la nouvelle republique a écrit:Pendant plusieurs années, un père a agressé sexuellement ses deux petites filles. Il a été condamné à quatre ans de prison ferme.
Elles sont aujourd'hui deux jeunes femmes qui ont réussi à se construire une vie « normale ». Lors de l'audience, hier, au tribunal correctionnel de Tours, elles ont fait face à celui qui a abusé d'elles alors qu'elles n'étaient que des enfants : leur père.
L'aînée, âgée aujourd'hui de 28 ans, a subi des agressions sexuelles répétées une à trois fois par semaine, entre 1992 et 1998. La première fois : elle n'avait que 6 ans. Tout comme sa cadette, âgée de 10 ans de moins, qui sera victime d'attouchements entre 2002 et 2006.
Ce n'est qu'en 2009 que la plus âgée des deux sœurs, 23 ans à l'époque, parle à sa mère des faits, alors que cette dernière vient de quitter leur père et que la séparation ne se passe pas très bien. Suite à ces révélations, la mère interroge sa seconde fille, qui se confie alors.
Comme dans de nombreuses affaires similaires, les victimes parlent souvent longtemps après les faits. Et les raisons sont souvent les mêmes : « C'était notre père, donc on n'a rien dit. On avait honte. »
Élevé " à la dure "
Le père a d'abord nié les faits lors de sa garde à vue devant les gendarmes, avant de les reconnaître en partie. S'il concède avoir « touché » la plus jeune à plusieurs reprises, il affirme en revanche n'avoir « caressé » sa fille aînée qu'une fois.
C'était dans la cuisine. Il dormait, elle était sur ces genoux. Il aurait rêvé et, croyant être avec son épouse, aurait mis la main dans la culotte de la petite. Explication qui rend la présidente du tribunal dubitative. Le prévenu, aujourd'hui âgé de 61 ans, campe sur sa version. L'aînée aussi.
Il y a bien eu des abus répétés. Le père n'a jamais montré beaucoup d'affection pour ses filles. « Vous étiez souvent à la chasse, vous vous occupiez du sanglier », lance la présidente. Car, à l'époque, l'homme a « adopté » cet animal qui dort au pied du lit conjugal. « Le matin, il venait nous lécher la figure », raconte le prévenu.
Pour justifier ses actes sur la cadette, le père affirme qu'il était « dépressif ». Mais ces agressions auraient aussi une autre explication : l'homme accuse son ex-femme de dépenser trop d'argent. La présidente le questionne alors : « Vous avez agressé sexuellement vos enfants parce que votre épouse ne gérait pas bien l'argent du ménage. Est-ce que, parce qu'on a des problèmes d'argent, on abuse de ses enfants ? »
Le prévenu, peu loquace et ayant du mal à prononcer des phrases construites, élude en quelque sorte la question et évoque son enfance difficile. Il a été élevé « à la dure », dans une ferme. Frappé par son père, il lui arrivait d'être enfermé dans une cave. Une fois, pour le punir, ses parents lui avaient posé les mains sur la cuisinière brûlante.
Et c'est dans ce contexte qu'il a commis sa première agression sexuelle, sur sa sœur, qui a aussi subi des abus de la part de son père et d'un autre de ses frères. L'avocat de la défense a d'ailleurs insisté sur l'importance de prendre en compte ce passé difficile dans le jugement.
Le procureur a requis cinq ans de prison, dont la moitié avec sursis, avec mandat de dépôt. Le tribunal l'a condamné à quatre ans de prison ferme et un avec sursis. Il a été placé immédiatement en détention à la maison d'arrêt de Tours.
source : la nouvelle republique