grande diversité de ressources naturelles: au printemps et au début de l'été, les espèces de poissons de haute mer (thons) et les mammifères marins sont pêchés, alors qu'ils s'approchent des côtes pour se reproduire. En automne, les fruits et les graines sont prêts à être cueillis, et la récolte de châtaignes, noix, noisettes et glands est stockée dans de nombreux silos souterrains. À la fin de l'automne et pendant tout l'hiver, les daims et les sangliers sont chassés, mais aussi l'ours, le cerf et le lièvre.
Des découvertes récentes ont démontré qu'il existait déjà à cette époque des traces de techniques liées à la riziculture vers -1000, cependant ces pratiques étaient minoritaires et limitées à certaines régions.
Vers la fin de la période Jomon, une nouvelle civilisation néolithique qui provient de la Corée, commence à se répandre au Japon. Celle-ci apparaît vers le 3e siècle avant Jésus-Christ au nord de l’île de Kyushu et gagne peu à peu le Japon central par la mer. Le nord du pays est finalement atteint vers le 1er siècle avant Jésus-Christ. Cette civilisation est celle de Yayoi. Elle se distingue de Jomon par l’apparition d’une économie agricole fondée sur la riziculture irriguée. Le domaine artisanal reste simple mais il est plus complexe que celui de Jomon. On retrouve chez Yayoi des poteries mais aussi des objets en bronze ou en fer (inspiration chinoise).
L’ère Yayoi débute donc au 3e siècle avant Jésus-Christ, elle s’achève vers 250 après Jésus-Christ.
Autre changement important. Jomon, les morts sont placés en position fœtale pendant les débuts de l'ère Jōmon, mais sont placés en position allongée par la suite. Ces corps ne sont généralement pas accompagnés de mobilier funéraire si ce n'est quelques masques retrouvés à Hokkaido et au nord-est de Honshu. D'autre part, bien que rares, certains cas plus étonnants ont montré l'existence de la pratique de l'incinération. Yayoi, les japonais reprennent l’usage coréen d’ériger des sépultures en forme de tumuli (éminence artificielle, circulaire ou non, recouvrant une sépulture) pour ensevelir les chefs. Le temps passant ces structures deviennent de plus en plus importantes, preuve du développement d’une aristocratie primitive toujours plus puissante. Les objets retrouvés dans ces tombeaux prouvent l’existence d’une aristocratie guerrière qui imposait sa domination aux populations rurales.
Les plus vastes de ces tombeaux se situent près des villes actuelles de Nara et d’Osaka. Ils sont souvent considérés comme les tombes des premiers empereurs du Japon.
Peu à peu, on constate à travers les légendes, les fouilles archéologiques et les sources écrites chinoises, la mise en place d’une société qui tend à devenir à terme un État. C’est l’autorité de la plaine de Yamato. À partir des 5e et 6e siècles après JC, un État japonais remplace les nombreuses tribus. La société se divise alors en clan (uji). Les membres de ces clans sont liés par le sang et forment une parentèle sous l’autorité d’un chef héréditaire.
Les uji se divisent en groupes professionnels spécialisés, les be. Les be sont eux aussi héréditaires, ils sont investis de fonctions spécialisées comme le tissage, la poterie, l’agriculture.
Les clans sont soumis aux chefs du Yamato. Peu à peu l’autorité du Yamato s’étend à tout le Japon (sauf le nord toujours peuplé de quelques Aïnu). L’influence du Yamato se sent aussi dans le sud de la Corée.
Le Japon va longtemps conserver l’empreinte de son organisation primitive fondée sur les clans. Le sens des valeurs de hiérarchie et d’hérédité, la figure du guerrier à cheval allaient se retrouver pendant toute la période féodale. Les premiers chefs du Yamato sont à l’origine de la famille impériale. Les croyances de cette époque allaient former plus tard le Shinto.
Tout d’abord, avant de rentrer dans le vif du sujet, posons-nous cette première question : qu’est-ce que le Néolithique ? Le Néolithique est une période de la Préhistoire marquée par de profondes mutations techniques, économiques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance basé sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie et de la poterie en céramique.
Le Néolithique débute vers – 9000 et se termine vers -3300 avec l’invention de l’écriture.
Intéressons-nous à deux périodes particulière de l’histoire du Japon : les ères Jomon et Yayoi.
L’ère Jomon est très longue. Bien plus que le Néolithique d’ailleurs. L’ère Jomon débute vers dixième millénaire avant Jésus-Christ et s’achève vers le 3e siècle avant Jésus-Christ.
L’un des traits particuliers de cette ère est le refoulement progressif d’un premier type de population des îles japonaises, les Aïnu (d’origine caucasienne) par des populations de type mongoloïde (ce type de population est à l’origine des chinois, des coréens et des japonais). Les Aïnu sont à la fois repoussés vers le Nord et à la fois assimilés par les nouveaux venus. Si aujourd’hui les Aïnu n’existent plus, ils ont transmis certaines de leurs caractéristiques aux japonais d’aujourd’hui (comme notament un système pileux très développé).
Très vite, la population s'est sédentarisée, formant des villages permanents. L'installation typique comprend de six à dix habitations, des maisons à demi enterrées, à l'intérieur desquelles vivent des familles de cinq à six personnes, et des bâtiments communautaires. Dans ces maisons « semi-enterrées », il y avait une place pour faire un feu ainsi que des trous pour le stockage des aliments.
Les habitations étaient agglomérées. On retrouve même des villages assez organisés, selon une structure concentrique. Exemple de l’organisation d’un village : le cimetière se trouve dans l’espace central, puis un premier cercle d’habitations à même le sol, un deuxième cercle de maisons et enfin des trous de stockage en bordure du village. Rien n'indique la raison de cette répartition. C'était le système d'organisation le plus répandu mais pas le seul. Il serait donc faux de croire que tous les villages de cette époque possèdaient cette structure. Avec l'apparition de la culture du riz, ces constructions deviendront de plus en plus complexes pour être même construites avec un étage vers la fin du Jōmon/début du Yayoi.
C’est aussi une période d’activités artistiques, marquée par la recherche de motifs décoratifs originaux.
Les Jomon ne connaissent pas encore l'agriculture. Leur modèle de subsistance est principalement basé sur la pêche, la chasse, et la collecte. Si les techniques agricoles ne sont pas encore attestées, on constate le développement progressif d'une culture de certains types de plantes comme la courge, la noisette, et le millet.
On peut considérer que l'abondance des ressources est telle que l'agriculture n'a pas besoin d'être développée, les Jomon disposent sur ces îles d'une grande diversité de ressources naturelles: au printemps et au début de l'été, les espèces de poissons de haute mer (thons) et les mammifères marins sont pêchés, alors qu'ils s'approchent des côtes pour se reproduire. En automne, les fruits et les graines sont prêts à être cueillis, et la récolte de châtaignes, noix, noisettes et glands est stockée dans de nombreux silos souterrains. À la fin de l'automne et pendant tout l'hiver, les daims et les sangliers sont chassés, mais aussi l'ours, le cerf et le lièvre.
Des découvertes récentes ont démontré qu'il existait déjà à cette époque des traces de techniques liées à la riziculture vers -1000, cependant ces pratiques étaient minoritaires et limitées à certaines régions.
Vers la fin de la période Jomon, une nouvelle civilisation néolithique qui provient de la Corée, commence à se répandre au Japon. Celle-ci apparaît vers le 3e siècle avant Jésus-Christ au nord de l’île de Kyushu et gagne peu à peu le Japon central par la mer. Le nord du pays est finalement atteint vers le 1er siècle avant Jésus-Christ. Cette civilisation est celle de Yayoi. Elle se distingue de Jomon par l’apparition d’une économie agricole fondée sur la riziculture irriguée. Le domaine artisanal reste simple mais il est plus complexe que celui de Jomon. On retrouve chez Yayoi des poteries mais aussi des objets en bronze ou en fer (inspiration chinoise).
L’ère Yayoi débute donc au 3e siècle avant Jésus-Christ, elle s’achève vers 250 après Jésus-Christ.
Autre changement important. Jomon, les morts sont placés en position fœtale pendant les débuts de l'ère Jōmon, mais sont placés en position allongée par la suite. Ces corps ne sont généralement pas accompagnés de mobilier funéraire si ce n'est quelques masques retrouvés à Hokkaido et au nord-est de Honshu. D'autre part, bien que rares, certains cas plus étonnants ont montré l'existence de la pratique de l'incinération. Yayoi, les japonais reprennent l’usage coréen d’ériger des sépultures en forme de tumuli (éminence artificielle, circulaire ou non, recouvrant une sépulture) pour ensevelir les chefs. Le temps passant ces structures deviennent de plus en plus importantes, preuve du développement d’une aristocratie primitive toujours plus puissante. Les objets retrouvés dans ces tombeaux prouvent l’existence d’une aristocratie guerrière qui imposait sa domination aux populations rurales.
Les plus vastes de ces tombeaux se situent près des villes actuelles de Nara et d’Osaka. Ils sont souvent considérés comme les tombes des premiers empereurs du Japon.
Peu à peu, on constate à travers les légendes, les fouilles archéologiques et les sources écrites chinoises, la mise en place d’une société qui tend à devenir à terme un État. C’est l’autorité de la plaine de Yamato. À partir des 5e et 6e siècles après JC, un État japonais remplace les nombreuses tribus. La société se divise alors en clan (uji). Les membres de ces clans sont liés par le sang et forment une parentèle sous l’autorité d’un chef héréditaire.
Les uji se divisent en groupes professionnels spécialisés, les be. Les be sont eux aussi héréditaires, ils sont investis de fonctions spécialisées comme le tissage, la poterie, l’agriculture.
Les clans sont soumis aux chefs du Yamato. Peu à peu l’autorité du Yamato s’étend à tout le Japon (sauf le nord toujours peuplé de quelques Aïnu). L’influence du Yamato se sent aussi dans le sud de la Corée.
Le Japon va longtemps conserver l’empreinte de son organisation primitive fondée sur les clans. Le sens des valeurs de hiérarchie et d’hérédité, la figure du guerrier à cheval allaient se retrouver pendant toute la période féodale. Les premiers chefs du Yamato sont à l’origine de la famille impériale. Les croyances de cette époque allaient former plus tard le Shinto.
Le texte brut est peut être un peu ennuyant, j'ai fais court mais quand même. Je vous propose donc maintenant de voir les photographies de quelques objets de ces époques.
Période très vaste, le Jōmon est divisé en six phases :
-le Jōmon naissant : -10 000 à -8 000;
-le Jōmon primitif : -8 000 à -5 000;
-le Jōmon ancien : -5 000 à -2 500;
-le Jōmon moyen : -2 500 à -1 500;
-le Jōmon tardif : -1 500 à -1 000;
-le Jōmon final : -1 000 à -300.
Poterie du Jōmon naissant, le plus ancien type de poterie au monde, -10.000 à -8.000, Musée National de Tokyo.
Récipient céramique orné de flammèches (entre 3000 et 2000 av. J.-C., Jōmon précoce) Musée national de Tokyo, Japon
Statuette du Jōmon Final (-1000 à -400), Musée National de Tokyo.
Je ne vais pas commenter ces différentes photographies. C'est juste pour illustrer un peu mon topic. On constate une évolution artistique notable sur le long terme de cette période.
Habitation commune de la fin de la période Jômon.
Je vous propose maintenant de continuer notre voyage dans le temps. Nous allons maintenant nous intéresser au Japon à l'école de la Chine, une période essentielle de l'histoire du Japon, influencé par son puissant voisin.
Le Japon à l'école de la Chine.
Il y eut très tôt des contacts entre le Japon et la Chine. Les Japonais ont réalisé une véritable synthèse de leur culture primitive et des apports de la civilisation chinoise.
Les premiers contacts.
Dès le 1er siècle de notre ère, des ambassadeurs et des commerçants circulaient entre les deux pays (Japon et Chine).
Des immigrants venus de Corée avaient introduis au Japon des savoirs scientifiques et artistiques du continent.
Vers le 5e siècle de notre ère, les modèles d’écriture chinoise étaient très largement connus des Japonais.
Les emprunts fait par les Japonais aux autres cultures se font plus ou moins inconsciemment et progressivement. Le mouvement d’imitation s’accélère à partir du 6e siècle (moitié du 6e siècle pour être précis). Il y a un changement de mentalité qui s’opère au 6e siècle chez les Japonais, ils prennent conscience des bienfaits que peut leur apporter la civilisation continentale et ils éprouvent alors le désir de s’en imprégner d’avantage.
À cette époque la Chine est de nouveau rayonnante. La civilisation chinoise remonte au 2e millénaire avant notre ère. L’apogée du 1er empire militaire chinois est contemporain de la grandeur de Rome : 220 av et 220 ap. JC. La Chine connue ensuite une ère de chaos avec guerre civile et invasions barbares, ce chaos se prolongea jusqu’à la moitié du 6e siècle. C’est alors qu’apparaît un second empire bien plus florissant que le premier. Durant les 7e et 8e siècles la Chine domine les autres pays du monde dans bien des domaines : par sa prospérité, sa puissance politique et son avance technique. En même temps le Japon en termine avec des querelles politiques et atteint un certain niveau de développement culturel. Rien d’étonnant à ce que ce dernier soit attiré par son puissant voisin.
Le Japon connaît alors comme une effervescence culturelle (qui contraste avec la stagnation culturelle européenne de l’époque).
Habituellement on fait remonter à l’année 552 le début de l’influence chinoise sur l’archipel nippon, quand la cour du Yamato adopte le bouddhisme (introduit par des ambassadeurs coréens). Mais il est fort probable que le bouddhisme ait pénétré l’archipel beaucoup plus tôt. Cependant, le bouddhisme va servir de support à la pénétration de la culture chinoise au Japon.
Entre les 6e et 8e siècles des bonzes d’origines diverses (Corée, Chine, Inde) viennent au Japon pour prêcher le bouddhisme. Des Japonais nouvellement convertis vont aller en Chine pour approfondir leur connaissance de cette religion. À leur retour ils participent à la diffusion du bouddhisme dans l’archipel, sans doute plus facile et plus efficacement que les missionnaires étrangers. Mais ils ne se contentent pas de religion, ces Japonais de retour au pays vont introduire aussi les arts, les institutions, les idées de la Chine.
Durant la seconde moitié du 6e siècle, le bouddhisme et la culture continentale ont largement pénétré la cour du Yamato. Celle-ci se divise alors en 2 tendances : une qui est favorable aux idées nouvelles et l’autre qui se révèle hostile au changement et fidèle au shintoïsme.
En 587 les probouddhistes ont éliminé les conservateurs, les emprunts fait au continent se multiplient. Il y a un personnage clé dans cette tendance, il s’agit du prince héritier Shotoku. En 604 il promulgue la Constitution des 17 articles, un recueil de précepte venant du bouddhisme et de sagesse confucéenne. 3 ans plus tard, en 607, il envoie en Chine une ambassade officielle.
Les Japonais ont recours à de jeunes gens brillants, ils accompagnent les ambassades en Chine dans le but de s’imprégner du savoir continental. Durant l’année que dure l’ambassade ils vont se consacrer à l’étude selon leur domaine de prédilection, parfois ils restent des années durant. Et quand enfin ils retournent au Japon, ils sont chargés de transmettre leurs connaissances. Ces personnages instruits à l’école de la Chine vont vite comprendre qu’ils ont un très grand pouvoir et en 645 ils réussissent un coup d’État.
Ce coup d’État inaugure l’ère Taika ou « ère des changements ».
L’objectif du coup d’État était de faire du Japon une réplique exacte de la Chine.
Des immigrants venus de Corée avaient introduis au Japon des savoirs scientifiques et artistiques du continent.
Vers le 5e siècle de notre ère, les modèles d’écriture chinoise étaient très largement connus des Japonais.
Les emprunts fait par les Japonais aux autres cultures se font plus ou moins inconsciemment et progressivement. Le mouvement d’imitation s’accélère à partir du 6e siècle (moitié du 6e siècle pour être précis). Il y a un changement de mentalité qui s’opère au 6e siècle chez les Japonais, ils prennent conscience des bienfaits que peut leur apporter la civilisation continentale et ils éprouvent alors le désir de s’en imprégner d’avantage.
À cette époque la Chine est de nouveau rayonnante. La civilisation chinoise remonte au 2e millénaire avant notre ère. L’apogée du 1er empire militaire chinois est contemporain de la grandeur de Rome : 220 av et 220 ap. JC. La Chine connue ensuite une ère de chaos avec guerre civile et invasions barbares, ce chaos se prolongea jusqu’à la moitié du 6e siècle. C’est alors qu’apparaît un second empire bien plus florissant que le premier. Durant les 7e et 8e siècles la Chine domine les autres pays du monde dans bien des domaines : par sa prospérité, sa puissance politique et son avance technique. En même temps le Japon en termine avec des querelles politiques et atteint un certain niveau de développement culturel. Rien d’étonnant à ce que ce dernier soit attiré par son puissant voisin.
Le Japon connaît alors comme une effervescence culturelle (qui contraste avec la stagnation culturelle européenne de l’époque).
Habituellement on fait remonter à l’année 552 le début de l’influence chinoise sur l’archipel nippon, quand la cour du Yamato adopte le bouddhisme (introduit par des ambassadeurs coréens). Mais il est fort probable que le bouddhisme ait pénétré l’archipel beaucoup plus tôt. Cependant, le bouddhisme va servir de support à la pénétration de la culture chinoise au Japon.
Entre les 6e et 8e siècles des bonzes d’origines diverses (Corée, Chine, Inde) viennent au Japon pour prêcher le bouddhisme. Des Japonais nouvellement convertis vont aller en Chine pour approfondir leur connaissance de cette religion. À leur retour ils participent à la diffusion du bouddhisme dans l’archipel, sans doute plus facile et plus efficacement que les missionnaires étrangers. Mais ils ne se contentent pas de religion, ces Japonais de retour au pays vont introduire aussi les arts, les institutions, les idées de la Chine.
Durant la seconde moitié du 6e siècle, le bouddhisme et la culture continentale ont largement pénétré la cour du Yamato. Celle-ci se divise alors en 2 tendances : une qui est favorable aux idées nouvelles et l’autre qui se révèle hostile au changement et fidèle au shintoïsme.
En 587 les probouddhistes ont éliminé les conservateurs, les emprunts fait au continent se multiplient. Il y a un personnage clé dans cette tendance, il s’agit du prince héritier Shotoku. En 604 il promulgue la Constitution des 17 articles, un recueil de précepte venant du bouddhisme et de sagesse confucéenne. 3 ans plus tard, en 607, il envoie en Chine une ambassade officielle.
Les Japonais ont recours à de jeunes gens brillants, ils accompagnent les ambassades en Chine dans le but de s’imprégner du savoir continental. Durant l’année que dure l’ambassade ils vont se consacrer à l’étude selon leur domaine de prédilection, parfois ils restent des années durant. Et quand enfin ils retournent au Japon, ils sont chargés de transmettre leurs connaissances. Ces personnages instruits à l’école de la Chine vont vite comprendre qu’ils ont un très grand pouvoir et en 645 ils réussissent un coup d’État.
Ce coup d’État inaugure l’ère Taika ou « ère des changements ».
L’objectif du coup d’État était de faire du Japon une réplique exacte de la Chine.
La réforme des institutions.
Partant de l’exemple de la Chine, les Japonais commencèrent à désirer un système impérial qui aurait la force pour traiter d’égal à égal avec ses voisins (dont le Chine justement). Les premiers signes de ce désir se rencontrent avec le prince Shotoku quand il s’adresse aux empereurs chinois, par courrier, de la manière suivante : « l’Empereur du Soleil levant à l’Empereur du Soleil couchant ».
Les princes de la cour du Yamato vont suivre cet exemple et le compléter. Ils vont adopter le cérémonial et les attributs symboliques des empereurs chinois. Ainsi, le souverain du Japon conserve ses pouvoirs de chef religieux mais en plus il devient un monarque autocrate (souverain absolu sans aucune limite à ses pouvoirs).
Autour de l’empereur apparaît bientôt les rouages d’un gouvernement central (toujours sur le modèle chinois :
-Empereur : chef religieux + chef de l’exécutif ;
-Conseil d’État qui comprend le grand chancelier d’Empire, le chancelier senestre (chancelier de la gauche qui s’occupe de la maison impériale, de la fonction publique, du protocole et du ministère de l’intérieur), le chancelier dextre (de la droite et qui s’occupe de la guerre, de la justice, des finances et du trésor) et huit ministres spécialisés ;
-chaque ministère comprend de nombreux bureaux et de fonctionnaires qui vont avec ainsi que 26 échelons hiérarchiques.
Telle est la structure que l’on cherche à mettre en place. Seulement, le Japon est de petite dimension, le pays est encore plus au moins stade de la société tribale et la centralisation est très faible. De cette lourde structure administrative, bien des organes n’existent que sur le papier.
Les princes de la cour du Yamato vont suivre cet exemple et le compléter. Ils vont adopter le cérémonial et les attributs symboliques des empereurs chinois. Ainsi, le souverain du Japon conserve ses pouvoirs de chef religieux mais en plus il devient un monarque autocrate (souverain absolu sans aucune limite à ses pouvoirs).
Autour de l’empereur apparaît bientôt les rouages d’un gouvernement central (toujours sur le modèle chinois :
-Empereur : chef religieux + chef de l’exécutif ;
-Conseil d’État qui comprend le grand chancelier d’Empire, le chancelier senestre (chancelier de la gauche qui s’occupe de la maison impériale, de la fonction publique, du protocole et du ministère de l’intérieur), le chancelier dextre (de la droite et qui s’occupe de la guerre, de la justice, des finances et du trésor) et huit ministres spécialisés ;
-chaque ministère comprend de nombreux bureaux et de fonctionnaires qui vont avec ainsi que 26 échelons hiérarchiques.
Telle est la structure que l’on cherche à mettre en place. Seulement, le Japon est de petite dimension, le pays est encore plus au moins stade de la société tribale et la centralisation est très faible. De cette lourde structure administrative, bien des organes n’existent que sur le papier.
Echec de la centralisation.
Étendre la structure administrative décrite ci-dessus aux provinces s’avéra particulièrement difficile pour plusieurs raisons :
-faiblesse des communications ;
-poids des particularismes locaux.
Pour le coup, l’archipel fut divisé en provinces et en comtés administrés par des fonctionnaires. Ces administrateurs locaux, préférant vivre à la cour, prirent rapidement l’habitude de déléguer leurs pouvoirs à des subordonnés souvent ambitieux. Dès lors, il se révéla impossible pour le gouvernement central de contrôler les provinces.
Une réforme de la terre liée à la fiscalité, elle aussi inspirée par le modèle chinois, fut un échec cuisant. En Chine, la terre était théoriquement « nationalisée » et répartie de manière égale entre les paysans. Les paysans payaient le même montant d’impôt (en nature, corvée ou service militaire). La Chine, malgré une tradition de centralisation avait déjà du mal pour assurer le bon fonctionnement de ce système. Au Japon, le système connut très peu d’application (autour de la capitale et dans les quelques provinces où le pouvoir du gouvernement central s’exerçait véritablement).
-faiblesse des communications ;
-poids des particularismes locaux.
Pour le coup, l’archipel fut divisé en provinces et en comtés administrés par des fonctionnaires. Ces administrateurs locaux, préférant vivre à la cour, prirent rapidement l’habitude de déléguer leurs pouvoirs à des subordonnés souvent ambitieux. Dès lors, il se révéla impossible pour le gouvernement central de contrôler les provinces.
Une réforme de la terre liée à la fiscalité, elle aussi inspirée par le modèle chinois, fut un échec cuisant. En Chine, la terre était théoriquement « nationalisée » et répartie de manière égale entre les paysans. Les paysans payaient le même montant d’impôt (en nature, corvée ou service militaire). La Chine, malgré une tradition de centralisation avait déjà du mal pour assurer le bon fonctionnement de ce système. Au Japon, le système connut très peu d’application (autour de la capitale et dans les quelques provinces où le pouvoir du gouvernement central s’exerçait véritablement).
Autre caractéristique de cette influence de la Chine sur le Japon et de cette époque 6e au 8e siècle de notre ère:
Développement des villes.
Là aussi, nous avons une influence très nette de la Chine sur le Japon. En effet, le Japon primitif n’avait pas connu les villes/les cités et encore moins des formes de constructions durables. Les Japonais, inspirés par le modèle de la ville de Tch’ang-ngan (capitale des T’ang et actuelle Hsian, à l’époque Tch’ang-ngan comptait plus d’un million d’habitants), cherchèrent à édifier une capitale digne de ce nom.
Tch’ang-ngan n’était pas ce genre de ville à la croissance non maîtrisée et aléatoire. Elle était construite selon un plan rectangulaire (8 km de large pour 10 km de long). La ville était protégée par de puissantes murailles. Le nord de la ville était occupé par un palais dont le luxe était la première caractéristique. De larges artères se recoupaient à angle droit selon un plan en damier. Tel était le modèle de Tch’ang-ngan qui allait donc inspirer les Japonais.
En 710, les Japonais tentent de transposer à Nara les principes urbanistiques de Tch’ang-ngan. Pour Nara, les dimensions sont plus modestes : 5 km de large pour 7 km de long. Aucune muraille n’est prévue et une partie de la ville ne sera jamais achevée car pas assez d’habitants. Cependant, de larges artères sont construites pour faciliter la circulation et de majestueux temples bouddhiques, des palais et de merveilleuses résidences complètent le paysage de Nara.
Certains temples de cette époque existent encore aujourd’hui, ils figurent parmi les plus anciens édifices de bois que l’on connaisse. Nara est donc un conservatoire des formes architecturales de l’ère des T’ang : comme avec le Horyuji, un temple du 7e siècle.
Vers la fin du 8e siècle la cours part pour Heian (actuelle Kyoto). Les dimensions de cette cité sont de 5.5 km de large pour 4.5 de long et elle aussi demeura non achevée. Aujourd’hui, si vous visitez Kyoto, le dessin géométrique des rues rappelle assez bien le plan des villes chinoises médiévales.
Tch’ang-ngan n’était pas ce genre de ville à la croissance non maîtrisée et aléatoire. Elle était construite selon un plan rectangulaire (8 km de large pour 10 km de long). La ville était protégée par de puissantes murailles. Le nord de la ville était occupé par un palais dont le luxe était la première caractéristique. De larges artères se recoupaient à angle droit selon un plan en damier. Tel était le modèle de Tch’ang-ngan qui allait donc inspirer les Japonais.
En 710, les Japonais tentent de transposer à Nara les principes urbanistiques de Tch’ang-ngan. Pour Nara, les dimensions sont plus modestes : 5 km de large pour 7 km de long. Aucune muraille n’est prévue et une partie de la ville ne sera jamais achevée car pas assez d’habitants. Cependant, de larges artères sont construites pour faciliter la circulation et de majestueux temples bouddhiques, des palais et de merveilleuses résidences complètent le paysage de Nara.
Certains temples de cette époque existent encore aujourd’hui, ils figurent parmi les plus anciens édifices de bois que l’on connaisse. Nara est donc un conservatoire des formes architecturales de l’ère des T’ang : comme avec le Horyuji, un temple du 7e siècle.
Vers la fin du 8e siècle la cours part pour Heian (actuelle Kyoto). Les dimensions de cette cité sont de 5.5 km de large pour 4.5 de long et elle aussi demeura non achevée. Aujourd’hui, si vous visitez Kyoto, le dessin géométrique des rues rappelle assez bien le plan des villes chinoises médiévales.
Horyuji
Ce temple a été fondé en 607 par le prince Shotoku, grand protecteur du bouddhisme. Il comprend environ 50 bâtiments dont certains sont les plus anciens bâtiments en bois du monde. Les principaux points d'intérêt du Horyuji sont le Nandaimon (la Grande porte du sud), le Kondo (le bâtiment principal), le Shoryoin (le pavillon de l'Esprit sacré), la pagode à cinq étages, le Daikodo (le pavillon lecture) et le Yumenodo (le pavillon des rêves).
Porte principale:
Yumenodo:
Pagode:
- Spoiler:
Plan de l'ensemble:
Vers une autonomie culturelle du Japon.
Comme nous l’avons vu, du 6e au 9e siècle, le Japon s’est mis à l’école de la Chine. C’est pendant le 9e siècle que cette attitude change peu à peu. Le Japon va conserver un attrait puissant pour tout ce qui vient de la Chine, cependant, les Japonais sont de moins en moins convaincus de la supériorité culturelle de leur puissant voisin.
L’une des raisons de ce phénomène, est le changement de capitale japonaise. En effet, en 794, le centre politique est transféré de Nara à Heian (Kyoto). Dans un premier temps, le prestige de la Chine demeure. Mais dès les premières années du 10e siècle, on voit apparaître un esprit nouveau, qui caractérise toute l’ère Heian (9e siècle – début 12e siècle). Les Japonais ne vont plus imiter le style chinois, ils vont maintenant chercher à assimiler en profondeur le savoir-faire continental tout en l’adaptant aux réalités de l’archipel et selon les goûts de leur civilisation.
Une autre raison pouvant expliquer ce phénomène est la décadence de la dynastie chinoise des T’ang.
Autre raison : après trois siècle d’assimilation des valeurs chinoises, il s’est développé au Japon une société brillante, cultivée (qui se situe autour de la capitale).
Peu à peu, les Japonais s’éveillent à une vie culturelle autonome, très différente de la société indigène primitive et de la dynastie des T’ang.
Il y a d’ailleurs une rupture diplomatique entre le Japon et la Chine, à partir de 838, il n’y a plus d’ambassade entre les deux empires. Si des individus isolés font encore le voyage entre les deux pays, on constate un replie sur soi du Japon.
L’une des raisons de ce phénomène, est le changement de capitale japonaise. En effet, en 794, le centre politique est transféré de Nara à Heian (Kyoto). Dans un premier temps, le prestige de la Chine demeure. Mais dès les premières années du 10e siècle, on voit apparaître un esprit nouveau, qui caractérise toute l’ère Heian (9e siècle – début 12e siècle). Les Japonais ne vont plus imiter le style chinois, ils vont maintenant chercher à assimiler en profondeur le savoir-faire continental tout en l’adaptant aux réalités de l’archipel et selon les goûts de leur civilisation.
Une autre raison pouvant expliquer ce phénomène est la décadence de la dynastie chinoise des T’ang.
Autre raison : après trois siècle d’assimilation des valeurs chinoises, il s’est développé au Japon une société brillante, cultivée (qui se situe autour de la capitale).
Peu à peu, les Japonais s’éveillent à une vie culturelle autonome, très différente de la société indigène primitive et de la dynastie des T’ang.
Il y a d’ailleurs une rupture diplomatique entre le Japon et la Chine, à partir de 838, il n’y a plus d’ambassade entre les deux empires. Si des individus isolés font encore le voyage entre les deux pays, on constate un replie sur soi du Japon.
Un premier signe d’émancipation culturelle : vers l’autonomie linguistique.
Je vais être bref sur cette idée d’autonomie linguistique car pour être franc, c’est complexe et quelque part, assez barbant (même si très intéressant quand même).
Les Japonais utilisaient les caractères chinois de manière simplifiée, sous la forme de symboles phonétiques sans grande signification. Mais peu à peu, on constate l’adoption d’un système d’écriture mieux adapté à la langue japonaise.
Les Japonais utilisaient les caractères chinois de manière simplifiée, sous la forme de symboles phonétiques sans grande signification. Mais peu à peu, on constate l’adoption d’un système d’écriture mieux adapté à la langue japonaise.
Le développement d’une littérature japonaise.
Le nouveau système linguistique va permettre le développement de toute une littérature.
Sous l’apogée de l’influence chinoise, les Japonais avaient pourtant pour habitude de rédiger des poèmes dans leur propre langue. Vers 760, un recueil rassemble 4516 poèmes sous le titre de Manyoshu ou Recueil des dix mille feuilles.
Avec le nouveau système linguistique, on assiste à un nouvel essor de la poésie japonaise. C’est surtout dans le domaine de la cour impériale, chez les gens cultivés (courtisans + dames de la cour) que l’on constate cet essor. En 905, l’empereur demande de regrouper les meilleurs poèmes dans le Kokinshu ou Recueil des poèmes anciens et modernes.
Ces fameux poèmes sont pour la plupart des tanka, c’est-à-dire des poèmes qui ne comportent que 31 syllabes. Ils décrivent un paysage ou une émotion, une impression ou un état d’âme.
Le tanka est toujours considéré au Japon comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire.
Le tanka est un poème construit en deux parties, la seconde venant conforter la première. Un tanka soucieux du respect des règles originelles doit ainsi marquer une légère pause entre les deux et ne traiter que d'un seul sujet à la fois. Il peut questionner mais ne donne aucune réponse. Le tanka est basé sur l'observation, non sur la réflexion. Il doit être un ressenti sincère et vécu, non imaginé.
La première partie du poème montre une image naturelle, tandis que la seconde peut éventuellement exprimer des sentiments humains ressentis, liés au sujet précédent, sans que cela soit une règle absolue. Au Japon, la règle interdit également d'utiliser des mots d'origine chinoise. La pratique du tanka était réservée à la cour impériale, et toute personne de rang inférieur surprise en train de pratiquer le tanka était condamnée à mort.
J’en profite pour vous donner quelques exemples de tanka japonais :
Sous l’apogée de l’influence chinoise, les Japonais avaient pourtant pour habitude de rédiger des poèmes dans leur propre langue. Vers 760, un recueil rassemble 4516 poèmes sous le titre de Manyoshu ou Recueil des dix mille feuilles.
Avec le nouveau système linguistique, on assiste à un nouvel essor de la poésie japonaise. C’est surtout dans le domaine de la cour impériale, chez les gens cultivés (courtisans + dames de la cour) que l’on constate cet essor. En 905, l’empereur demande de regrouper les meilleurs poèmes dans le Kokinshu ou Recueil des poèmes anciens et modernes.
Ces fameux poèmes sont pour la plupart des tanka, c’est-à-dire des poèmes qui ne comportent que 31 syllabes. Ils décrivent un paysage ou une émotion, une impression ou un état d’âme.
Le tanka est toujours considéré au Japon comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire.
Le tanka est un poème construit en deux parties, la seconde venant conforter la première. Un tanka soucieux du respect des règles originelles doit ainsi marquer une légère pause entre les deux et ne traiter que d'un seul sujet à la fois. Il peut questionner mais ne donne aucune réponse. Le tanka est basé sur l'observation, non sur la réflexion. Il doit être un ressenti sincère et vécu, non imaginé.
La première partie du poème montre une image naturelle, tandis que la seconde peut éventuellement exprimer des sentiments humains ressentis, liés au sujet précédent, sans que cela soit une règle absolue. Au Japon, la règle interdit également d'utiliser des mots d'origine chinoise. La pratique du tanka était réservée à la cour impériale, et toute personne de rang inférieur surprise en train de pratiquer le tanka était condamnée à mort.
J’en profite pour vous donner quelques exemples de tanka japonais :
Plume légère
Là détachée de l’oiseau
Posée sur le vent
À l’encre me rappelle
Que je ne crie point
Les arbres eux‑mêmes
Qui, pourtant ne demandent rien,
Ont frères et sœurs.
Quelle tristesse est la mienne
De n'être qu'un enfant unique
Là détachée de l’oiseau
Posée sur le vent
À l’encre me rappelle
Que je ne crie point
Les arbres eux‑mêmes
Qui, pourtant ne demandent rien,
Ont frères et sœurs.
Quelle tristesse est la mienne
De n'être qu'un enfant unique
Je vais maintenant revenir au développement de la littérature japonaise de cette époque. La révolution linguistique permet aussi le développement de genres bien différents de la poésie et des tanka. Durant le 10e siècle, les récits, les journaux de voyages et les essais vont se multiplier.
Cependant l’influence chinoise reste forme dans certains domaines d’écritures. Les lettrés japonais refusaient d’écrire dans leur langue maternelle (tout comme les lettrés européens pendant le Moyen Âge qui écrivaient en latin). Les lettrés japonais vont continuer de rédiger en chinois. Ainsi, les ouvrages historiques, les essais et les documents officiels sont donc encore rédigés en chinois.
Les dames de la cour impériale, moins cultivées, ne maîtrisent pas le chinois, quand elles écrivent, elles le font dans leur langue maternelle : le japonais.
Chose amusante, si les lettrés écrivent en chinois, leur maîtrise de cette langue est très aléatoire. Les lettrés écrivent un mauvais chinois mais ils sont considérés comme plus cultivés que les dames qui ne connaissent pas le chinois mais qui rédigent dans un japonais parfait. On peut donc voir les dames de la cour impériale comme les bases d’une littérature purement japonaise.
Fin du 10e siècle et début du 11e siècle furent un âge d’or pour la poésie japonaise. Une fois encore, se sont surtout aux dames de la cour impériale, que l’on doit cette réalité. Cependant, les poèmes étaient intégrés dans des journaux intimes dans lesquels on trouvait également des récits de voyage. Cependant, ces journaux nous racontent surtout le faste des cérémonies de la cour impériale et le libertinage galant des mœurs aristocratiques.
Le roman semble également s’épanouir. L’un des plus grand succès de l’époque est Le Roman de Genki, écrit par une dame d’honneur nommée Murasaki. L’histoire qui date du début du 11e siècle, raconte les aventures amoureuses et états d’âme d’un prince imaginaire.
L’émancipation culturelle se constate aussi dans la peinture, la sculpture et l’architecture. Le domaine des arts n’est pas le seul touché par cette émancipation, dans le domaine de la politique et dans les conceptions sociales, des changements radieux s’opèrent, perdant ainsi toute ressemblance avec les modèles chinois.
Cependant l’influence chinoise reste forme dans certains domaines d’écritures. Les lettrés japonais refusaient d’écrire dans leur langue maternelle (tout comme les lettrés européens pendant le Moyen Âge qui écrivaient en latin). Les lettrés japonais vont continuer de rédiger en chinois. Ainsi, les ouvrages historiques, les essais et les documents officiels sont donc encore rédigés en chinois.
Les dames de la cour impériale, moins cultivées, ne maîtrisent pas le chinois, quand elles écrivent, elles le font dans leur langue maternelle : le japonais.
Chose amusante, si les lettrés écrivent en chinois, leur maîtrise de cette langue est très aléatoire. Les lettrés écrivent un mauvais chinois mais ils sont considérés comme plus cultivés que les dames qui ne connaissent pas le chinois mais qui rédigent dans un japonais parfait. On peut donc voir les dames de la cour impériale comme les bases d’une littérature purement japonaise.
Fin du 10e siècle et début du 11e siècle furent un âge d’or pour la poésie japonaise. Une fois encore, se sont surtout aux dames de la cour impériale, que l’on doit cette réalité. Cependant, les poèmes étaient intégrés dans des journaux intimes dans lesquels on trouvait également des récits de voyage. Cependant, ces journaux nous racontent surtout le faste des cérémonies de la cour impériale et le libertinage galant des mœurs aristocratiques.
Le roman semble également s’épanouir. L’un des plus grand succès de l’époque est Le Roman de Genki, écrit par une dame d’honneur nommée Murasaki. L’histoire qui date du début du 11e siècle, raconte les aventures amoureuses et états d’âme d’un prince imaginaire.
L’émancipation culturelle se constate aussi dans la peinture, la sculpture et l’architecture. Le domaine des arts n’est pas le seul touché par cette émancipation, dans le domaine de la politique et dans les conceptions sociales, des changements radieux s’opèrent, perdant ainsi toute ressemblance avec les modèles chinois.
L’administration impériale japonaise.
Dans le domaine administratif, on va constater des différences particulièrement notables entre le Japon et la Chine.
En Chine, le personnage clé de la vie politique est le bureaucrate lettré, habile à manipuler les rouages de l’administration et sillonnant dans les provinces pour récupérer l’impôt et assurer l’ordre.
En Chine, l’administration centrale repose sur des milliers de fonctionnaires qui sont recrutés par concours (portant essentiellement sur des matières littéraires). Les meilleurs candidats se retrouvaient aux meilleurs postes, sans distinction d’origine sociale.
Au Japon, l’idée même d’un recrutement par concours est juste impossible. En effet, au Japon vont primer la loyauté familiale ainsi que l’hérédité du statut social. Il est possible, malgré tout, qu’une université exista ainsi qu’un système de concours, cependant, sans appuis solides, le candidat ne pouvait guère espérer l’accès à des postes de responsabilité.
La lutte contre l’exemption d’impôts des paysans et des familles nobles n’est guère efficace. L’aristocratie locale (celle des provinces) s’entendait avec les princes de la cour impériale pour se partager le domaine impérial.
Le système de redistribution des terres n’avait jamais véritablement fonctionné au Japon. Des notables locaux s’emparent de terres exonérées d’impôts, les aristocrates de la cours impériales font de même et deviennent maître de vastes domaines.
Cependant, les princes de la cour ou encore les grands monastères, confient la gestion de leurs domaines à la noblesse locale qui cherche par tous les moyens possible à échapper à l’impôt.
Ainsi donc s’établit comme en Europe un système de tenure :
-les paysans versent une partie de leur récolte aux aristocrates locaux contre le droit de cultiver la terre ;
-les aristocrates locaux versent à leur tour une partie de ces récoltes aux princes de la cour impériale en échange de leur protection.
Le domaine impérial disparaît peu à peu et les rentrées fiscales aussi. Les services administratifs, déjà mal implantés, connaissent le même sort. Il demeure juste une forme d’administration impériale de façade, mais celle-ci est sans pouvoir, sans rôle, sans moyens financiers et humains. La centralisation au Japon disparaît.
Chaque domaine, libéré des interventions de cette ancienne administration, s’érige en une unité politique et économique indépendante.
La famille impériale conserve le prestige, à la fois religieux mais aussi à cause de son rôle politique passé. Cependant, elle se distingue de moins en moins des autres familles princières. Elle conserve le pouvoir sur ses propres terres et parvient encore à glaner des ressources grâce au système fiscal des tenures.
En Chine, le personnage clé de la vie politique est le bureaucrate lettré, habile à manipuler les rouages de l’administration et sillonnant dans les provinces pour récupérer l’impôt et assurer l’ordre.
En Chine, l’administration centrale repose sur des milliers de fonctionnaires qui sont recrutés par concours (portant essentiellement sur des matières littéraires). Les meilleurs candidats se retrouvaient aux meilleurs postes, sans distinction d’origine sociale.
Au Japon, l’idée même d’un recrutement par concours est juste impossible. En effet, au Japon vont primer la loyauté familiale ainsi que l’hérédité du statut social. Il est possible, malgré tout, qu’une université exista ainsi qu’un système de concours, cependant, sans appuis solides, le candidat ne pouvait guère espérer l’accès à des postes de responsabilité.
La lutte contre l’exemption d’impôts des paysans et des familles nobles n’est guère efficace. L’aristocratie locale (celle des provinces) s’entendait avec les princes de la cour impériale pour se partager le domaine impérial.
Le système de redistribution des terres n’avait jamais véritablement fonctionné au Japon. Des notables locaux s’emparent de terres exonérées d’impôts, les aristocrates de la cours impériales font de même et deviennent maître de vastes domaines.
Cependant, les princes de la cour ou encore les grands monastères, confient la gestion de leurs domaines à la noblesse locale qui cherche par tous les moyens possible à échapper à l’impôt.
Ainsi donc s’établit comme en Europe un système de tenure :
-les paysans versent une partie de leur récolte aux aristocrates locaux contre le droit de cultiver la terre ;
-les aristocrates locaux versent à leur tour une partie de ces récoltes aux princes de la cour impériale en échange de leur protection.
Le domaine impérial disparaît peu à peu et les rentrées fiscales aussi. Les services administratifs, déjà mal implantés, connaissent le même sort. Il demeure juste une forme d’administration impériale de façade, mais celle-ci est sans pouvoir, sans rôle, sans moyens financiers et humains. La centralisation au Japon disparaît.
Chaque domaine, libéré des interventions de cette ancienne administration, s’érige en une unité politique et économique indépendante.
La famille impériale conserve le prestige, à la fois religieux mais aussi à cause de son rôle politique passé. Cependant, elle se distingue de moins en moins des autres familles princières. Elle conserve le pouvoir sur ses propres terres et parvient encore à glaner des ressources grâce au système fiscal des tenures.
L’ascension des Fujiwara.
Les Fujiwara sont une famille. Celle-ci dispose d’un contrôle sur de vastes domaines, plus ou moins dispersés dans l’ensemble du Japon. Cette famille récoltait d’importants revenus de leurs domaines, à tel point qu’elle gagnait plus que la famille impériale.
Cette famille mena une politique à long terme pour s’emparer du pouvoir en usant notamment d’une habile politique matrimoniale qui permit de s’infiltrer au cœur même de la famille impériale.
L’idée est simple : marier une de leurs filles avec le nouveau jeune empereur. L’empereur qui a deux charges : souverain et chef religieux, se laisse facilement convaincre d’abdiquer quand un fils a l’âge de gouverner à son tour (du moins, présider au cérémonial de la cour plus que gouverner). Bien sur, la famille tout autour du jeune empereur, en grande partie des Fujiwara, manipule les ficelles du pouvoir.
Grâce à cette tactique, dès le milieu du 9e siècle, les Fujiwara exercent une influence considérable sur le Japon. Bien sur, en cas de minorité de l’empereur, le régent est un Fujiwara. Et quand l’empereur devient adulte, le régent prend le titre de « régent de la majorité ».
Pendant les 9e et 10e, le poste de le régent, celui de grand chancelier et les charges gouvernementales en général, sont attribués de manière héréditaire aux Fujiwara.
De plus, les Fujiwara vont aussi être la tête de la mode et du bon goût.
C’est à la fin du 11e siècle qu’un empereur parvient à reprendre le contrôle de la cour impériale. Cependant, et malgré d’autres empereurs agissant de même, l’emprise des Fujiwara sur la cour demeure pourtant.
Cette famille mena une politique à long terme pour s’emparer du pouvoir en usant notamment d’une habile politique matrimoniale qui permit de s’infiltrer au cœur même de la famille impériale.
L’idée est simple : marier une de leurs filles avec le nouveau jeune empereur. L’empereur qui a deux charges : souverain et chef religieux, se laisse facilement convaincre d’abdiquer quand un fils a l’âge de gouverner à son tour (du moins, présider au cérémonial de la cour plus que gouverner). Bien sur, la famille tout autour du jeune empereur, en grande partie des Fujiwara, manipule les ficelles du pouvoir.
Grâce à cette tactique, dès le milieu du 9e siècle, les Fujiwara exercent une influence considérable sur le Japon. Bien sur, en cas de minorité de l’empereur, le régent est un Fujiwara. Et quand l’empereur devient adulte, le régent prend le titre de « régent de la majorité ».
Pendant les 9e et 10e, le poste de le régent, celui de grand chancelier et les charges gouvernementales en général, sont attribués de manière héréditaire aux Fujiwara.
De plus, les Fujiwara vont aussi être la tête de la mode et du bon goût.
C’est à la fin du 11e siècle qu’un empereur parvient à reprendre le contrôle de la cour impériale. Cependant, et malgré d’autres empereurs agissant de même, l’emprise des Fujiwara sur la cour demeure pourtant.