Les bombardements atomiques d'août 1945.
Ne sachant trop quoi faire chez moi, j’opte pour thématique sympathique pour vous présenter un nouveau sujet : les bombardements atomiques américains sur les villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki.
Que les âmes sensibles ne soient pas choquées quand je parle d’une thématique sympathique pour ces événements tragiques, mais j’avoue sincèrement avoir une fascination morbide pour tout ce qui touche de près ou de loin au nucléaire (trop de SF postapocalyptique désolé).
Ces deux bombardements atomiques ont lieu respectivement les 6 et 9 août 1945. Alors qu’en Europe la guerre est terminée depuis quelques mois, dans le Pacifique celle-ci fait encore rage, cependant elle s’approche de la fin.
# Le projet Manhattan
Ainsi est nommé le projet qui doit permettre aux USA de développer la bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale. Sans trop développer sur ce projet, il est une collaboration entre les USA, la Grande-Bretagne, le Canada et différents scientifiques européens.
Le projet est initié en 1939 mais c’est de 1942 à 1946 qu’il atteint une importance considérable avec triste apogée les bombardements de 1945.
Il ne faut pas penser que ce projet a pour objectif une production en série de bombes atomiques. Toutefois, avant les 6 et 9 août 1945, un test est effectué dans le désert du Nouveau-Mexique. Il s’agit de la bombe atomique Trinity qui explose le 16 juillet 1945. Le but est d’effectuer une série de mesures. Cependant, les mesures sont bâclées, notament pour ce qui concerne le dégagement des radiations. Je précise de suite cette information pour bien faire comprendre que les Américains avaient parfaitement conscience de la puissance destructrice de leur bombe, mais qu’ils n’avaient pas réellement conscience du drame qui sera plus tard causé par les radiations émises lors de l’explosion.
# Pourquoi les bombardements atomiques ?
Dans les jours qui précédent l’envoie des deux bombes sur le Japon, les deux principaux belligérants du Pacifique (USA et Japon) sont en pleine négociation pour arrêter la guerre.
Sachant cela, on se demande la ou les raison(s) qui ont poussé les Américains à annihiler deux villes japonaises avec cette arme.
Les historiens ont avancé plusieurs hypothèses :
- venger les soldats tombés lors de la guerre du Pacifique, mais peu probable. Le Japon subissait déjà des attaques très meurtrières de l’aviation américaine (bombes incendiaire sur Tokyo par exemple, sur des maisons traditionnelles en bois, je vous laisse imaginer l’ampleur du massacre) ;
- volonté d’éviter un débarquement sur l’archipel nippon et ainsi économiser des vies de soldats, peu probable là aussi car les deux pays étaient en pleine négociation ;
- montrer au véritable ennemi des Américains et des Occidentaux en cette année 1945 de quoi sont capable les USA. En gros, montrer à l’URSS de Staline que les USA disposaient d’une arme capable d’annihiler ses principales villes et lieux de productions industriels en quelques secondes. Car en 1945, même au début de l’année, Allemagne et Japon sont déjà vaincus même s’ils résistent encore, par contre les Soviétiques avancent en Europe vers l’Ouest et ils voudraient bien gagner quelques positions en Asie. Dès 1945 on constate que le monde occidental et l'URSS sont appelés à s'affronter pour l'hégémonie du monde.
Cette dernière hypothèse est souvent ignorée, même si reconnue par de plus en plus d’historiens. Nous voici en présence de la logique froide, pure et dure des temps de guerre.
La décision de lancer les deux bombes revient au président des USA : Truman.
Il ne faut pas penser que seules les cibles d’Hiroshima et Nagasaki étaient possibles. Les Américains ont envisagé aussi de bombarder des villes comme Tokyo la capitale du Japon, Kyoto l’ancienne capitale du pays. Des villes comme Tokyo, Kyoto, Hiroshima, Nagasaki, Kokura avaient un lien très fort avec l’histoire impériale et donc la dynastie régnante sur l’archipel. De plus, dans la plupart des cibles envisagées on trouvait aussi des bases militaires ou des sites industriels.
# Une histoire d’ultimatum.
Autre problème qui se pose entre le Japon et les USA, se sont les conditions de la reddition de ce premier. Vers la fin de la guerre, l’empereur japonais, Hirohito reprend peu à peu la main sur les militaires japonais. Toutefois, durant les négociations avec les USA, le Japon et Hirohito en tête refusent de capituler sans conditions. Ainsi le Japon qui accepte l’idée de se rendre et de cesser la guerre, demande aux USA certaines conditions pour signer la fin des combats. Le Japon demandait un désarmement des forces nippones de leur propre chef, le jugement des criminels de guerres japonais par le Japon, l’absence de troupes alliées occupant l’archipel et le maintien de l’autorité impériale. Les USA demandent au contraire une reddition sans conditions du Japon, ce qui mènerait les alliés à pouvoir décider de tout concernant le Japon et donc imposer des décisions. Là où tout se complique se sont des négociations supplémentaires et secrètes entre le Japon et l’URSS.
Fin juillet et début août la situation est littéralement explosive. Après un ultimatum américain datant du 26 juillet, un rejet japonais le 28, des conflits familiaux dans la famille impériale japonaise, la crise semble s’éterniser.
L’ordre d’envoyer les bombes sur le Japon est plus ou moins décidé dès le 21 juillet. Et parallèlement aux négociations et à l’ultimatum, celui-ci est relayé à diverses composantes dans le but de préparer l’opération le plus rapidement possible au cas d’échec des pourparlers. Avec le refus de l’ultimatum par le Japon le 28 juillet, l’utilisation des bombes semble inéluctable pour les forces armées américaines.
# L'équipage de l'Enola Gay.
L'Enola Gay est le B-29 qui lance la bombe atomique Little Boy sur Hiroshima le 6 août 1945. Son équipage comprend 12 hommes:
- le colonel Paul Tibbets (pilote), décédé le 1er novembre 2007 ;
- le capitaine Robert Lewis (copilote), décédé le 18 juin 1983 ;
- le major Thomas Ferebee (bombardier), décédé le 16 mars 2000 ;
- le capitaine Theodore « Dutch » Van Kirk (navigateur) ;
- le lieutenant Jacob Beser (contre-mesures), il sera le seul homme à naviguer sur les deux B-29 utilisés pour larguer les bombes atomiques, décédé le 16 juin 1992 ;
- le capitaine de l'US Navy William Sterling Parsons (armement bombe), décédé le 5 décembre 1953 ;
- le second lieutenant Morris R. Jeppson (assistant armement bombe), décédé le 30 mars 2010 ;
- le sergent Joe Stiborik (radar), décédé le 30 juin 1984 ;
- le sergent George R. Caron (mitrailleuse arrière). C'est grâce à lui qu'il existe des photos du champignon nucléaire ; il fut le seul dans l'appareil à voir celui-ci se former, décédé le 3 juin 1995 ;
- le sergent Robert Shumard (assistant ingénieur de vol), décédé le 24 avril 1967 ;
- le première classe Richard Nelson (radio), décédé le 1er février 2003 ;
- le sergent technique Wyatt E. Duzenbury (assistant ingénieur de vol), décédé le 31 août 1992.
Une partie de l'équipage avec l'avion et Paul Tibbets au centre.
Paul Tibbets est connu comme l'un des hommes les plus durs de toute l'histoire de l'humanité. Jamais il n'a exprimé le moindre regret, à la différence de son copilote par exemple. Paul Tibbets a toujours été fier d'avoir participé à cette mission. Il déclara un jour que si s'était à refaire et n'importe où, il le ferait avec joie. D'ailleurs, le choix du pilote n'est pas un hasard pour cette mission.
# Le bombardement d'Hiroshima.
Cette ville était la cible prioritaire pour une telle attaque. Le jour du 6 août 1945, les autres cibles potentielles sont recouvertes par les nuages, Hiroshima elle connait un ciel dégagé. Toutefois les Américains ne laissent rien au hasard, d'autres B-29 sont envoyés vers les autres cibles potentielles, juste en cas d'échec sur Hiroshima.
Il ne faut pas penser que l'Enola Gay est le seul bombardier envoyé au-dessus d'Hiroshima. Peu de temps avant son arrivée sur les lieux, un B-29 de reconnaissance avait été envoyé sur place. De plus, l'Enola Gay par deux autres appareils dans le but de prendre des mesures après l'explosion de Little Boy et de filmer l'explosion.
La cible de Little Boy était le pont Aioi, dans le centre d'Hiroshima. Ce pont qui est en forme de T était facilement reconnaissable vu du ciel.
La bombe est lancée à 8h15 du matin, elle chute pendant une quarantaine de secondes avant d'exploser à 580 mètres d'altitude. L'énergie dégagée par l'explosion de Little Boy équivaut à 15 000 tonnes de TNT. Une immense bulle de gaz de 400 mètres de diamètres se forme au-dessus de la ville. En-dessous de cette bulle, la chaleur dégagée est immense (autour des 4000 degrés). Violence de l'explosion, le souffle dégagée par celle-ci, chaleur intense. En plus de cela s'ajoutent des incendies qui se forment un peu partout. Des vents violents accompagnent cette scène apocalyptique, entraînant avec eux une véritable tempête de feu.
Une fois cette scène infernale achevée, les radiations commencent à faire leur œuvre.
Sur cette image nous voyons l'un des rares bâtiments encore "debout" après l'attaque. On peut encore voir les restes aujourd'hui.
Pour la prochaine, âme sensible s'abstenir, car je poste des images de personnes brûlées pendant l'explosion.
- Spoiler:
Sur un diamètre de deux kilomètres, il n'y a plus rien. Tout a disparu. Quelques survivants, gravement brûlés, recherchent à boire et à manger sans savoir qu'ils vont être victimes des radiations. Selon les estimations les plus récentes, il y avait un total de 390 000 habitants à Hiroshima, entre 90 000 et 140 000 auraient trouvé la mort.
Je ne vais pas vous décrire tous les types de blessures, se serait long et trop morbide je trouve. Juste pour être très rapide sur la question, on a des victimes du flash lumineux de l'explosion, des incendies, de l'onde de choc, de la chaleur, des radiations.
# Pourquoi une seconde attaque sur Nagasaki?
La découverte de l'attaque atomique américaine sur Hiroshima choqua considérablement les autorités japonaises. Toutefois l'empereur du Japon continua d'ignorer l'ultimatum américain, espérant toujours quelques débouchés de ses négociations avec l'URSS. Toutefois, le président des USA lança un second ultimatum au Japon avant de décider d'une nouvelle attaque. Dans le même temps, les bombardiers américains lancent des pamphlets sur plusieurs villes japonaises le 8 août, encourageant les populations à se soulever contre leurs autorités et contre l'empereur afin d'éviter une nouvelle attaque de la même ampleur que celle d'Hiroshima.
Le Japon passe sous silence le second ultimatum. Toutefois, à cause de l'attaque du 6 août, les négociations avec l'URSS cessent. Staline est en effet dos au mur, il ne s'attendait pas à cela. Il cesse les négociations et déclarent l'entrée en guerre de l'URSS contre le Japon.
N'ayant aucun réponse sur leur ultimatum, les Américains sous les ordres du président Truman optent pour un second bombardement.
# Nagasaki
Cette fois c'est un B-29 nommé Bockscar qui s'envole, emportant avec lui la bombe Fat Man.
Le Bockscar et son équipage.
Le Bockscar aujourd'hui au musée national de l'US Air Force.
Je vais être plus bref que pour Hiroshima ici. Toutefois, un autre appareil accompagnait celui qui transportait la bombe. Cet autre appareil largua quelques minutes avant la bombe des appareils de mesure qui devaient récolter des données diverses pendant l'explosion.
L'explosion fut similaire à celle d'Hiroshima bien entendu. Selon une estimation récente, sur 280 000 habitants, il y eut entre 60 000 à 80 000 morts.
La bombe qui annihila Nagasaki était plus puissante, une énergie équivalent à 20 000 tonnes de TNT fut dégagée. Au centre de Nagasaki les dégâts sont plus importants qu'à Hiroshima, cependant la ville étant composée de collines, cela à atténué les destructions.
# Le Japon se rend aux Alliés.
Une troisième bombe existait et donc un troisième bombardement était envisageable. Mais avec deux villes détruites et l'attaque des forces soviétiques sur certains territoires japonais, forcent l'empereur Hirohito à accepter l'ultimatum de Truman. Cette fois le Japon se rend sans conditions.