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8 résultats trouvés pour Philosophie

[Philosophie] Argument d'autorité / Appel à l'autorité [GON] - Ven 18 Nov 2022 - 22:20











J'avais déjà teasé l'article sur les arguments d'autorités sur le sujet de "La maladie du Nobel"
J'en ai aussi parlé sur l'Effet Dunning-Kruger et l'Ultracrepidarianisme

On voit souvent sur les réseaux sociaux des professeurs ou docteurs qui disent "je suis médecin/professeur donc je sais que..." même si le sujet n'est pas lié à leur domaine d'expertise.
J'avoue que c'est toujours un peu perturbant parce que j'avais tendance à faire confiance aux gens qui semblaient "sachoir" mais depuis quelques années je suis beaucoup plus critique...
Bon bref, on s'en fiche de ce que je pense, voici la partie wikipedia !

L’argument d'autorité consiste à invoquer une autorité lors d'une argumentation, en accordant de la valeur à un propos en fonction de son origine plutôt que de son contenu.
Ce moyen rhétorique diffère de l'emploi de la raison ou de la violence.

L'argument d'autorité est parfois également désigné par trois formules latines :

  • argumentum ad verecundiam : « argument de respect »

  • argumentum ad potentiam : « argument de pouvoir »

  • Ipse dixit : « Lui-même l'a dit », « lui » désignant l'autorité citée



C'est le stratagème XXX1 (30e) de la classification de Schopenhauer dans La Dialectique éristique.

La construction de cet argument est déterminée socialement par la position du locuteur et les catégories de perception associées à la position du récepteur.
Le locuteur peut ainsi exercer un effet d'imposition, argument d'autorité utilisé de manière hyperbolique, propre à décourager toute critique.





# Perspective historique


Depuis le XIIe siècle jusqu'au début de la Renaissance, l'Europe redécouvre les travaux produits au cours de l'Antiquité par les Grecs et les Latins, en grande partie via les traductions arabes, et les connaissances apportées par les grands noms de l'Antiquité représentent alors l'autorité.
Un lien entre un raisonnement ou une affirmation et le discours d'un personnage antique a alors valeur de preuve de sa validité.
Les connaissances accumulées ensuite par les sociétés européennes au cours des temps modernes sont perçues comme tendant à égaler celles de l'Antiquité, puis à les dépasser, ce qui conduit à de nombreux débats où les autorités antiques sont remises en cause.
Par exemple, les ouvrages de médecine de Galien enseignent que l'utérus des femmes est bifide, Galien ayant pratiqué des études anatomiques sur la hase, la femelle du lièvre, dont l'utérus est bifide, et ayant transposé ses résultats à la femme.
Les autopsies pratiquées parfois illégalement, notamment par André Vésale et Ambroise Paré, montrent les erreurs de Galien et conduisent à une remise en cause lente et difficile des méthodes d'enseignement des médecins et chirurgiens, ainsi que des pratiques médicales.
D'autres découvertes participent par leur retentissement à la remise en cause du savoir découlant d'une autorité antique reconnue, par exemple par les travaux en astronomie de Copernic, Galilée et Kepler qui invalident les cosmologies d'Aristote et Ptolémée.

Cette évolution tend à réduire la valeur d'un appel à une autorité reconnue.
Dans le domaine de la rhétorique, Thomas d'Aquin écrit dans la Somme théologique : « Car si l'autorité qui repose sur la raison humaine est un faible moyen de démonstration, il n'en est pas au contraire de plus solide que l'autorité qui repose sur la révélation divine ».
Il précise la distribution des tâches entre science et foi dans un autre passage : « En matière de foi et de mœurs, il faut croire saint Augustin plus que les philosophes, s'ils sont en désaccord ; mais si nous parlons médecine, je m'en remets à Galien et à Hippocrate, et s'il s'agit de la nature des choses, c'est à Aristote que je m'adresse ou à quelque autre expert en la matière. »
On peut y déceler ou non un argument d'autorité selon que ces avis sont acceptés comme définitifs ou simplement en première instance, ce que Thomas ne précise pas.
On ne le verra toutefois pas les remettre lui-même en question, bien que ce soit le cas pour les questions théologiques où il se plaît à opposer des arguments d'apparence contraire, toute la Somme étant ainsi construite.

Il critique d'ailleurs le recours exclusif à l'argument d'autorité : « Si nous résolvons les problèmes de la foi par seule voie d'autorité, nous posséderons certes la vérité mais dans une tête vide ! »
Montaigne, qui opposera plus tard « tête bien pleine » et « tête bien faite », n'est pas loin.

Dans la démarche scientifique, l'appel à une autorité reconnue perd de son usage, au profit d'un modèle s'inspirant de la doctrine socratique et platonicienne, et reposant sur une remise en cause de ce qui est considéré usuellement comme connu, l'observation du milieu matériel qui conduit à l'élaboration d'hypothèses de départ servant de base à un raisonnement logique et à la création d'un modèle théorique homogène permettant des prédictions réfutables par l'expérimentation, l'amélioration d'une construction théorique par le débat et son acceptation par l'obtention du consensus de la communauté scientifique.
La progression de ce rationalisme matérialiste s'accompagne d'un changement des mentalités et des moyens de communication, notamment par l'usage de l'imprimerie et l'abandon du latin au profit des langues vernaculaires.
Ce processus conserve l'usage de sources d'information (articles publiés par des experts reconnus, ouvrages majeurs dans le domaine, etc), mais ne les considère pas comme une vérité du simple fait de leur autorité.

De premiers réexamens d'Aristote sont effectués par Roger Bacon (1214-1294), ainsi que par Albert le Grand (mort en 1280).
Thomas d'Aquin maintient cependant sa confiance dans les résultats du philosophe naturaliste. Plus tard, Galilée (1564-1642) démontrera une erreur manifeste d'Aristote, celle selon laquelle les objets plus lourds tombent plus vite, et s'attirera de ce fait quelques solides inimitiés dans l'Université, qui s'en réclame.

Le Siècle des Lumières et l'époque contemporaine s'accompagnent de réalisations scientifiques et techniques qui reposent sur l'avènement de cette méthode de raisonnement par rapport au recours à l'argument d'autorité.
Ce dernier tend à être perçu comme la preuve d'un manque d'arguments rationnels.
Il garde une importance dans les domaines littéraires qui accordent une valeur prépondérante à l'auteur et sa réputation. Les progrès scientifiques aux XIXe et XXe siècles conduisent néanmoins les différentes branches littéraires à tenter de s'inspirer des méthodes scientifiques, de ses modèles de raisonnement et de son vocabulaire, par exemple en entamant une mue conduisant à la notion de Sciences Humaines.

Il faut évidemment se garder de confondre la simple illustration d'un argument par la citation d'un travail antérieur d'autrui avec un quelconque argument d'autorité.

Enfin, l'inférence bayésienne qui se généralise dans le dernier quart du XXe siècle posera comme nécessaire de toujours partir de considérations a priori, même vagues, afin de les affiner, voire de les contredire de façon rationnelle par des observations successives et cumulées.





# Usage contemporain

L'argument d'autorité reste couramment utilisé comme outil rhétorique, par exemple par le recours à l'avis d'experts dans les médias.
Il évite de reprendre des argumentations parfois trop complexes et développées par ailleurs.
Il constitue ainsi un raccourci qui, sans être fallacieux, ne peut pas se substituer à l'argumentation elle-même.

Utilisation littéraire


Son usage conserve dans certains domaines littéraires une valeur fondamentale non péjorative, par exemple sous la forme de références indiquées en fin de publication.

Valeur argumentative


L'argument d'autorité est recevable lorsqu'il est convenu que la personne évoquée fait autorité dans le domaine abordé.
Sa valeur probante peut être faible : elle suppose que le propos étayé par l'argument d'autorité ait été énoncé dans le même contexte et que l'autorité n'ait pas pu faire d'erreur.
L'identification d'un argument comme étant un argument d'autorité peut ainsi conduire à discréditer et invalider une argumentation.

Lorsque la personne évoquée ne fait pas autorité, que le propos est sorti de son contexte, déformé, ou lorsqu'il a été reconnu que l'autorité évoquée avait fait erreur, l'argument n'est plus recevable et est susceptible de constituer un sophisme.


« L'argument d’autorité prend appui sur une prémisse, la compétence présumée d’un auteur cité, pour conclure à la véracité / crédibilité de l’énoncé attribué à cet auteur.
La transition entre prémisse et conclusion mobilise ce que Ducrot (1984) et les linguistes de l’énonciation appellent un topos de la personne, à savoir un schème discursif (fondé sur un lieu commun) qui justifie la vraisemblance d’un enchaînement argumentatif et relie l’autorité d’une personne (citée ou référée) à son énonciation.
Outre ce transfert d’autorité, de la personne à la parole citée, s’observe une autre modalité de transfert d’autorité allant de l’énoncé-source à un énoncé-reprise.
Il y a ainsi une appropriation par un locuteur citant de l’autorité imputée à la parole d’une personne citée : la crédibilité se propage en fin de compte par un effet de « contagion », de l’énoncé à l’énonciation, du « dire » à l’acte de « dire » »






# Exemples


  • « Selon l’État français lui-même, Paris est la capitale de la France » : La figure d'autorité est l’État français.

  • « La communauté scientifique confirme l'origine anthropique du changement climatique » : La figure d'autorité est la communauté scientifique.

  • « L'armement nucléaire est une nuisance, le prix Nobel Georges Charpak l'a affirmé haut et fort » : le prix Nobel de Georges Charpak confirme son autorité en physique, mais pas en politique ou en affaires militaires.

  • « Il n'est pas concevable que l'Univers soit en expansion, c'est Albert Einstein qui l'a affirmé. » : Albert Einstein fait figure d'autorité en cosmologie, mais il a révisé sa position au sujet de l'expansion de l'univers.

  • « D'après une étude de l'AESA publiée en 2014, 97 % de nos aliments contiennent des pesticides » : l'étude de l'AESA peut faire autorité, mais l'affirmation a été tronquée et décontextualisée.

  • En 1891, l'abbé Boixière illustre l'usage de l'argument d'autorité dans un sophisme : « La distinction entre le principe vital des plantes et les forces physiques et chimiques de la matière est admise par les plus célèbres physiologistes et par les plus savants naturalistes de nos jours. Leurs noms seuls sont des autorités contre lesquelles il est toujours dangereux de vouloir se mesurer. Citons seulement Stahl, Bichat, Cuvier, Berzelius, Jussieu, Bérard, Bordeu, Milne Edwards, Barthez, Strauss-Durcheim, Cerise, de Quatrefages, Müller, Liebig, Burdach, Giebel, Hettinger, Trécul, Martini, Thomasi, Santi, etc. Le témoignage de pareils hommes, dont personne ne peut récuser la compétence, suffirait à lui seul pour démontrer notre thèse aux yeux de quiconque attribue quelque force à l'argument d'autorité. », Histoire et examen de l'empirisme philosophique, par l'abbé Ad. Boixière, R. Prud'homme (Saint-Brieuc), 1891, p. 358 lire en ligne [archive] sur Gallica.








# La blouse blanche

J'avais lu y'a quelques temps que les effets contextuels (placebo) étaient plus efficace lorsque la personne qui donnaient les médicaments ou la prescription avait une blouse blanche... ou on faisait plus confiance si la personne portait une blouse ... peut-être pour ça que le professeur Raoult se film toujours avec sa blouse... mais ça se voit aussi dans l'Expérience de Milgram.
Y'a aussi beaucoup de blouse blanche dans les pub parlant de trucs pseudo scientifique aussi ...

J'ai lu aussi que pour l'acupuncture c'était plus efficace lorsque l'acupuncteur était une personne âgée asiatique (mais là je sais pas si c'est qu'un appel à l'autorité ou s'il n'y a pas aussi un appel à la tradition)...

Bon y'a aussi l'inverse Smile la bouse blanche peu stresser et donc apporter des effets nocebo ça s'appelle l'Effet "blouse blanche"

C'est nul quand j'écris moi même des blocs ... désolée ...







# Expérience de Milgram

Je vais juste reprendre un peu de la fiche wikipedia, j'ai envie d'en faire une fiche complète

L’expérience de Milgram est une expérience de psychologie publiée en 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram.
Cette expérience évalue le degré d'obéissance d'un habitant des États-Unis du tout début des années 1960 devant une autorité qu'il juge légitime et permet d'analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions posant des problèmes de conscience au sujet.

L'expérience a suscité de nombreux commentaires dans l’opinion publique, ainsi que dans le milieu de la psychologie et de la philosophie des sciences, et a inspiré de nombreuses œuvres de fiction ou de télévision.

Analyse de Milgram


En plus des nombreuses variantes expérimentales qui permettent de mettre en valeur des facteurs de la soumission, Stanley Milgram propose dans son livre paru en 1974 une analyse détaillée du phénomène.
Il se place dans un cadre évolutionniste et conjecture que l'obéissance est un comportement inhérent à la vie en société et que l'intégration d'un individu dans une hiérarchie implique que son propre fonctionnement en soit modifié : l'être humain passe alors du mode autonome au mode systématique où il devient l'agent de l'autorité.
À partir de ce modèle, il recherche les facteurs intervenant à chacun des trois stades :


  1. Les conditions préalables de l'obéissance : elles vont de la famille (l'éducation repose sur une autorité dans la famille) à l'idéologie dominante (la conviction que la cause est juste, c'est-à-dire ici la légitimité de l'expérimentation scientifique)

  2. L'état d'obéissance (ou état agentique) : les manifestations les plus importantes sont la syntonisation (réceptivité augmentée face à l'autorité et diminuée pour toute manifestation extérieure) et la perte du sens de la responsabilité. Il constate aussi une redéfinition de la situation en ce sens que l'individu soumis « est enclin à accepter les définitions de l'action fournies par l'autorité légitime »

  3. Les causes maintenant en obéissance : le phénomène le plus intéressant parmi ceux relevés est l'anxiété, qui joue le rôle de soupape de sécurité ; elle permet à l'individu de se prouver à lui-même par des manifestations émotionnelles qu'il est en désaccord avec l'ordre exécuté.



A contrario, Stanley Milgram s'oppose fortement aux interprétations qui voudraient expliquer les résultats expérimentaux par l'agressivité interne des sujets.
Une variante met d'ailleurs en évidence cela, où le sujet était libre de définir le niveau d'intensité.
Ici, seule une personne sur les quarante a utilisé le niveau maximal.

Il propose également une série d'arguments factuels pour réfuter les trois critiques qui lui sont le plus souvent adressées : la non-représentativité de ses sujets, leur conviction en ce protocole expérimental et l'impossibilité de généraliser l'expérience à des situations réelles.

Rôle de l’obéissance dans la société


L'obéissance à une autorité et l'intégration de l'individu au sein d'une hiérarchie est l'un des fondements de toute société.
Une société a des règles, et par voie de conséquence il existe une autorité, qui permet aux individus de vivre ensemble et empêche que leurs besoins et désirs entrent en conflit et mettent à mal la structure de la société.
Ayant posé cela, Stanley Milgram ne considère pas l'obéissance comme un mal.
Pour résumer sa pensée, ce qui est dangereux, c'est l'obéissance aveugle.

Un moteur de l'obéissance est selon lui le conformisme.
Lorsque l'individu obéit à une autorité, il est conscient de réaliser les désirs de cette autorité.
Avec le conformisme, l'individu est persuadé que ses motivations lui sont propres et qu'il n'imite pas le comportement du groupe.
Ce mimétisme est une façon pour l'individu de ne pas se démarquer du groupe.
Le conformisme a été mis en évidence par le psychosociologue Solomon Asch dans son expérience réalisée dans les années 1950.
Les variantes de l'expérience de Milgram avec plusieurs pairs « désobéissants » ont montré que le sujet se range alors le plus souvent du côté du groupe et n'obéit plus lui non plus.
Ainsi, si l'obéissance d'un groupe veut être assurée, il faut faire en sorte que la majorité de ses membres adhère aux buts de l'autorité.









Waha

[Philosophie] Le bateau de Thésée [GON] - Mer 16 Nov 2022 - 16:14










J'avais entendu parlé de cette expérience de pensée il y a longtemps ensuite j'ai vu une vidéo de Monsieur Phi la dessus et je m'étais dis que ça serait intéressant d'en parler ici... bon entre temps j'ai eu d'autres trucs à poster donc bon ça à pris du temps ...

Toujours un article de wikipedia...
Le bateau de Thésée est une expérience de pensée philosophique concernant la notion d'identité.
Elle imagine un bateau dont toutes les parties sont remplacées progressivement.
Au bout d'un certain temps, le bateau ne contient plus aucune de ses parties d'origine.
La question est alors de savoir s'il s'agit du même bateau ou d'un bateau différent.

Le bateau de Thésée est une illustration d'un problème philosophique plus général : un objet dont tous les composants sont remplacés par d'autres reste-t-il le même objet ?
D'autres illustrations en existent, comme celle du « couteau de saint Hubert » appelé aussi « couteau de Jeannot ».

L'expérience du bateau de Thésée est utilisée depuis l'Antiquité et a été reprise par de nombreux philosophes à l'époque moderne.
Elle tire son nom du héros grec Thésée : selon la légende, son bateau aurait été réparé un grand nombre de fois, au point de ne plus avoir une seule pièce d'origine.





# La légende

La légende du bateau de Thésée est évoquée par Plutarque dans Vies des hommes illustres.
Thésée serait parti d'Athènes combattre le Minotaure.
À son retour, vainqueur, son bateau aurait été préservé par les Athéniens : ils retiraient les planches usées et les remplaçaient — de sorte que le bateau resplendissait encore des siècles plus tard — jusqu'au point où il ne restait plus aucune planche d'origine.
Deux points de vue s'opposèrent alors : les uns disaient que ce bateau était le même, les autres que l'entretien en avait fait un tout autre bateau.


– Plutarque, Vies des hommes illustres
« Le navire à trente rames sur lequel Thésée s’était embarqué avec les jeunes enfants, et qui le ramena heureusement à Athènes, fut conservé par les Athéniens jusqu’au temps de Démétrius de Phalère.
Ils en ôtaient les pièces de bois, à mesure qu’elles vieillissaient, et ils les remplaçaient par des pièces neuves, solidement enchâssées.
Aussi les philosophes, dans leurs disputes sur la nature des choses qui s’augmentent, citent-ils ce navire comme un exemple de doute, et soutiennent-ils, les uns qu’il reste le même, les autres qu’il ne reste pas le même. »







# Portée philosophique

Le problème est de savoir si le changement de matière implique un changement d'identité, ou si l'identité serait conservée par la forme, ou encore d'une autre façon.
Il y a une autre question, corollaire : si on avait gardé les planches du bateau et qu'avec, on en avait reconstruit un autre, lequel serait le vrai bateau ; cette hypothèse est formulée par Thomas Hobbes (De corpore).
Le bateau de Thésée n'aurait pu rester identique à lui-même que s'il était resté à quai, constamment entretenu, et dans ce cas, même si aucune pièce ne subsistait du bateau d'origine, c'est bien ce bateau-là qui aurait été le témoin de l'aventure de Thésée.







[Philosophie] Loi de Brandolini et Désinformation [GON] - Mer 20 Juil 2022 - 15:03











Encore et toujours un article sur le scepticisme, aujourd'hui ce sera sur .... la loi de Brandolini !
On y a eu pas mal droit ces derniers temps, notamment avec la covid19, les vaccins etc, etc.
Toujours repris de wikipedia

La loi de Brandolini ou principe d'asymétrie des baratins est un adage ou aphorisme énonçant que « la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure d'un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire ».
Ce principe critique la technique de propagande qui consiste à diffuser de l'infox en masse, afin d'exploiter la crédulité d'un certain public en faisant appel à son système de pensée rapide, instinctif et émotionnel.

Pour le dire simplement : s'il est facile de créer une fausse information, sur le fond et la forme, en quelques minutes, il faudra probablement plusieurs heures pour démonter chaque point et montrer ainsi la fausseté de l'ensemble.





# Historique


Le principe est formulé publiquement pour la première fois en janvier 2013 par le programmeur italien Alberto Brandolini, puis rendu célèbre, après la publication sur Twitter d'une photo montrant une diapositive d'une présentation effectuée par Brandolini lors de la conférence XP2014 organisée par l'Agile Alliance, le 30 mai 2014.

Dans ses Lettres sur l'infidélité, George Horne écrit en 1786 :


« La stupidité et l'ignorance peuvent poser une question en trois lignes, à laquelle trente pages de savoir et d'ingéniosité seront nécessaires pour répondre. Une fois cela fait, la même question sera triomphalement posée à nouveau l'année suivante, comme si rien n'avait jamais été écrit sur le sujet. (Pertness and ignorance may ask a question in three lines, which it will cost learning and ingenuity thirty pages to answer. When this is done, the same question shall be triumphantly asked again the next year, as if nothing had ever been written upon the subject.) »
— George Horne


Cette réflexion peut se rapprocher de l'aphorisme cité par Lénine dans sa Lettre aux Camarades, à la différence que l'aphorisme porte sur les questions d'un imbécile et non les idioties qu'il peut affirmer :


« Un imbécile peut poser à lui seul dix fois plus de questions que dix sages ensemble ne sauraient en résoudre. »
— Lénine



Une réflexion similaire avait été formulée par le passé, mais elle se concentrait davantage sur la vitesse de propagation que sur l'idiotie, alors que le propos de Brandolini s'intéresse à la difficulté de réfuter.

Cette loi expérimentale est à rapprocher de la citation de Benjamin Disraeli qui donne une estimation approchante :


« Les livres sont le fléau de l'humanité. Les neuf dixièmes des livres existants sont des inepties, et les livres intelligents ne sont que la réfutation de ces inepties. »
— Benjamin Disraeli






# Intérêt

Il ressort de cet adage que la désinformation a un avantage important sur la vérité, car rétablir la vérité est particulièrement coûteux.

Ce principe est l'une des raisons pour lesquelles il ne faut pas renverser la charge de la preuve.




# Applications

Le phénomène est amplifié par le développement des réseaux sociaux.
La démarche initiale est le « scoopisme » : « baratins et racontars, souvent alarmistes et complotistes, ont le vent en poupe, à la faveur des médias sociaux qui diffusent avec d'autant plus de célérité les informations que celles-ci paraissent choquantes, ou aller à contre-courant des conventions ».
Il touche notamment la communauté scientifique qui n'a pas les moyens de combattre tous « les mensonges et les inexactitudes » diffusées sur le web mais devrait selon le biologiste Phil Williamson, exploiter la puissance d'internet pour créer des systèmes de notation modérée s'appliquant à des sites Web qui prétendent apporter des informations scientifiques.

Cette technique de propagande s'apparente au « Gish gallop » (une expression de l'anthropologue américaine Eugenie Scott pour fustiger la rhétorique du créationniste Duane Gish), « une technique de débat qui consiste à noyer son adversaire sous un déluge d’arguments inconsistants ».

Elle s'apparente aussi au « millefeuille argumentatif »




# Désinformation

La désinformation est un ensemble de techniques de communication visant à tromper des personnes ou l'opinion publique pour protéger des intérêts (privés ou non) ou influencer l'opinion publique.
L'information fausse ou faussée est à la fois « délibérément promue et accidentellement partagée ».
Elle est parfois employée dans le cadre des relations publiques.
Le sens de ce mot, apparu au dernier quart du XXe siècle et proche des termes propagande, canular et rumeur, connaît des variations selon les auteurs.
Les anglophones parlent aussi de « hoax », terme que l'on retrouve aussi dans certaines sources francophones. L'agnotologie étudie la fabrique de la désinformation ou de l'ignorance.

Histoire


Les premières techniques de désinformation sont décrites dans L'Art de la guerre de Sun Tzu (IVe siècle av. J.-C.).
C'est au XXe siècle qu'elles seront systématisées à grande échelle, durant les guerres mondiales et la guerre froide notamment, avec la création de services spécialisés.

Dans le domaine de la presse, le principe de protection des sources d'information des journalistes permet théoriquement de décourager la désinformation, en facilitant le recoupement et la vérification des informations diffusées, par le questionnement d'autres sources d'information, dont l'identité est également vérifiée, mais pas divulguée.
Cette démarche prend cependant un certain temps.

La manipulation de l'opinion publique a fait l'objet de recherches dès le début du XXe siècle.
Le journaliste américain Walter Lippmann en parle dans son livre Public Opinion (1922), ainsi qu'Edward Bernays dans Propaganda (1928).
Alors que Lippmann emploie l'expression fabrication du consentement, Bernays emploie le terme de propagande.

Différentes formes de désinformation



Propagande
En temps de crise et surtout de guerre, les belligérants (étatiques ou non-étatiques) usent souvent de propagande pour servir leurs intérêts.
La création de fausses informations est relativement courante, l'un des exemples récents étant l'affaire des couveuses au Koweït où un faux témoignage devant une commission du Congrès des États-Unis organisé par une compagnie de relations publiques a contribué à ce que l'opinion publique internationale soutienne l'action des puissances occidentales.

« Faux »
L'utilisation de faux documents et/ou de faux témoignages, destinés à semer des doutes ou à accréditer une thèse, est l'une des méthodes de désinformation les plus répandues.

Au Moyen Âge, la fausse donation de Constantin a ainsi permis au pape Sylvestre Ier de se prévaloir de territoires et de privilèges sur la base d'un document apocryphe.
Pendant l'affaire Dreyfus, le colonel Henry falsifie des documents et en crée de toutes pièces, comme le fameux « faux Henry », pour accabler indûment Alfred Dreyfus.

Au début du XXe siècle, la propagande russe rédige puis publie les Protocoles des Sages de Sion pour prouver que les Juifs avaient mis au point un programme pour anéantir la chrétienté et dominer le monde.
Ce texte est utilisé pour la propagande antisémite du Troisième Reich et l'est encore par des intégristes musulmans.
Dans la mesure où on a remplacé par le mot « juifs » l'expression « milieux financiers » de l'ouvrage de Maurice Joly Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu (les Protocoles n'en conservent que les tirades de Machiavel), il s'agit même d'une double désinformation.

La grande époque de la désinformation moderne commence après-guerre avec les agents d'influence et les campagnes médiatiques de la guerre froide, comme l'affaire Victor Kravtchenko et celles des époux Rosenberg, certains officiers traitants allant même jusqu'à fournir les brouillons d'articles aux journalistes ou écrivains, compagnons de route des partis communistes.

L'argumentaire de lancement de la seconde guerre du Golfe mentionnait des « preuves » de l'existence d'armes de destruction massive en Irak qu'on n'y trouva jamais.

Plus récemment, c'est un fichier bancaire falsifié qui est au centre de l'affaire Clearstream 2, destinée à mettre en cause des personnalités politiques françaises.

Des sites se présentant comme des agences de presse, tel AWD News, présentent des articles mensongers reliés par les réseaux sociaux dans un but de propagande ou de manipulation de particuliers et d’États.

Ces faux documents, présentés par leurs instigateurs comme authentiques, ont pour but de désinformer leur cible en s'appuyant sur des éléments fictifs ou sur des contrevérités.

Fake News (infox)
La Fake news ou fausses nouvelles et infox en français est un néologisme apparu à l’ère d’Internet, des réseaux sociaux et de la surabondance informationnelle.
La fake news est une notion qui reste encore polysémique et sujette à débat quant à son origine, son étymologie et sa définition.
La fake news est performative, son intention est de manipuler, de tromper.
Elle doit paraître plausible pour susciter l’adhésion, en ce sens elle imite le style journalistique.
Une autre de ses caractéristiques principales et qu’elle révèle sa source afin d’éviter les démentis.
Ainsi, elle peut paraître d'autant plus vraisemblable.

Sondages
Les limites méthodologiques des sondages pourraient être utilisées à des fins de désinformation : les biais d'échantillonnage, les « effets de halo », et effets de cadrage (formulation des questions), et l'impossibilité théorique de calculer une précision lorsque l'on ne dispose pas d'une base de recensement, rendent en effet leurs résultats imprécis.

Canulars informatiques
Ce sont de fausses nouvelles propagées sur Internet.
Le phénomène est tellement important qu'il a permis le développement de sites de référence sur les rumeurs (HoaxBuster.com, etc.), dédiés à la classification des récits qui circulent sur internet et à la vérification de ces informations. Beaucoup de sites de référence ont aujourd'hui des audiences impressionnantes.

Rumeurs
Les rumeurs, dont l'origine et l'authenticité sont sujettes à caution, sont souvent utilisées pour tromper l'opinion et l'amener à justifier des actions ou des décisions politiques.
Un des exemples les plus célèbres concerne le régime nazi, qui utilisera des fausses rumeurs pour lancer la « nuit des Longs Couteaux », inventant d'abord une tentative de coup d'État pour justifier l'opération contre les SA, puis une affaire de haute trahison.

Plus récemment, à la suite d'une vraisemblable erreur de traduction de l'agence d'information officielle iranienne, certains médias occidentaux et responsables politiques ont continué à propager une rumeur selon laquelle le président iranien Mahmoud Ahmadinejad aurait déclaré lors d'un discours le 25 octobre 2005 à Téhéran qu'il fallait « rayer Israël de la carte ».

Dans les milieux économiques, des rumeurs peuvent artificiellement faire monter ou baisser le cours des actions.
Ainsi une rumeur infondée selon laquelle le médicament Lantus, antidiabétique dont le brevet était détenu par Sanofi serait cancérigène a abaissé le cours de l'action Sanofi pendant plusieurs mois.

Les rumeurs font partie des « huit sources d'informations d'apparence scientifique » mentionnées par Florian Gouthière dans Santé, science, doit-on tout gober ?.

Florian Dauphin énonce le fait que pour susciter l’adhésion, la rumeur doit être plausible, être une histoire racontée comme vraie mais non vérifiée.
C’est une nouvelle informelle avec une source anonyme.
La rumeur n’est pas forcément fausse : elle se caractérise par le fait que l’information va à l’encontre de l’information officielle.

En 2022, selon Mandiant, un cabinet de conseil en cybersécurité américain, un groupe gouvernemental pro-chinois s'est fait passer pour des militants écologistes sur des plateformes de médias sociaux dans le but de saper les producteurs de terres rares aux États-Unis et au Canada.
Le groupe à l'origine des attaques, connu sous le nom de Dragonbridge, aurait utilisé de faux comptes Facebook et Twitter pour affirmer qu'une raffinerie de terres rares financée par le gouvernement américain au Texas en cours de construction par le groupe australien Lynas Rare Earths « exposerait la région à des dommages environnementaux irréversibles » et à une « contamination radioactive ».
Mandiant décrit Dragonbridge comme un « réseau pro-République populaire de Chine (RPC) ». Selon Albert Zhang, un expert en cyberpolitique, ces opérations d'information font « partie d'un effort coordonné plus large visant à saper les tentatives démocratiques de réduire la dépendance aux exportations chinoises de terres rares. » Dragonbridge a attiré l'attention de Mandiant pour la première fois en 2019 avec des campagnes sur les réseaux sociaux sur Facebook, Twitter et YouTube contre les manifestations antigouvernementales à Hong Kong.
Le groupe s'est depuis diversifié dans divers domaines, notamment la pandémie de Covid-19 et la politique américaine. Dragonbridge utiliserait ainsi des faux comptes de médias sociaux et de forums, y compris certains se faisant passer pour des résidents du Texas pour feindre de s'inquiéter des problèmes environnementaux et de santé entourant l'usine.

Partialité
Le théoricien de la communication britannique Denis McQuail distingue quatre types de partialité : partialité volontaire et ouverte (cas du journalisme engagé, de l'éditorialiste) ; partialité volontaire et masquée (cas du journalisme de propagande) ; partialité involontaire et ouverte (cas des journalistes s'intéressant à un type de nouvelles) ; partialité involontaire et masquée (cas du journalisme empreint d'idéologie).









[Philosophie] Inversion de la charge de la preuve & l'appel à l'ignorance [GON] - Mer 20 Juil 2022 - 13:50










J'en avais plus ou moins parlé dans divers sujets mais j'ai pensé que ça serait intéressant d'avoir le sujet sur le blog.
Comme d'habitude je reprends plusieurs sujets de wikipedia...

Renverser la charge (ou le fardeau) de la preuve signifie qu'un ou plusieurs participants d'un débat heuristique avance un fait en incombant la charge de la preuve de son contraire à son interlocuteur.
Le renversement a une portée particulière en droit où on traite de charge de la preuve en droit ainsi qu'en sciences.

Normalement, la charge de la preuve repose sur celui qui procède à une affirmation.
Bertrand Russell a abordé le sujet dans son analogie de la théière.
La formule originale est la locution latine : « Quod gratis asseritur gratis negatur. » (« Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve. »), formule régulièrement utilisée depuis au cours du XIXe siècle.
La charge de la preuve est notamment reprise par le philosophe Christopher Hitchens dans son livre Dieu n'est pas grand en 2007 et prend la forme du Rasoir d'Hitchens.





# Charge de la preuve (philosophie)

En philosophie, la charge ou le fardeau de la preuve est l'obligation des opposants d'un débat épistémique à fournir des preuves de leurs positions.

Charge


Lors de n'importe quel débat impliquant des enjeux, il y a une attente implicite de preuves soutenant la position d'un intervenant.
Cette charge de preuve ne demande pas nécessairement une preuve mathématique ou logique, bien que de nombreux débats exigent ce niveau.

L'évaluation de la crédibilité d'une affirmation est faite selon des conventions variables en fonction du contexte.

Preuve d'un négatif


Une preuve négative est une expression qui affirme l'exclusion ou l'inexistence de quelque chose.
Affirmer qu'il est impossible de prouver un négatif est un pseudologique, car de nombreuses preuves corroborent les affirmations négatives en mathématiques, en sciences et en économie, y compris le théorème de l'impossibilité d'Arrow.
Il peut y avoir plusieurs revendications dans un débat.
Néanmoins, quiconque fait une réclamation porte la charge de la preuve quels que soient le contenu positif ou négatif de la réclamation.




# Rasoir de Hitchens

Le rasoir de Hitchens est un rasoir épistémologique affirmant que la charge de la preuve concernant la véracité d'une affirmation incombe à celui qui fait la demande; si cette charge n'est pas remplie, la demande est alors sans fondement et peut être facilement rejetée.

Il a été nommé ainsi en écho au rasoir d'Ockham et en référence au journaliste et auteur Christopher Hitchens, qui, dans son livre Dieu n'est pas grand publié en 2007, écrit « ce qui peut être affirmé sans preuve peut aussi être rejeté sans preuve » (en anglais: « What can be asserted without evidence can also be dismissed without evidence »).

Le rasoir de Hitchens est une traduction de l'expression latine « Quod gratis asseritur, gratis negatur », formule du droit romain qui a été largement utilisée depuis le début du XIXe siècle et est employée en particulier par Renan.







# Appel à l'ignorance

Dans le cas de l'argumentum ad ignorantiam, ou appel à l'ignorance, il est opéré un renversement de la charge de la preuve par celui sur qui repose la charge de la preuve : il s'agit de tenir pour vrai ce qui n'est pas prouvé être faux. Un tel procédé se soustrait à la réfutabilité.


L'appel à l'ignorance (argumentum ad ignorantiam) est un raisonnement fallacieux (en anglais fallacy) dans lequel une proposition est déclarée vraie parce qu'elle n'a pas été démontrée fausse (ou vice versa).
C’est une sorte de faux dilemme.
Ce sophisme peut être utilisé comme rationalisation d'idées irréfutables.

L'appel à l'ignorance est fortement lié au renversement de la charge de la preuve, avec lequel il est souvent confondu.

Les conditions des démocraties stables, concourent à la diffusion de ce sophisme.
Alors que la transmission de l'information en communication de masse était auparavant sélectionnée par les « gatekeepers » (gardiens de portes, termes de Kurt Lewin qui désigne les journalistes, universitaires, politiques qui font fonction de sélection du communicateur en théorie de l'information), la multitude des sources d'information et leur instantanéité facilitent la propagation des rumeurs et des théories du complot dans les démocraties stables dont la liberté et la sécurité sont garanties.
Ces conditions favorisent une société de crédulité informationnelle, victime du biais de confirmation, chaque personne pouvant choisir la source d'information qui conforte ce type d'argument.

Exemples d'appels à l'ignorance


X est vrai parce que vous ne pouvez pas prouver que X est faux.
X est faux parce que vous ne pouvez pas prouver que X est vrai.
« Bien que nous ayons prouvé que la Lune n'est pas faite de travers de porc, nous n'avons pas prouvé que son noyau ne peut pas en être rempli ; par conséquent, le noyau de la Lune est rempli de travers de porc ».
Jusqu'à ce jour la science n'a pas été capable de créer la vie ; la vie doit donc être le résultat d'une intervention divine.
Dieu n'existe pas parce que vous ne pouvez pas prouver que Dieu existe (ou inversement).
Si on regarde au-delà de l'univers observable, on doit sûrement pouvoir trouver la preuve de l'existence de Dieu.

Variantes


Lorsqu'on a démontré qu'une chose est impossible : « Vous n'en savez rien ! ».
Sous-entendu : « Je ne sais pas, donc vous ne savez pas, donc personne ne sait, donc je refuse de savoir que c'est faux… ».

Lorsqu'on invoque le passé : « Qu'est-ce que vous en savez, vous y étiez peut-être ? ».
Sous-entendu : « Aucun de nous n'a de preuve directe, donc votre preuve indirecte ne vaut pas plus que mon absence de preuve. ».
S'applique notamment au Big Bang et à la théorie de l'évolution.










Waha

[Philosophie] Rasoir de Hanlon [GON] - Ven 15 Oct 2021 - 11:06










J'avais déjà parlé du rasoir d’Ockham ici : mais du coup voici le rasoir de Hanlon, un autre principe de raisonnement philosophique qui dit en gros : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer ».

Voici donc l'article de wikipedia sur le sujet !

Le rasoir de Hanlon est une règle de raisonnement permettant d'éliminer des hypothèses.
Formulée en 1980 par le programmeur américain Robert J. Hanlon, cette règle s'énonce de la manière suivante : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer ».
L'attribution à Hanlon a été mise en question dans un premier temps, certains auteurs y voyant plutôt une corruption du nom de Robert A. Heinlein, l'auteur d'une considération assez proche.
La règle tire son nom du rasoir d'Ockham, qui pose un principe de simplicité, tant au niveau métaphysique, en recommandant de ne pas multiplier les conjectures sur les entités, qu'au niveau méthodologique, en recommandant de ne pas multiplier les hypothèses.
Elle revient donc à considérer soit qu'il est plus simple et donc plus plausible de supposer la bêtise plutôt que la malveillance, la première étant plus vraisemblable en général, soit qu'il est inutile d'ajouter la conjecture d'une intention maligne à celle d'un manque de compétence.
Cette règle ne caractérise toutefois la bêtise qu'au plan du comportement.
D'autres notions, celles de biais cognitif, de principe de charité ou d'effet pervers, permettent d'éviter que l'opposition entre malveillance et bêtise ne devienne un faux dilemme.






# Formulation et traduction

La formulation anglaise habituelle du rasoir de Hanlon est la suivante : « Never attribute to malice that which is adequately explained by stupidity ».
Elle pose deux problèmes de traduction en français.


  • Le mot anglais « malice » n'est qu'imparfaitement rendu en français par « malice ».
    Le sens du terme anglais est en effet plus proche de celui qu'avait le mot français jusqu'au XVIIe siècle, celui d'intention de nuire, et ne comporte pas nécessairement l'idée de plaisir à s'amuser aux dépens d'autrui.
    Il est donc mieux rendu en français par malveillance.

  • La traduction du terme anglais « stupidity » est encore plus délicate.
    Selon une étude relative aux Darwin Awards et publiée par le British Medical Journal, la stupidité (stupidity) est le fait d'une personne qui, tout en étant capable d'un jugement sain, fait preuve d'une mauvaise application étonnante du sens commun.
    Dans son essai homonyme, Avital Ronell note que « stupidity se transpose difficilement en Dummheit », de même qu'il ne peut tenir dans les limites de la « bêtise », mais précise immédiatement en note que « le terme français le plus utilisé pour traduire stupidity est, bien entendu, « bêtise ».
    La bêtise sur laquelle tranche le rasoir de Hanlon n'est ni la stupiditas telle que l'évoque Thomas Willis, un « défaut de l'intelligence et du jugement » qui voisine la démence (morosis) ; ni le fait d'avoir « le jugement bon, mais [...] point la conception prompte », un défaut de promptitude d'esprit, au sens où l'entend Leibniz ; ni un « défaut de sentiment », au sens où Gabriel Girard la distingue de l'idiotie et de la bêtise et où Montaigne la caractérise comme un état « qui nous transit lorsque les accidents nous accablent, surpassant notre portée » ; mais plutôt ce que Clément Rosset caractérise comme « sottise positive » et dont il prend pour exemple Bouvard et Pécuchet : « elle ne consiste pas du tout à ne pas comprendre quelque chose, mais à tirer de son propre fond quelque activité ou tâche absurdes auxquelles elle entreprend de se dévouer corps et âme ; elle est pure activité ».



Le rasoir de Hanlon se traduit donc en français de la manière suivante : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer ». Dans une formulation alternative, la bêtise est remplacée par l'incompétence.
On prête à Michel Rocard la paraphrase suivante : « Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. »





# Histoire


Première formulation supposée


Cet énoncé aurait été formulé en 1980 par le développeur américain Robert J. Hanlon, alors programmeur à la base militaire de Scranton (Pennsylvanie).
Le psychologue américain Mardy Grothe affirme s'être entretenu avec la veuve de Robert J. Hanlon, qui lui a confirmé que son époux avait soumis cette « loi » à l'écrivain américain Arthur Bloch pour publication.
Ce dernier publia la même année ledit énoncé en tant que « loi de Hanlon » dans un livre consacré à la loi de Murphy.

Antécédents possibles


Plusieurs auteurs, doutant de l'attribution de l'aphorisme à Robert J. Hanlon, ont recherché de possibles antécédents, que Garson O'Toole a recensés :


  • Il a pu être attribué à Napoléon Bonaparte (1769-1821), mais l'affirmation est douteuse

  • Le philosophe anglais David Hume écrit en 1757 dans son Histoire naturelle de la religion : « Nous penchons tous à attribuer de la bonne ou de la mauvaise volonté à toutes les choses indifféremment qui nous plaisent ou qui nous choquent. »

  • Goethe en 1774 dans Les Souffrances du jeune Werther fait écrire à un de ses personnages : « Les malentendus et l’indolence causent peut-être plus de désordres dans le monde que la ruse et la méchanceté. Ces deux dernières au moins sont assurément plus rares. »

  • La romancière anglaise Jane West écrit en 1812 : « N'attribuons pas à la malveillance ou à la cruauté ce qui peut être renvoyé à des motifs moins criminels. »

  • En 1898, le peintre anglais William James Laidley, dans un essai sur la Royal Academy, écrit : « Certaines personnes [en conduisent d'autres au désastre] sans malveillance ; en fait, bien au contraire, c'est plutôt de la bêtise. »

  • Le biologiste allemand Ernst Haeckel écrit en 1898 dans Les Énigmes de l'univers que : « Des trois grandes ennemies de la raison et de la science, la plus dangereuse n'est pas la méchanceté mais l'ignorance et peut-être plus encore la paresse. »

  • En 1918 le théologien protestant américain Arthur Cushman McGiffert écrit : « L'ignorance et non la malveillance est la pire ennemie du progrès humain. »

  • En 1937, l'éditorialiste américain Thomas F. Woodlock écrit : « La majeure partie de ce que les victimes prennent pour de la malveillance est explicable en termes d'ignorance, d'incompétence ou d'un mélange des deux. »

  • En 1941 l'écrivain de science-fiction américain Robert A. Heinlein fait dire à un personnage dans un dialogue : « Vous avez attribué à de l'infamie ce qui résulte simplement de la bêtise. »

  • En 1945, la philosophe américaine Ayn Rand écrit : « La cause du mal est la bêtise, pas la malveillance. »







# Analyse


Un cas particulier du rasoir d'Ockham



Le terme de « rasoir » désigne en philosophie une règle heuristique
Ce lien renvoie vers une page d'homonymie qui permet d'éliminer, de « raser », des hypothèses.
Il fait référence au rasoir d'Ockham, une pétition de simplicité souvent formulée comme suit : « Il ne faut pas multiplier les entités au-delà de la nécessité » (« Entia non sunt multiplicanda præter necessitatem »).
Le principe tire son nom de Guillaume d'Ockham, un logicien du Moyen Âge, quand bien même sa formulation ne se trouve pas chez lui.

Le rasoir d'Ockham est censé, pour certains auteurs, exprimer un principe métaphysique de simplicité, selon lequel rien dans la nature n'est superflu, les faits eux-mêmes étant simples et s'expliquant au mieux par des hypothèses les plus simples possibles.
C'est le sens des premières apparitions de l'expression en français, au XVIIIe siècle, notamment chez Pierre Bayle, qui évoque en 1720, à propos de la querelle des universaux, le « rasoir des Nominaux », selon lequel « la nature ne fait rien en vain, natura nihil frustra fecit, et c'est en vain que l'on emploie plusieurs causes pour un effet qu'un plus petit nombre de causes peut produire aussi commodément ».
Une autre analyse du rasoir d'Ockham consiste à considérer qu'il n'a qu'une portée méthodologique, en invitant à ne pas multiplier inutilement les hypothèses, au sens où Ockham lui-même écrit : « C'est en vain que l'on fait avec plusieurs ce que l'on peut faire avec un petit nombre ».
La première interprétation a été qualifiée de principe de parcimonie ou de simplicité sémantique et la seconde, de principe d'élégance ou de simplicité syntactique.


Qui traite du problème du mal


De la même manière, le problème du mal traité par le rasoir de Hanlon, dont plusieurs auteurs soulignent la connexité avec celui d'Ockham, se prête à deux analyses, au plan ontologique ou au plan méthodologique.

Plusieurs auteurs estiment que le rasoir de Hanlon procède d'un principe d'élégance : il s'agirait simplement de ne pas recourir à des hypothèses inutiles, cette approche étant souvent mâtinée d'une invocation du principe de parcimonie, lesdites hypothèses réputées inutiles étant également présentées comme inutilement compliquées.
Tel est notamment le cas de l'utilisation du rasoir de Hanlon pour écarter les théories du complot.

En revanche, d'autres auteurs estiment que l'hypothèse de la bêtise doit être privilégiée par rapport à celle de la malveillance, parce qu'elle est plus simple, c'est-à-dire plus radicale. Pour la philosophe américaine Ayn Rand, « la cause du mal est la bêtise, pas la malveillance ».
Carlo Cipolla rappelle à ce sujet la formulation de l'Ecclésiaste, « le nombre des sots est infini » (« Stultorum infinitus est numerus »), que l'on trouve d'ailleurs à l'identique dans le Protagoras de Platon, attribuée à Simonide.
Roland Barthes, de son côté, estime que « ce qui vient à l'esprit est d'abord bête » et Gilles Deleuze, que « la bêtise (non pas l'erreur) constitue la plus grande impuissance de la pensée, mais aussi la source de [...] ce qui la force à penser ».

Un exemple extrême du lien entre bêtise, absence de pensée et malignité est celui d'Adolf Eichmann, à propos duquel Hannah Arendt soulève la question de savoir s'il était « un cas modèle [...] de stupidité extrême » et développe pour y répondre le concept de banalité du mal.
Elle relève qu'il « disait toujours la même chose avec les mêmes mots.
Plus on l'écoutait, plus on se rendait à l'évidence que son incapacité à s'exprimer était étroitement liée à son incapacité à penser — à penser notamment du point de vue d'autrui ».
Pour Arendt, Eichmann « ne s'est jamais rendu compte de ce qu'il faisait » ; il « n'était pas stupide, il était inconscient — ce qui n'est pas du tout la même chose ».
Elle ajoute ultérieurement : « Eichmann était tout à fait intelligent, mais il avait cette bêtise en partage. C'est cette bêtise qui était si révoltante. Et c'est précisément ce que j'ai voulu dire par le terme de banalité. Il n'y a là aucune profondeur, rien de démoniaque ! Il s'agit simplement du refus de se représenter ce qu'il en est véritablement de l'autre ».
L'un des aspects de la « bêtise révoltante » d'Eichmann, « l'obéissance aveugle, — « obéissance de cadavre » (Kadavergehorsam) comme il disait lui-même », a fait l'objet d'une vérification expérimentale connue sous le nom d'expérience de Milgram.

Comme le note Umberto Eco, la bêtise est consubstantielle au réseautage social.
Dans Good Faith Collaboration, Joseph Reagle analyse la présomption de bonne foi comme une règle de comportement analogue au rasoir de Hanlon et destinée à « contribuer à positionner les attentes sociales » (« help set social expectations ») à l'égard des contributeurs de Wikipédia.
Selon Dariusz Jemielniak, il s'agit là d'« une des plus importantes règles de comportement » du projet, que cet auteur met en rapport avec la règle recommandant de ne pas mordre les nouveaux, car « les nouveaux contributeurs font souvent des erreurs idiotes et n'arrivent pas à écrire des articles en se conformant à des normes qu'ils ignorent ».
L'analogie soulignée par Joseph Reagle ne signifie cependant pas que la présomption de bonne foi ne procède que d'une analyse logique ou que le rasoir de Hanlon est la seule explication de cette règle de comportement.
Paul de Laat, s'appuyant sur les analyses de Victoria McGeer sur « l'espoir substantiel » en tant qu'état d'esprit et condition de la « confiance substantielle », estime qu'il s'agit plutôt d'une pétition de confiance, d'un principe d'élégance fondé sur l'espoir que la confiance accordée à autrui suscitera des contributions encyclopédiques.
Pierre Willaime et Alexandre Hocquet, au contraire, y voient un principe de parcimonie, une « conception de la connaissance par témoignage proche du principe de véracité de Thomas Reid, selon lequel nous sommes naturellement enclins à dire la vérité ».

Le fait que le rasoir de Hanlon n'évalue pas la cause du mal donne lieu à une formulation alternative : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer, mais ne pas exclure la malveillance » (« Never attribute to malice that which is adequately explained by stupidity... but don't rule out malice »).
La formulation prudente, ne pas exclure la malveillance, s'analyse comme le fait que le rasoir de Hanlon s'applique à des situations de raisonnement révisable, où il convient d'appliquer une logique non monotone.

Sans régler celui de la bêtise



La dimension aphoristique de la formulation concise choisie par Hanlon pose un problème, celui de la compréhension du sens qu'il donne à la notion de bêtise, cette dernière n'étant cernée qu'à partir de ses effets, au sens où Robert Musil évoque le « critère central » de la psychiatrie, qui, selon lui, définit la bêtise comme un « comportement qui ne parvient pas à mener à bien une action pour la réussite de laquelle toutes les conditions indépendantes de la personne agissante sont réunies ».
Le tableau ci-contre montre une telle caractérisation de la bêtise par ses seuls résultats dans la troisième loi de la bêtise de Carlo Cipolla, qui, posant qu'une personne bête est une personne qui cause des pertes à une autre personne ou à un groupe de personnes sans en tirer elle-même un gain, voire en en tirant une perte, oppose la bêtise à la malveillance, par exemple celle du « bandit » qui, dans le cas « parfait », cause à sa victime une perte égale à son propre gain.
Cipolla en tire la cinquième de ses Lois fondamentales de la bêtise : « La bête est le type de personne le plus dangereux » ; avec un corollaire : « Une bête est plus dangereuse qu'un bandit ».

Le statut de la disjonction entre bêtise et malveillance n'est cependant pas clarifié par le rasoir de Hanlon.
Cette disjonction n'est pas nécessairement inclusive, au sens où comme le souligne Avital Ronell, la bêtise n'est pas « le signe en tant que tel d'une faute morale », quand bien même elle est souvent associée à une intention malveillante.
Comme le commente René Major, elle a, selon Ronell, « un effet de malignité [et] appelle un jugement ou une éthique ».
Qu'elle soit une explication plus simple que la malveillance, par parcimonie ou par élégance, n'implique cependant pas qu'elle l'exclue. Jean-Luc Nancy note que bêtise et méchanceté vont souvent de pair, et estime qu'il existe « une proximité troublante, menaçante », qu'il explique à partir d'une analyse de la notion de violence :
« la violence est profondément bête. Mais bête au sens le plus fort, le plus épais, le moins réparable. Non pas la bêtise d’un défaut d’intelligence, mais bien pire, la connerie de l’absence de pensée, et d’une absence voulue, calculée par son intelligence crispée ».

Cette imprécision a conduit certains auteurs à privilégier des formulations alternatives, où la bêtise est remplacée par l'incompétence.
À la suite de la publication du Principe de Peter, plusieurs auteurs se sont intéressés à la distinction entre bêtise individuelle et incompétence organisationnelle.
Mats Alvesson et Andre Spicer ont cherché à préciser la notion de bêtise dans un contexte de théorie des organisations.
Selon ces auteurs, la bêtise ne saurait être réduite à « un comportement pathologique ou irrationnel ou dysfonctionnel » (« pathology, irrationality or dysfunctional thinking »), voire une « déficience mentale » ; il peut s'agir soit d'ignorance, soit d'incapacité à mobiliser un savoir, soit du refus de mettre en question un préjugé.
Cette approche les conduit à utiliser la notion de « bêtise fonctionnelle », caractérisée par trois déficiences de la « capacité cognitive » : le manque de « réflexivité », qui se traduit par un refus ou une incapacité à questionner les préjugés ou les normes et à prendre pour intangibles les routines organisationnelles ; le manque de « justification », qui conduit à estimer ne pas devoir rendre compte de ses actions ou à être incapable de le faire ; et le manque de « raisonnement substantiel », qui se traduit par une concentration des ressources cognitives sur un nombre réduit d'objectifs, au détriment d'une appréciation plus large et plus substantielle de la situation.
Le concept de bêtise fonctionnelle a toutefois fait l'objet de critiques en tant que buzzword.

Sur le plan philosophique, les questions soulevées par le rasoir de Hanlon à propos de l'articulation entre les notions de bêtise, d'incompétence et de malveillance sont abordées dans le cadre de l'épistémologie des vertus.
Kevin Mulligan et Pascal Engel définissent la bêtise comme un « vice cognitif » ou comme un « vice épistémique ».
Pascal Engel, s'appuyant sur la distinction d'Ernest Sosa entre compétence et performance et sur celle de Robert Musil entre bêtise naïve et bêtise supérieure, note que
« la propriété d'être bête semble désigner, dans de nombreux cas, un certain manque de compétence ou un manque des dispositions ou capacités innées nécessaires à la connaissance, et donc un défaut dont l'agent n'est pas responsable. D'un autre côté, la bêtise est un défaut dans un certain type de performance, une incapacité à exercer sa compétence cognitive. Dans de nombreux cas, cette incapacité est, au moins partiellement, sous le contrôle de l'agent, non pas au sens d'une action volontaire, mais parce qu'elle illustre une certaine forme de vanité ou de fatuité, dont il est responsable [...] Ce trait soulève le vieux problème de la relation entre les vertus intellectuelles et les vertus morales : dans quelle mesure la bêtise résulte-t-elle d'une déficience intellectuelle ou d'une déficience morale ? »





# Corollaires

Le rasoir de Hanlon connaît un corollaire, parfois nommé « loi de Grey », selon lequel à un degré suffisant, la bêtise (ou l'incompétence) est indistinguable de la malveillance, et dont la formulation évoque sur le mode plaisant la troisième loi de Clarke, « toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ».

L'auteur américain Douglas Hubbard, estimant qu'en l'absence d'une « coordination centrale » les individus agissent selon leur intérêt personnel et peuvent produire des résultats « ayant l'apparence d'un complot ou d'une épidémie d'ignorance », a proposé un autre corollaire « plus gauche » : « Ne jamais attribuer à la malveillance ou à la stupidité ce qui peut s'expliquer par des individus modérément rationnels réagissant à des incitations dans un système complexe d'interactions ».




# Autres approches

Différentes autres approches permettent de compléter ou de nuancer le rasoir de Hanlon, voire de problématiser l'opposition entre malveillance et bêtise en tant que faux dilemme.

Biais d'attribution


Le fait d'accorder une importance privilégiée à un schéma explicatif peut procéder d'un biais cognitif.
Trois biais peuvent ainsi être à l’œuvre dans l'alternative entre une attribution du comportement d'un individu à la malveillance ou à la bêtise, l'incompétence ou l'ignorance :


  • l'existence du rasoir de Hanlon peut induire à son utilisation.
    Ce biais a été décrit comme le « marteau de Maslow », par référence à un aphorisme d'Abraham Maslow, selon lequel « tout ressemble à un clou pour qui ne possède qu'un marteau »

  • la tendance à interpréter la conduite d'autrui, quand bien même ambiguë ou bénigne, comme exprimant une intention hostile peut provenir d'un biais d'attribution hostile

  • le fait de privilégier dans l'interprétation d'un comportement les caractéristiques d'une personne, qu'il s'agisse de son caractère, de ses facultés ou de ses intentions, au détriment de celles de la situation peut procéder d'un biais parfois nommé l'erreur fondamentale d'attribution



Principe de charité


La pertinence du rasoir de Hanlon est en partie remise en question par le principe de charité, un principe de « bienveillance interprétative » qui consiste à attribuer aux déclarations d'autrui un maximum de rationalité.
Ce principe a notamment été développé par deux logiciens américains, Willard Quine et Donald Davidson.
Le premier, dans le contexte d'une réflexion sur le problème de la traduction, estime qu'il est « probable que les assertions manifestement fausses à simple vue fassent jouer des différences cachées de langage » et précise : « la bêtise de l’interlocuteur, au-delà d’un certain point, est moins probable qu’une mauvaise traduction ».
Le second a étendu le principe en estimant que « nous donnons un maximum de sens aux mots et aux pensées des autres en les interprétant d'une manière qui optimise l'accord ».
Pour Davidson, comme le précise Pascal Engel, cela signifie que le principe de charité doit être compris non « comme un principe de maximisation de l’accord, mais comme un principe d'optimisation de la compréhension ».
Selon Isabelle Delpla, le principe de charité se prête à une double lecture :
« Pour autant qu’une extrême stupidité tourne à l’absurdité, il s’agit d’une exigence épistémique, l’interprétation visant à donner du sens, à rendre les autres intelligibles. Par ailleurs, présumer de la stupidité des autres est une attitude de supériorité condescendante qui doit être bannie selon une exigence éthique de respect et d’équité nous enjoignant de considérer les autres comme nos semblables, la stupidité ou l’imbécillité étant prises au sens général d’infériorité ou de faiblesse d’esprit ».
Mihnea Moldoveanu et Ellen Langer ont élargi l'application de ce principe pour estimer que l'on ne peut qualifier de stupide un comportement inadapté auquel on peut trouver une justification plausible.
Roy Sorensen note toutefois que l'application du principe de charité peut conduire, en écartant une explication en termes de bêtise, à privilégier l'hypothèse du manque de sincérité.


Effets pervers


Plusieurs recherches en sciences sociales s'intéressent aux conséquences involontaires des actions, sans pour autant réduire le modèle explicatif à l'alternative malveillance ou bêtise.
La problématique de l'effet pervers a notamment été étudiée par le sociologue américain Robert K. Merton.
Dans un article de 1936, il développe le concept de « conséquences inattendues des actions sociales téléologiques » (« unanticipated consequences of purposive social actions »), en s'attachant exclusivement aux conséquences « imprévues » (unforeseen) de l'action « téléologique », c'est-à-dire à la conduite en tant qu'elle se distingue du comportement, autrement dit à l'action motivée résultant d'un choix entre plusieurs options, en laissant délibérément de côté toute considération sur les motifs eux-mêmes et en se dispensant même de conjecturer qu'une telle conduite ait toujours un but explicite.
Il met également son lecteur en garde contre « l'imputation causale » post facto, à propos de laquelle il développera ultérieurement le concept de prophétie autoréalisatrice.
Après avoir rappelé l'importance des deux facteurs évidents que sont l'ignorance et l'erreur, il en souligne trois autres :


  • « l'impérieuse immédiateté de l'intérêt », c'est-à-dire la priorité donnée à l'avantage personnel immédiat au détriment d'objectifs à plus long terme, par exemple l'enrichissement individuel, à propos duquel Merton rappelle que, selon Adam Smith, c'est la main invisible et non l'agent lui-même qui assure que la poursuite de cet objectif contribue au bien commun

  • « les valeurs fondamentales » (basic values) de l'agent. Merton met en avant « le paradoxe fondamental de l'action sociale, le fait que la « réalisation » des valeurs peut conduire à une renonciation à celles-ci », donne comme exemple l'analyse de Max Weber dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme sur le fait que l'ascétisme protestant conduit à sa propre négation et retourne l'expression du Faust de Goethe pour qualifier ces valeurs de « force qui éternellement veut le bien et qui éternellement fait le mal »

  • a notion de prophétie autodestructrice, c'est-à-dire la crainte de certaines conséquences qui conduit à les contrecarrer avant que le problème anticipé ne survienne. Merton donne comme exemple le fait que les thèses de Karl Marx sur l'accroissement de la concentration de richesse et l'appauvrissement croissant des masses ont conduit au développement d'organisations de travailleurs luttant contre les conséquences prévues.









Plus d'infos :




[Philosophie] Le paradoxe du chat beurré [GON] - Mar 22 Déc 2020 - 17:55









Y'a un petit passage que le paradoxe du chat beurré sur la fiche de la loi de Murphy mais comme j'aime beaucoup ce sujet j'ai pensé qu'il méritait sa propre fiche !

Un sujet plus léger pour la fin de l'année Smile

Toujours reprise sur wikipedia....

Le paradoxe du chat beurré est un paradoxe fondé sur la combinaison sarcastique de deux adages :


  1. un chat retombe toujours sur ses pattes.

  2. une tartine beurrée tombe toujours du côté du beurre.



Le paradoxe apparaît lorsque l'on considère ce qui arriverait si l'on attache une tartine beurrée (face beurrée orientée vers l'extérieur) sur le dos d'un chat, et que l'on lâche le chat depuis une hauteur importante.







# Expérience de pensée

Une analyse ironique peut conduire à la conclusion que l'expérience produira un effet d'antigravité.
Comme ni le beurre ni les pattes ne peuvent finir en l'air, l'ensemble chat-tartine ralentira à l'approche du sol et commencera à tourner, pour finalement atteindre un état stationnaire près du sol tandis qu'il tournera rapidement comme le côté beurré de la tartine et les pattes du chat tenteront d'atterrir.
Toujours dans cette analyse ironique, on pourrait régler la quantité de beurre pour égaler la force des pattes du chat.





# Culture populaire


  • En 1993, le magazine Omni annonce le gagnant de la 54e compétition. Le paradoxe, envoyé par John Frazee de Kingston de New York remporte le grand prix.

  • En juin 2003, Kimberly Miner gagne un Student Academy Award pour son film Perpetual Motion. Miner s'est inspiré d'un article écrit par un camarade de lycée qui avait exploré les implications possibles de l'idée du chat beurré.

  • Dans la bande dessinée Jack B. Quick, le personnage titre cherche à tester cette théorie.

  • Le 31 mars 2005, la bande dessinée en ligne Bunny présente le plan Pink bunny pour le « générateur de courant MoggieToast5k à mouvement perpétuel », basé sur la loi de Murphy.

  • Dans Science Askew, Donald E. Simanek commente ce phénomène.

  • En 2011, le mème Internet Nyan Cat est une illustration du paradoxe en figurant un chat flottant dans les airs, avec une pop-tarte sur le dos.

  • Dans la bande dessinée Kid Paddle, cette théorie est testée.

  • En 2012, la marque de boisson énergisante Flying Horse a mis en scène le paradoxe du chat beurré dans une de ses publicités.








# En pratique

En pratique, les chats ont en effet une aptitude à se retourner quand ils tombent, connue sous le nom de réflexe de redressement du chat.
Cela leur permet généralement de retomber sur leurs pattes quand ils sont lâchés d'une hauteur suffisante, soit d'au moins 30 cm (12 po).

La tartine étant un objet inanimé, elle n'a ni la volonté ni les capacités de se redresser seule.
Une étude de la Manchester Metropolitan University, effectuée sur base de cent lâchers de tartines beurrées en condition de laboratoire, a cependant établi que la tartine atterrit majoritairement du côté beurré en fonction de la façon dont elle tombe habituellement d'une table et de l'influence aérodynamique des trous dans la tartine.
La tartine est invariablement posée sur la face non beurrée quand elle tombe de la table.
Lorsqu'elle tombe, elle tourne et tombe d'une hauteur typique et atterrit, d'après les résultats de l'étude, du côté beurré dans 81 % des cas.











Waha

[Philosophie] La loi de Murphy [GON] - Ven 18 Sep 2020 - 17:14









Aujourd'hui parlons de la loi de murphy (rien à voir avec une certaine chanson d'Angele... d'ailleurs je cherchais des vidéos sur youtube sur le sujet mais je suis tombée que sur cette chanson T_T bref...)

Comme d'habitude, wikipedia et ensuite.... en fonction quelques vidéos !!

La loi de Murphy, développée par Edward A. Murphy Jr, un ingénieur aérospatial américain qui en énonça le premier le principe, est un adage qui s'énonce de la manière suivante :

Tout ce qui est susceptible d'aller mal, ira mal


Selon une variante plus détaillée de la loi,

S'il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu'au moins l'une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu'un quelque part pour emprunter cette voie.




On peut interpréter cette loi de deux manières : l'une, humoristique, est de prendre cette loi à la lettre, et de l'ériger en principe de pessimisme.
Vue sous cet angle, la loi de Murphy est le constat, élevé au rang de principe fondamental de l'univers, que « le pire est toujours certain ».

L'autre vision consiste à voir la loi de Murphy comme une règle de conception : on ne considère pas la loi de Murphy comme vraie, mais on conçoit tout système comme si la loi était vraie.
En particulier, un équipement doit être à l'épreuve non seulement des accidents les plus improbables, mais aussi des manœuvres les plus stupides de la part de l'utilisateur.
Elle justifie donc les principes de la conception de sûreté préconisant de planifier et d'éliminer d'emblée les possibilités de mauvaise utilisation, par exemple à l'aide de détrompeurs.

La « loi de l’emmerdement maximum » (LEM) ou « loi de l’emmerdement universel » est une extrapolation de la loi de Murphy et est très souvent confondue avec celle-ci.
Cette loi nous explique que quand quelque chose tourne mal, quelque chose de pire arrive toujours à ce moment-là.






# Énoncés

L'origine de la loi de Murphy n'étant pas claire, il est difficile d'en donner une formulation canonique.
En voici quelques-uns des énoncés les plus courants :

« Si ce gars a la moindre possibilité de faire une erreur, il la fera. »

— version d'Edward Murphy



« Si cela peut mal se passer, cela arrivera. »

— version de George Nichols



« S'il y a plus d'une façon de faire quelque chose, et que l'une d'elles conduit à un désastre, alors il y aura quelqu'un pour le faire de cette façon. »

— version des autres membres de l'équipe







# Historique

Les versions diffèrent sur l'origine précise de la « loi de Murphy » et sa formulation initiale.

De 1947 à 1949 aux États-Unis d'Amérique, fut conduit le projet MX981 à la base Muroc de l'US Air Force (plus tard rebaptisée base Edwards).
Le but du projet était de tester la tolérance humaine à la décélération.
Les tests utilisaient un chariot propulsé par une fusée et monté sur un rail, avec une série de freins hydrauliques en fin de parcours.

Les premiers tests utilisaient un mannequin attaché à un siège sur le chariot, mais le mannequin fut bientôt remplacé par le capitaine John Paul Stapp.
Pendant ces tests surgirent des questions sur la précision de l'instrumentation utilisée pour mesurer la décélération endurée par le capitaine Stapp.
Edward Murphy proposa d'utiliser des jauges électroniques de mesure d'effort attachées aux pinces de retenue du harnais du capitaine Stapp pour mesurer les forces exercées sur chacune de ces pinces durant la rapide décélération.
L'assistant de Murphy câbla le harnais et un test fut réalisé avec un chimpanzé.

Cependant, les capteurs indiquèrent une force nulle.
Il apparut que les capteurs avaient été montés à l'envers.
C'est à ce moment que Murphy, frustré par l'échec dû à son assistant, prononça sa célèbre phrase : « If that guy has any way of making a mistake, he will » (que l'on peut traduire par « Si ce gars a la moindre possibilité de faire une erreur, il la fera. »).

  • Selon la version de George Nichols, ingénieur présent lors de cette expérience, la formalisation de la « loi de Murphy » vint pendant une discussion avec les autres membres de l'équipe.
    Elle fut condensée en « Si cela peut se produire, cela arrivera » et nommée loi de Murphy pour se moquer de ce que Nichols perçut comme de l'arrogance de la part de Murphy.


  • D'autres, et particulièrement Robert Murphy, l'un des fils d'Edward Murphy, nient cette version et clament que la phrase de Murphy était plutôt dans l'esprit de « If there's more than one way to do a job, and one of those ways will result in disaster, then somebody will do it that way. » (« S'il y a plus d'une façon de faire quelque chose, et que l'une d'elles conduit à un désastre, alors il y aura quelqu'un pour le faire de cette façon. »).


Dans les deux cas, la phrase connut la notoriété après une conférence de presse dans laquelle il fut demandé à Stapp comment il était possible que personne n'eût été gravement blessé durant les tests.
Stapp répondit que cela avait été possible car ils avaient pris la « loi de Murphy » en considération, loi qu'il expliqua.
Il ajouta que, en général, il était important de considérer toutes les possibilités avec un test.

L'énoncé de la loi de Murphy s'implanta rapidement dans les milieux techniques associés à l'aéronautique, puis à ceux associés à d'autres domaines de l'ingénierie ; au fil des années, plusieurs variantes communes se sont répandues dans le grand public, dont la version maintenant désignée comme loi de Finagle.

Certains aphorismes littéraires antérieurs à la « loi de Murphy » exprimaient déjà la même idée.
Ainsi, l'écrivain Mark Twain avait écrit « La catastrophe qui finit par arriver n'est jamais celle à laquelle on s'est préparé. »





# Principe

Aspects


La loi de Murphy a quatre aspects :


  • l'un est bien évidemment humoristique : la fatalité fait échouer toute expérience, par des moyens tout à fait imprévisibles, et les phénomènes échappent absurdement à notre contrôle.
    On est proche du gag

  • l'autre est de type statistique : si beaucoup de personnes actionnent un appareil et qu'il existe ne serait-ce qu’une façon de se tromper, il existera statistiquement des gens qui feront cette erreur.
    Et c'est d'eux seuls que le service après-vente entendra parler.
    Cette seconde forme de la loi est confirmée par l'expérience et a conduit à l'utilisation généralisée de la conception de sûreté

  • le troisième est cognitif, et s'assimile au problème de la corrélation illusoire, bien connu en psychologie et en communication : un événement négatif marque plus le sujet qu'un événement positif.
    Par exemple, si une action échoue, on évoquera la loi de Murphy ; mais si elle réussit, personne ne pensera spontanément que la loi de Murphy ne s'est pas appliquée.
    C'est l'une des raisons pour lesquelles les clichés semblent si souvent vrais

  • Le dernier aspect est lié à la physiologie de l’être humain : si une première erreur est faite (et surtout si elle peut avoir de graves conséquences), elle entraîne un état de stress qui amène fréquemment (si l'on n'arrive pas à maîtriser cet état de stress) d'autres erreurs… et la situation ira de mal en pis avec le temps et le nombre d'erreurs.




Cas particulier des mesures scientifiques


En utilisant la formulation de la loi qui dit que la « méchante nature » (c'est-à-dire une malveillance de l'univers lui-même) fait échouer toutes les expériences, elle devient en général une excuse pour le cas où l'expérience échoue.
Dans les milieux d'enseignement, cela peut venir de tous les paramètres qui ne sont pas contrôlés par manque de temps ou de moyens.
Dans le milieu de la recherche de pointe, invoquer la loi de Murphy signifie qu'on suppose que le raisonnement et l'expérience n'avaient pas d'erreur de principe, mais qu'on a été malgré tout perturbé par l'événement le plus improbable possible.

Cela a abouti à un adage d'étudiant : « Pour transformer un résultat faux en résultat juste, il suffit de lui ajouter une constante variable de même dimension adéquatement choisie que l'on nommera « constante de Murphy » » (encore appelée « constante de Lourdes » — bien entendu cette constante n'en est pas une puisqu'elle est différente pour chaque expérience).
Mais ce genre de méthode est aussi pratiqué dans la recherche de pointe, puisque la constante cosmologique d'Einstein avait été élaborée sur ce principe : ajouter un terme aux équations pour obtenir le résultat attendu, et chercher la cause physique de ce terme plus tard.
C'est ce genre de méthode ad hoc qui a suscité l'anarchisme épistémologique du philosophe Feyerabend.

Réflexivité


Pour voir empirer encore les choses par rapport à ce qu'énonce la loi de Murphy, la méthode la plus courante est d'utiliser la réflexivité.

On convient donc que la loi de Murphy est réflexive et s'applique à elle-même.
Rien ne garantit qu'un événement va mal tourner lorsque justement, en vertu de la loi de Murphy, on s'y attend.
Cela peut conduire à des assertions telles que « Il va se mettre à pleuvoir dès que je commencerai à laver ma voiture, sauf si je veux laver ma voiture dans le but qu'il pleuve » ou celle bien connue des étudiants « Un examen commence toujours avec un quart d'heure de retard, sauf le jour où l'on arrive avec un quart d'heure de retard ».

Pour mettre en évidence ce côté paradoxal, on peut aussi l'énoncer ainsi : « Toute tentative de démonstration d’une loi de Murphy quelconque qui échoue prouve que la loi est exacte » et « Ce n’est pas parce que la démonstration d’une loi de Murphy réussit que la loi est fausse. » (cercles vicieux de Cavey).

Dysfonctionnements similaires dus à la loi de Murphy :

  • « Le pire n'est jamais sûr » amendé en « Le pire n'est pas certain, mais il n'est jamais décevant »

  • « Nul n'est parfait… surtout pas les autres »

  • « L'informatique n'est pas une science exacte, on n'est jamais à l'abri d'un succès »

  • « On peut toujours faire pire dans l'horreur »

  • « Si quelque chose peut mal tourner, alors cette chose finira infailliblement par mal tourner »

  • « Si, sur deux façons de faire quelque chose, au moins l'une peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu'un quelque part pour emprunter cette voie »

  • « Un emmerdement n'arrive jamais seul (loi de l'emmerdement maximal) »

  • « Les emmerdements volent toujours en escadrille » (Jacques Chirac) ou, dans sa version plus littéraire, « quand les malheurs arrivent, ils ne viennent pas en éclaireurs solitaires mais en bataillons » (Shakespeare, Hamlet)

  • « C'est en imaginant que rien (ou plus rien) ne peut nous arriver que tout peut nous tomber dessus (loi de l'emmerdement maximal) »

  • « C'est en imaginant que tout va nous tomber dessus que le pire reste « suspendu » jusqu'à ce qu'on imagine que plus rien ne peut nous arriver »

  • « En traitant quelqu'un d'autre comme du « menu fretin », on risque un jour de se retrouver à sa place, ou pire (loi : la roue tourne) ».



Cette réflexivité conduit à un syllogisme :

  • « Toute tentative ratée de mettre en évidence la loi de Murphy est une mise en évidence de la loi de Murphy ».



L'une des conséquences du caractère réflexif de la loi de Murphy est qu'elle n'est démontrable qu'à soi-même.
Ce serait alors toujours le jour où l'on se plaint d'un manque de chance récurrent que la chance tournerait.




# Lois dérivées ou apparentées


  • La loi de la tartine beurrée : « une tartine beurrée tombe toujours sur le côté beurré ».
    Application la plus célèbre de la loi de Murphy, elle fait l'objet d'une étude détaillée.
    Il s'agit également d'une expression parfois utilisée comme synonyme de « Loi de Murphy ».

  • La loi de l'emmerdement maximal ou loi de l'emmerde maximale ou LEM.
    Il semble que l'origine de cette loi soit militaire.
    Cette loi dispose que s'il y a une faille ou un défaut dans un plan de bataille, il y a de grandes chances pour que l'ennemi l'exploite, car invariablement il analysera toutes les options possibles.
    Cette loi est sans doute bien antérieure à la loi de Murphy, et il est possible qu'elle remonte à la Première Guerre mondiale.

  • L’effet démo : un objet, un logiciel, etc., utilisé au quotidien sans incident présentera nécessairement un dysfonctionnement lors d'une démonstration, surtout en public.
    On parle aussi du démon de la démo.
    Exemple : la présentation des différents Windows par Bill Gates (s'achevant par le célèbre écran bleu de la mort).

  • L'« effet Bonaldi », est le nom pour l’effet démo en France, en référence aux démonstrations ratées de l'animateur de télévision Jérôme Bonaldi sur le plateau des émissions Nulle part ailleurs ou On a tout essayé, alors qu'elles étaient réussies pendant les répétitions.
    Patrice Carmouze avait aussi les mêmes soucis dans l'émission de Christophe Dechavanne, Coucou c'est nous !.

  • La loi du Fatal Error (loi de Bouchard, du nom de son créateur, basée sur la loi de Murphy).
    La proportionnalité du risque d'un crash informatique (Fatal Error ou, sous Windows, le Blue Screen of Death) est inversement proportionnelle au nombre de sauvegardes faites. C'est-à-dire que, moins l'on sauvegarde souvent, plus le risque de « crash » est élevé.

  • L’effet groupe s'applique aux jeux.
    Quand on joue seul ou avec des personnes que l'on ne connaît pas, on est toujours gagnant.
    Mais dès que l'on joue en groupe, avec des personnes que l'on connaît très bien, cela devrait être forcément mieux, alors que c'est l'inverse qui se passe.
    On échoue systématiquement lamentablement.


  • La loi de Finagle :

    • « S'il existe une possibilité pour qu'une expérience échoue, elle échouera. »

    • « Si quelque chose de mal peut se produire, cela arrivera. »

    • Une version extrême de cette loi dit que « s'il y a la moindre possibilité que ça rate, ça ratera ; s'il n'y en a aucune, ça ratera quand même. »










# Lois scientifiques détournées

La loi de Finagle est parfois formulée ainsi : « La perversité de l'Univers tend vers un maximum », généralisation caricaturale du deuxième principe de la thermodynamique qui stipule que toute transformation réelle s'effectue avec création d'entropie ; l'entropie étant en quelque sorte le désordre de l'énergie, on peut présenter la seconde loi de la thermodynamique de manière un peu biaisée pour la faire apparaître comme une caution scientifique de la loi de Murphy ou de Finagle.

Une autre loi scientifique qu'on peut faire passer pour proche de la loi de Murphy est la loi de Lenz-Faraday.
Cette dernière décrit à la base le phénomène physique à l'origine du fait que le mouvement d'une barre de métal dans une spire crée un champ magnétique qui tend à déplacer la barre dans le sens opposé.
Vu plus largement, un mouvement crée lui-même une force qui s'oppose à lui.
Par extension, il est fait référence à la loi de Lenz pour caractériser tout phénomène se produisant (en apparence) à l'opposé de ce que l'on aurait souhaité.




# Corollaires et extensions

Corollaire de Finagle


Le corollaire de Finagle à la loi de Murphy, comme déjà mentionné, est rendu par la phrase : « Tout ce qui peut aller mal le fera au pire moment ».
Ce terme fut utilisé pour la première fois par John W. Campbell dans la revue Astounding Science Fiction (1940-1960).
Il n’eut jamais le même succès que la notion de « loi de Murphy ».

Une variante de cette loi est le « corollaire O’Tool de la loi de Finagle ».
Cette loi attribue la loi de Finagle à l’univers : « La perversité de l’univers tend vers un maximum ».

La loi de Finagle peut aussi être rapprochée de la notion de « résistentialisme » (à ne pas confondre avec resistencialisme) qui, traduit simplement, donnerait : « les objets inanimés se liguent contre nous ».
Cette notion a été travaillée par Fred Vargas dans son roman Pars vite et reviens tard, où le personnage de Joss Le Guern croit dur comme fer que les choses peuvent se liguer contre l’homme si on ne les traite pas avec assez de déférence.

Dans la série télévisée Star Trek, le Dr McCoy mentionne une boisson alcoolisée du nom de Finagles Foly (folie de Finagal) en référence à cette loi.

Autres corollaires



  • « À la fin tout tourne mal ; si ça semble s'arranger, c'est que ce n'est pas encore la fin »

  • « Rien n'est aussi facile qu'il n'y paraît »

  • « Toute chose prendra plus de temps que vous croyez »

  • « Toute solution amène de nouveaux problèmes »

  • « Laissées à elles-mêmes, les choses ont tendance à évoluer de mal en pis »

  • « Après que les choses sont allées de mal en pis, le cycle se répétera » : corollaire de Farnsdick

  • « Murphy était un optimiste » : commentaire de O'Toole sur la loi de Murphy

  • « N'attribuez jamais à de la malignité ce qui peut s'expliquer bien plus simplement par de la bêtise » : le rasoir d'Hanlon

  • L’échec critique : « L'échec a toujours lieu au moment le plus inopportun » (souvent cité dans les jeux de rôle)

  • « 90 % de toute chose est de la merde » : loi de Sturgeon

  • « D'abord les ennuis s'additionnent, ensuite ils se multiplient » : loi de Deniau

  • « La probabilité de dire quelque chose de stupide est proportionnelle à la culture de son interlocuteur » : corollaire de Numa

  • « Toutes les erreurs possibles ont déjà été faites. On réfléchit comment rendre les autres possibles » : proverbe de la Marine




Extensions



  • Le postulat de Zeev Sternhell, qui dit que « tout ce qui est aléatoire et matériellement possible, se produit nécessairement une infinité de fois durant l'éternité. »

  • La loi des séries, qui postule qu’un événement désastreux doit en entraîner d’autres, similaires, à sa suite.
    On dit alors qu'« un ennui n'arrive jamais seul », ou encore « il y a des jours comme ça, où on ferait mieux de rester au lit ». (Jacques Chirac disait que « les emmerdes volent toujours en escadrille »)
    D’un point de vue plus sérieux, les études montrent que la loi des séries est en fait un biais de l’esprit humain, qui a tendance à relever bien plus les successions exceptionnelles, même si elles ne sont, statistiquement, pas improbables, que les cas où justement les accidents ne se produisent pas en série

  • La loi de Stein : « si un phénomène ne peut continuer indéfiniment, il s'arrêtera ».
    Cette loi fut énoncée par Herbert Stein, président du Council of Economic Advisers, sous la présidence de Richard Nixon.
    Cette loi décrit les limites d'un système en déséquilibre, et peut être considérée comme un corollaire de la loi des séries décrite ci-dessus.

  • La loi de la trahison : « si un individu a les moyens, l'occasion et les motifs pour trahir, il trahira »

  • La loi du boomerang : une mauvaise action qui ne détruit pas l'adversaire entraîne en retour une vengeance plus terrifiante que l'action qui l'a suscitée.
    Les bombardements de Londres et de Coventry ont incité la Royal Air Force à entreprendre des bombardements stratégiques sur l'Allemagne et notamment, à raser la ville de Dresde le 14 février 1945

  • La loi du texte imparfait : un texte de loi aux termes équivoques sera utilisé par les juristes dans le sens qui leur semblera le plus avantageux à un moment donné.
    Un même juriste tournera la même loi dans des sens différents s'il y trouve son intérêt.

  • La loi du grain de sable : on peut réussir un exploit titanesque et être terrassé par une difficulté minime, un impondérable de dernière minute.
    Cette formule est due à Pascal : « Cromwell allait ravager toute la chrétienté ; la famille royale était perdue, et la sienne à jamais puissante, sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère. »
    Par extension on aboutit à l'effet papillon ou l'effet Quidamus

  • La loi de complexification : plus un plan est complexe, plus il risque d'échouer, plus il est simple, plus il a de probabilités d'aboutir.

  • La loi de la confiance : plus un individu insistera pour obtenir votre confiance, plus il risque de la trahir.

  • La loi du dictateur : plus un dictateur est sanguinaire, plus il sera adulé.

  • La loi de Munich : « les meilleures intentions entraînent les pires effets » (version moderne de l'adage : « l'enfer est pavé de bonnes intentions »).



Informatique

  • « Le prix d’un ordinateur baisse de 50 % le lendemain de son achat » : syndrome de l’Acheteur de la Veille

  • « L’erreur est humaine, mais pour provoquer une vraie catastrophe, il faut un ordinateur » : observation de Turnaucka

  • « Ne pensez jamais que ça va marcher au moment où vous en aurez le plus besoin » : règle de Base no 1 de l’Informatique

  • « Il n’y a pas de langage informatique dans lequel vous ne puissiez écrire de mauvais programme » : loi des Langages informatiques



Loi auto-appliquée

  • « La Loi de Murphy s'applique à elle-même ; elle ne se vérifie que lorsqu’on ne s’y attend pas et inversement » : Postulat de Murphy

  • « Toute loi de Murphy ou loi dérivée sera modifiée au fil des traductions, recopies et pillages jusqu’à ce qu’on ne puisse plus distinguer la version originale de la masse des versions dérivées » : corollaire appliqué aux Lois de Murphy

  • « Les choses prennent plus de temps que vous en prévoyiez, même si vous prenez en compte la Loi de Hofstadter » : loi de Hofstadter

  • « Toute tentative de démonstration d’une Loi de Murphy quelconque qui échoue prouve que la loi est exacte » : cercle vicieux de Cavey



Militaire

  • « En cas de doute, videz vos chargeurs. » Devise de Stallone

  • « Le travail d’équipe est fondamental, ça donne à l’ennemi d’autres cibles que vous. » Militarisation de la Huitième Règle de Finagle

  • « Si l’ennemi est à votre portée de tir, vous êtes aussi à sa portée. » Loi de Réciprocité

  • Après les déboires rencontrés lors du raid sur Entebbe, l'armée israélienne donnait cette interprétation de la loi de Murphy : « Dans toute opération, ce qui peut mal tourner tournera mal au pire moment »
  • « Il y a trois solutions à un problème. Dans l'ordre : la bonne, la mauvaise, et celle de l’état-major ».



Nature

  • « La mère nature est mauvaise. » ; variante plus triviale : « Mère nature est une salope. »

  • « La nature vous mentira si elle le peut. »



Politique

  • « La démocratie est le pire des régimes politiques, à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé. » Comparaison de Churchill.

  • « Les politiciens sont là pour régler les problèmes que l’on n’aurait pas s’il n’y avait pas de politiciens. » Premier article de la Constitution murphyque.

  • « Les lois sont des toiles d’araignée sur lesquelles restent les petites mouches.
    Mais vous pouvez être sûr qu’il y a des grosses mouches qui les traversent. » Loi sur la Loi.
    De même, le philosophe présocratique Anacharsis comparait les lois à des « toiles d’araignées qui n’attrapent que les petites mouches, mais laissent passer les guêpes et les plus gros bourdons ».

  • « Mieux vaut avoir des ennemis que des amis, les ennemis eux au moins sont fidèles. » Amère constatation de Cicéron



Probabilités

  • « La probabilité que quelque chose arrive est inversement proportionnelle à sa désirabilité. » Loi de Gumperson.

  • « La probabilité de gagner au loto est légèrement plus élevée si vous achetez un ticket. » Loi de Yellin

  • « L'ampleur de la catastrophe est directement proportionnelle au nombre de personnes qui regardent. » Corollaire de Stewart

  • « L'ampleur de la catastrophe est exponentiellement proportionnelle à l'importance du moment. » Corollaire de Stewart

  • « Plus ça rate, plus on a de chance que ça marche. » Devise Shadok.
    On peut aussi comparer cette idée à la célèbre citation de Rita Mae Brown souvent attribuée à tort à Albert Einstein : « Insanity is doing the same thing over and over again and expecting different results. » (« La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à attendre des résultats différents. »)

  • « Ce qui a une chance sur un million d'arriver se produit 9 fois sur 10. ». Issu des Livres du Disque-monde. Lien vers la fiche sur les annales du disque monde :



Productivité

  • « Le travail d’équipe est essentiel. Ça donne quelqu’un d’autre sur qui rejeter la faute. » Huitième Règle de Finagle

  • « Pour estimer le temps nécessaire pour une tâche, estimez le temps que cela devrait prendre, multipliez par deux, et changez l'unité de mesure pour la prochaine unité supérieure. On alloue ainsi deux jours pour une tâche d'une heure. » Règle de Westheimer

  • « Les affaires triviales sont réglées rapidement, les affaires importantes ne sont jamais résolues. » Loi de Gresham

  • « Les premiers 90 pourcents d'une tâche prendront les 10 pourcents du temps, et les derniers 10 pourcents prendront les autres 90. » Loi des 90/90 de la planification d'une tâche

  • « Celui qui travaille le moins aura le plus de crédit. » Loi des récompenses de Shapiro



Sciences

  • « La Science est la Vérité. Ne vous laissez pas tromper par les faits. » Dogme de Finagle

  • « La théorie, c’est quand ça ne marche pas, mais qu’on sait pourquoi.
    La pratique, c’est quand ça marche, mais qu’on ne sait pas pourquoi.
    Quand la théorie rejoint la pratique, ça ne marche pas et on ne sait pas pourquoi. ». Albert Einstein

  • « S’il existe une solution à N problèmes, alors elle engendrera (N+1) problèmes. » Algorithme de Valteau

  • « Si une expérience marche, quelque chose cloche. » Première Loi de Finagle



Vie quotidienne

  • « La file d’à côté avance toujours plus vite. » Théorème des Files d’Attente

  • « La probabilité que des amis viennent chez vous à l’improviste est inversement proportionnelle au niveau de remplissage du frigo. » Théorème de la Visite improvisée de Firwirr

  • « Vous ne retrouverez quelque chose qu’au dernier endroit où vous le chercherez. » Loi de Boob

  • « Quand on plonge un corps dans une baignoire, le téléphone sonne. » Loi d’Archimède-Bell énoncée par Pierre Desproges

  • « La meilleure des photos est celle qu’on n’a pas eu le temps de prendre. » Loi des Photos

  • « Un réservoir finit toujours par fuir et un écoulement par se boucher. »









# Quelques cas où la loi se démontre

Il existe quelques cas dans lesquels une analyse rigoureuse montre que l’effet négatif n'est pas une perception, mais a une explication logique.

File d'attente de supermarché, ou bouchon sur l'autoroute


Si l'on est dans une file d'attente quelconque, située entre deux autres, il y a deux chances sur trois que l'une des deux files adjacentes soit plus rapide que la sienne.
Cela est logique : de trois files, chacune n'a qu'une chance sur trois d'être la plus rapide, et la sienne ne fait pas exception.
Dans les faits, la probabilité d'être dans la moins rapide est de 33 %, tout comme dans celle qui est la plus rapide ou celle qui se trouve entre les deux.
Si dans un cas extrême, on considère la probabilité qu'au moins deux files avancent à la même vitesse, les probabilités sont de 50 % : soit les deux files qui avancent à la même vitesse sont plus rapides que la troisième file, soit elles sont plus lentes.

Évidemment il en va autrement dans la forme humoristique de cette loi : par exemple dans le film 35 heures, c'est déjà trop, chaque fois que le héros change de file, la file d’arrivée devient la plus lente.
Ce phénomène est également logique puisque le changement de file est collectif : la voie initialement la plus lente se retrouve libérée de plusieurs véhicules qui viennent alors bloquer les voies initialement plus rapides.

Deux chercheurs canadiens avancèrent en 1999 dans Nature une explication du phénomène.
Après avoir projeté un enregistrement de bouchon d'autoroute à des étudiants, filmé depuis l'intérieur d'une voiture pourtant située sur la file la plus rapide du bouchon, 70 % des étudiants ont eu l'impression d'être sur la file la plus lente.
Les étudiants ont donc mieux retenu les dépassements subis que les dépassements effectués.

Selon ces chercheurs, l'explication de ce biais de mémorisation repose sur deux paramètres :


  • premièrement, un paramètre émotif.
    Il est en effet particulièrement énervant de se faire dépasser, alors que dépasser est au mieux légèrement agréable.
    Donc l'on retient mieux les instants où le dépassement est subi, donnant l'impression d'avoir subi au bout du compte plus de dépassements que d'avoir dépassé.


  • deuxièmement, un paramètre mécanique.
    Lorsque l'on effectue un dépassement, l'autre file est totalement à l'arrêt : en une seconde, il est possible de dépasser jusqu'à trois voitures.
    Au contraire, lorsque l'on se fait dépasser, les voitures de l'autre file se mettent en marche une à une : un seul dépassement subi peut durer trois secondes par voiture. Donc, pour l'observateur, se faire dépasser dure jusqu'à trois secondes par voiture ; alors que dépasser ne dure qu'un tiers de seconde.
    On a alors l'impression de passer bien plus de temps à se faire dépasser qu'à dépasser, et par conséquent on a l'impression d'être sur la file la plus lente.



Attente d'un autobus


L'attente (de l'arrivée d'un autobus par exemple) est souvent plus longue que la durée prévue.
Ce phénomène, appelé le paradoxe de l'autobus, s'applique à certains problèmes de files d'attente.
Il est démontrable mathématiquement en utilisant la théorie des probabilités.

Supposons que le temps entre deux passages d'autobus soit modélisé par une exponentielle décroissante dont la moyenne est l'intervalle de temps moyen, fixons par exemple cinq minutes.
Alors, le temps moyen, pour un utilisateur se présentant à l'arrêt de bus, entre le bus précédent et le prochain est voisin de dix minutes, alors que des bus passent en moyenne toutes les cinq minutes, et cela simplement parce qu'il y a statistiquement une probabilité d'autant plus grande de tomber dans un intervalle donné que celui-ci est plus long.

Étude de cas : la loi de la tartine beurrée



La « loi de la tartine beurrée » énonce que la tartine tombe toujours du côté beurré.

Cette assertion a deux réponses :

  • que le côté beurré, surtout s'il s'y trouve également de la confiture, est peut-être tout simplement un peu plus lourd que l'autre (ce qui est scientifiquement faux : l'accélération ou le temps de chute ne dépendent que de la force de la gravité terrestre et pas de la masse de l'objet, la tartine n'atteint pas non plus une vitesse assez grande pour que les frottements avec l'air interviennent grandement, et enfin, le rapport épaisseur/largeur fait que le beurre est bien trop près du centre de gravité pour pouvoir imposer un moment suffisant à influencer tangiblement la rotation de la tartine

  • cela dépendrait de la hauteur de la table.
    En effet, les hauteurs de table courantes ne permettent pas à une tartine tombant d'une table d'effectuer une rotation complète afin d’atterrir sur son côté non beurré.



Études sur la probabilité
Dans le cas de la tartine beurrée, des études ont montré que la probabilité que cet énoncé se vérifie dépend fortement de la hauteur de la table, dans des conditions normales de beurrage (monoface) et avec des tartines standard.

Pour une hauteur de table standard, on démontre analytiquement que la tartine, habituellement beurrée sur sa face supérieure, aurait juste le temps d'effectuer un demi-tour lors de sa chute et ainsi de s'étaler irrémédiablement sur la face beurrée au sol (pour bien faire, il faudrait donc beurrer la face inférieure… ce qui est loin d'être facile sans retourner la tartine ; dans le cas contraire, la face inférieure deviendrait la face supérieure et tous nos efforts pour que le beurre ne touche pas le sol seraient inutiles).

De telles « recherches » ont été réalisées et publiées dans une revue scientifique.
Son auteur, Robert Matthews, physicien, membre de la Royal Astronomical Society et de la Royal Statistical Society, reçut le prix Ig Nobel de physique en 1996. Lien vers la fiche sur les prix Ig Nobel :
Ne pouvant se rendre à la cérémonie de remise des prix, il envoya un discours enregistré, qui pareil aux Murphy's Laws, arriva quatre jours après la cérémonie.

Il relança l'expérience en 2001.
Des écoliers de tout le Royaume-Uni ont réalisé 21 000 lancers de tartines.
Et il se trouva que le côté beurré obtint un taux de 62 %.
Ce qui permet de convaincre les personnes qui prétendent que la chute de la tartine est entièrement due au hasard.

« Grâce à cela, Robert Matthews a définitivement et doublement démontré, tant sur le plan théorique qu'expérimental que la nature a effectivement horreur du vide d'un parquet fraîchement nettoyé ! »

Si on regarde le phénomène d'un point de vue strictement mécanique, la densité du beurre est plus importante que celle du pain, ainsi la tartine est en équilibre instable : le centre de gravité est situé au-dessus du centre de surface.
Elle aura donc tendance à se retourner en position d’équilibre stable.

Du strict point de vue de la dynamique des solides, le mouvement de chute d’une tartine est totalement paramétrable et prévisible.
Le fait est que la chute de la tartine commence presque systématiquement par une rotation, que ce soit autour du rebord de la table ou autour d’un doigt de la main de laquelle s’échappe la tartine.
Ainsi, le côté sur lequel va atterrir la tartine dépend de deux choses: la vitesse de rotation initiale et la hauteur de chute.
Pour que la tartine tombe du côté sec, il faut qu’elle ait le temps de réaliser une rotation complète. Or, ceci dépend du temps dont elle dispose avant de toucher le sol.

La raison pour laquelle la tartine ne tombe pas toujours côté beurré est que la vitesse de rotation initiale n’est pas constante selon les personnes.
La vitesse angulaire de la tartine dépend de la vitesse de la tartine au bord de la table.
Une fois que le centre de masse de la tartine a franchi le bord de la table, elle se met logiquement à tomber.
Mais une partie de la tartine est encore contre la table, ce qui crée le mouvement de rotation.
Et la vitesse de la tartine franchissant le bord va influer sur le temps de contact de cette partie de la tartine, et donc la vitesse de rotation.
Si une tartine est poussée avec une vitesse plus grande, elle tournera moins vite. Si l’on venait à effectuer une campagne de test en ayant toujours les mêmes paramètres initiaux, on obtiendrait un taux de retournement, au choix, proche de 0 % ou proche de 100 %.

La loi du minimax fournit aussi une parade : beurrer sa tartine des deux côtés : l'un restera nécessairement intact.

Extensions humoristiques
Dans le cas de la loi de la tartine beurrée, les études rigoureuses ont montré que sur la probabilité de tomber du côté du beurre, la loi de Murphy fournit en fait une intuition qui se vérifie.

Toutefois, les spécialistes de l’humour portant sur la loi de Murphy ont proposé des corollaires qui rendraient la vie bien pire encore, s’ils n’étaient pas complètement injustifiables rationnellement.

L’un de ces corollaires propose que la probabilité de chute « côté beurre » (ou, si on a déjà admis que la chute finit toujours du côté du beurre, la probabilité de la chute elle-même) est proportionnelle, d'une part au prix de l'éventuel tapis, d'autre part au caractère récent du dernier nettoyage.
On peut de même proposer que ces probabilités croissent lorsque le beurre est recouvert de confiture ou de miel.

Enfin, la loi de la tartine beurrée possède un corollaire (le corollaire de Blumenfeld) : si vous beurrez une tartine et qu'elle tombe du côté non beurré, c'est que vous aviez beurré le mauvais côté.

Paradoxe du chat beurré
Prendre à la lettre la loi de la tartine beurrée fixée sur le dos d'un chat a abouti à une autre plaisanterie : le Paradoxe du chat beurré ou paradoxe de la lévitation félino-tartinique.
Celui-ci indique que :


« Les lois de la tartine beurrée stipulent de manière définitive que le beurre doit toucher le sol, alors que les principes de l'aérodynamique féline réfutent strictement la possibilité pour le chat d'atterrir sur le dos. Si l'assemblage du chat et de la tartine devait atterrir, la nature n'aurait aucun moyen de résoudre ce paradoxe. C'est pour cela qu'il ne tombe pas. »

— Marcel Gotlib dans la Rubrique-à-brac


Alan Moore base également une histoire de Jack B. Quick sur ce paradoxe.

Quant à Steven Wright, il s'interroge en ces termes :

« Si une tartine tombe toujours du côté beurré, et qu'un chat retombe toujours sur ses pattes, que se passe-t-il si on laisse tomber un chat sur le dos duquel on a attaché une tartine beurrée ? »








# Application à la démarche de conception

La loi de Murphy est à l'origine du concept de « defensive design » (ergonomie de sécurité ou conception de sûreté) qui préconise de concevoir les objets pour qu'ils présentent la plus faible probabilité de mauvaise utilisation (par l'ajout de détrompeurs, par exemple).

L'objectif du « zéro défaut » étant posé clairement, la parade est l'idée de systèmes avec lesquels on ne peut pas se tromper, dits en Allemagne Idiotensicher, et dans les pays anglophones fool-proof (« à l'épreuve des imbéciles »).
Mais derrière cette « parade » se cache en réalité une démarche fondamentale appelée l'analyse de la valeur, et caractérisée par la boîte noire de la psychologie.





# Dans la culture populaire

Cinéma

  • Dans La Guerre de Murphy (1971) de Peter Yates.

  • Dans La Loi de Murphy (1986) de J. Lee Thompson.

  • Dans La Loi de Murphy (2009) de Christophe Campos.

  • Dans Interstellar (2014) de Christopher Nolan, la loi de Murphy est un thème récurrent ; la fille du personnage principal tient d'ailleurs son prénom de cette même loi.

  • Dans Love (2015) de Gaspar Noé, le personnage principal du film (nommé Murphy) trompe sa femme avec la voisine, qui tombe enceinte après que le préservatif s'est déchiré. Lorsque le spectateur commence à comprendre les enjeux de cette erreur, s'affiche à l'écran un carton définissant la loi de Murphy.

  • Dans Le Tout Nouveau Testament (2015) de Jaco Van Dormael, Dieu est vu en train d'inventer plusieurs corollaires à la loi de Murphy. Il sera par ailleurs lui-même victime du corollaire de Blumenfield, qui énonce : « Toute tartine tombera du côté du beurre [« de la confiture » selon la formulation du film], sinon elle n'a pas été beurrée du bon côté. »



Télévision

  • Dans la série télévisée The 100 (2014), l'épisode « La Loi de Murphy » (saison 1, épisode 4).

  • Dans la série L'amour et la loi de Murphy (2015), un drama taïwanais portant sur une femme menant une vie basée sur la loi de Murphy.

  • Dans la série télévisée d'animation La Loi de Milo Murphy (2016).

  • Dans la série Maniac (2018).

  • Dans la série animée F is for Family, l'épisode 2 de la saison 2 (2017) a pour titre en version française : La Loi de Murphy (en version originale : A Girl Named Sue).

  • Dans la série Z Nation, le héros se nomme Murphy, en référence à son créateur car jamais rien ne se passe comme il le souhaiterait, avec toujours un échec à la fin.



Musique

  • Murphy's Law, le nom d'un groupe de rock

  • La Loi de Murphy, une chanson interprétée par la chanteuse Angèle

  • Murphy's Law, chanson interprétée par le groupe Chéri en 1982.



Jeux vidéo

  • Dans le jeu Half-life: Opposing Force (1999), le manuel du joueur comporte des références à la loi de Murphy, adaptée aux militaires.













Waha

Monsieur Phi [Philosophie] [GON] - Dim 5 Avr 2020 - 18:49









Voici la chaîne de Thibaut Giraud, alias Monsieur Phi, un vulgarisateur de philosophie !
Qui traite de beaucoup de sujet comme les dilemme moraux, et tous les trucs de philo...



– Monsieur Phi sur son site –

Prof de philo devenu Youtuber. Je fabrique des vidéos qui traitent de questions telles que : La liberté est-elle un superpouvoir ? (Et si oui, avons-nous des superpouvoirs ?) Ou encore : Suis-je la même personne que j’étais hier et que je serai demain ? (Et que se passe-t-il si je prends un téléporteur à la Star Trek ?)

Je parle de philosophes doutants comme Descartes ou redoutables comme Nietzsche, mais aussi d’écrivains doubleplusbon comme Orwell, et même du fascinant théorème de Bayes et de l’éventuelle probabilité que nous soyons tous des simulations. J’aime les expériences de pensées, les paradoxes logiques et les monstres verts.

Mes vidéos s’adressent à toute chose pensante et curieuse (et notamment aux lycéens perplexes devant cette nouvelle discipline).

Par ailleurs, je co-anime le podcast Axiome avec Lê de l’excellente chaîne Science4All où nous parlons librement de divers sujets scientifiques et philosophiques ! Il s’est d’ailleurs prêté au jeu d’expériences de pensée morale dans une de mes vidéos…




Voici la bande annonce de la chaîne :
https://youtu.be/eXsXTGT0Fx8


Quelques playlistes :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLuL1TsvlrSncCs_Yew_gj-4IwOXG6q1gi
https://www.youtube.com/playlist?list=PLuL1TsvlrSndG1xYLRsaNvSM46lOkOg2W
https://www.youtube.com/playlist?list=PLuL1TsvlrSnfFoWrxq-ai2tSWABRroQKT
https://www.youtube.com/playlist?list=PLuL1TsvlrSnc7Y9GTG8I-5hOUWGLz15Ju









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