Bien le bonjour.
Aujourd’hui je me lance dans un nouveau sujet très massif : un dossier portant sur le shintoïsme ou la religion shinto. Je tiens à préciser que malgré quelques connaissances sur le sujet, je vais découvrir ou redécouvrir la plupart des éléments dans la préparation du dossier en question.
Je vais commencer par quelques éléments simples mais très importants pour comprendre le shintoïsme.
Le shintoïsme est la religion la plus ancienne et majoritaire du Japon. Elle compte en effet plus de 36 millions de fidèles dans le pays. Il s’agit aussi de la seule religion d’origine autochtone, c’est-à-dire originaire du Japon que l’on trouve aujourd’hui dans toutes les croyances présentes dans ce pays.
Autre élément de base, le shintoïsme est un mélange de polythéisme (le fait de croire en plusieurs dieux) et d’animisme (la croyance en une âme, une force vitale qui va animer les êtres vivants, les objets et les éléments naturels).
Cette religion est très liée à la nature. Dans le shintoïsme, la nature tout entière est une manifestation du divin. Le positif découle de la pureté et de l'harmonie, le négatif coïncide avec l'impureté. Le croyant se doit donc de rechercher la pureté intérieure pour vivre en harmonie avec la nature et préserver l'ordre naturel. Il doit vénérer la nature et les esprits qui l'habitent.
Pour moi il était essentiel de commencer par ces quelques informations que je juge primordiales pour bien comprendre toute la complexité de cette religion. Je vous propose maintenant de rentrer plus avant dans l’étude de la religion shinto.
Les fondements de la religion shinto.
Comme je viens de le dire, la religion shinto se base sur des éléments de polythéisme et d’animisme. Certain(e)s doivent me voir arriver avec mes gros sabots et à juste raison ils vont penser aux kamis. Et j’y viens justement.
Les kamis sont les esprits présents dans toute chose: la terre, le ciel, les animaux, les végétaux, les minéraux mais aussi les ancêtres. À travers eux, c'est la puissance et les caprices de la nature que les croyants tentent d'apprivoiser. C’est un élément constant des plus anciennes religions, la crainte de la nature et le besoin de se rassurer via une croyance. Le Japon étant en plus un pays plus soumis que d’autres aux forces de la nature, nous comprenons déjà mieux le pourquoi du comment.
Il existe de très nombreux kamis, différents dans chaque ville et village. Certains lieux sont sacrés et considérés comme des kamis, par exemple, certaines cascades. Le mont Fuji, en plus d'être le symbole de la nation japonaise, est considéré ainsi comme un kami.
On ne vénère pas à proprement parler les kamis, mais on s'assure de leur protection et de leur bienveillance. On prend garde de ne pas les froisser car tous les kamis peuvent être, comme la nature, à la fois bons et mauvais. Si on vexe un kami, il faut procéder à des rites de purification pour que l'ordre des choses soit rétabli. On en revient à l’idée d’harmonie qu’il faut préserver ou retrouver si l’équilibre devait être brisé.
La mythologie shinto et les empereurs du Japon.
Les traditions, coutumes et légendes du Japon établissent une mythologie, qui légitime le pouvoir des empereurs japonais.
Deux divinités, Izanagi et Izanami, sa sœur, ont créé le monde constitué de toutes les divinités de la nature, notamment Amaterasu (déesse du Soleil), Tsukiyoni (dieu de la lune) et Susanoo (dieu de la tempête). Ninigi, le petit fils d'Amaterasu, est à l'origine de la lignée des empereurs qui sont les seuls kamis incarnés en humains.
En témoignage de leur divinité, les empereurs détiennent trois objets apportés sur terre par Amaterasu, les « trois trésors sacrés ». Cette mythologie a été mise par écrit en 712, à la demande de l'empereur dans un ouvrage appelé le Kojiki. Un autre livre rédigé huit ans plus tard, le Nihon-shoki, reprend les mêmes thèmes et insiste sur l'origine divine des empereurs.
Le pouvoir impérial s'impose aux shoguns en 1868. Le shintoïsme devient alors la religion officielle de l'état japonais en 1871.
En 1945, après la Seconde Guerre mondiale, l'empereur Hirohito doit renoncer à se prétendre d'origine divine, perd la plupart de ses pouvoirs politiques et le shintoïsme rejoint la sphère privée.
Pratiquer la religion shinto.
Ce qui caractérise le culte shinto, c'est son caractère local. Chaque temple est consacré à un kami spécifique à la ville ou au village auquel on rend un culte particulier, différent dans chaque temple.
Le croyant peut communiquer avec les kamis ou vénérer les ancêtres en se rendant dans un sanctuaire, lieu symbolique de résidence des kamis. Les sanctuaires sont en général situés loin des habitations, entourés de végétation et proches d'une rivière, symbole de pureté. Cependant on trouve également et un peu partout de petits sanctuaires à une échelle ultra-locale (dans une rue, devant une maison par exemple).
La visite au sanctuaire doit suivre trois rites successifs : la purification dans la fontaine placée devant le temple ; les fidèles se lavent les mains et se rincent la bouche purifiant ainsi leurs corps à l'intérieur et à l'extérieur, les offrandes et la récitation de prières.
Les sanctuaires ne sont pas que des lieux de prières, ce sont aussi des lieux de fête et de divertissement destinés à réjouir les kamis. Le culte shintoïste comprend également de nombreuses fêtes et pèlerinages.
Voilà pour le moment. Tout les éléments donnés forment une base à posséder pour entrer plus en profondeur dans la religion shinto. Ce sujet sera complété par mes soins à l'avenir, ensemble nous continuerons ainsi la découverte fabuleuse de cette religion particulièrement intéressante.
Voilà la légende d'Izanagi et d'Izanami.
En feuilletant Mythes, rêves et mystères de Mircea Eliade, je viens de trouver d’autres éléments et une autre version du mythe d’Izanagi et Izanami.
Au commencement, le Ciel et la Terre, Izanagi et Izanami, n’étaient pas séparés. Ensemble ils constituaient un chaos qui ressemblait à un œuf, au milieu duquel se trouvait un germe.
Attention : la notion de chaos dans les mythes est très complexe. Par exemple dans le mythologie grecque, le Chaos est une sorte de trou dans l’espace qui comprend lui-même un espace qui est sans être et surtout sans fin.
Non seulement le Ciel et la Terre n’existent pas mais il en va de même pour les notions de mâle et femelle. Donc ici, notre chaos japonais représente la totalité parfaite ainsi que l’androgynie. La séparation du Ciel et de la Terre marque l’acte cosmogonique (la Création) et surtout l’acte de rupture de l’unité primordiale et donc le commencement de toute chose.
La première phase de la création selon cette version se présente de la manière suivante :
- il y a une petite île qui est instable et cernée par la mer, au milieu de cette île se tient un roseau. C’est de ce roseau que naissent les dieux. Ce roseau est le germe qui se trouvait au milieu du chaos en forme d’œuf ;
- en se séparant, le Ciel et la Terre se manifestent également sous la forme humaine d’un mâle et d’une femelle ;
- trois divinités célestes ordonnent au Ciel et à la Terre d’achever et de parfaire la Création, c’est-à-dire de créer le Japon. D’après un texte cosmologique japonais, le Kojiki, on ne peut pas savoir si les trois divinités célestes existaient avant la séparation du Ciel et de la Terre, ou si elles sont apparues après la séparation ;
- il semble en aller de même avec un autre texte cosmologique japonais : le Nihongi.
Nous avons donc affaire à deux traditions distinctes et contradictoires ici : d’après la première, le Cosmos dérive spontanément d’un œuf primordial où les deux principes polaires coexistent et d’après la deuxième, les dieux célestes se trouvaient depuis toujours au Ciel, et ce sont eux qui ont ordonné la Création.
Mais nos dieux célestes par contre n’interviennent pas dans la Création, ils ordonnent à Izanami et Izanagi de continuer et d’achever celle-ci, mais guère plus.
Plus intéressant encore : quand le Ciel et la Terre s’unissent, les dieux célestes annulent le premier rite parce que la Terre a parlé la première. C’est au Ciel et donc au mari de parler le premier et la femme ne doit que répéter la formule. On perçoit ici le conflit de deux visions, deux idéologies : la matriarcale et la patriarcale et surtout le triomphe de cette dernière.
Au moment de la séparation définitive du Ciel et de la Terre, Izanagi monte au ciel et Izanami descend pour toujours dans les régions souterraines, elle devient alors la déesse des morts.
Aujourd’hui je me lance dans un nouveau sujet très massif : un dossier portant sur le shintoïsme ou la religion shinto. Je tiens à préciser que malgré quelques connaissances sur le sujet, je vais découvrir ou redécouvrir la plupart des éléments dans la préparation du dossier en question.
Je vais commencer par quelques éléments simples mais très importants pour comprendre le shintoïsme.
Le shintoïsme est la religion la plus ancienne et majoritaire du Japon. Elle compte en effet plus de 36 millions de fidèles dans le pays. Il s’agit aussi de la seule religion d’origine autochtone, c’est-à-dire originaire du Japon que l’on trouve aujourd’hui dans toutes les croyances présentes dans ce pays.
Autre élément de base, le shintoïsme est un mélange de polythéisme (le fait de croire en plusieurs dieux) et d’animisme (la croyance en une âme, une force vitale qui va animer les êtres vivants, les objets et les éléments naturels).
Cette religion est très liée à la nature. Dans le shintoïsme, la nature tout entière est une manifestation du divin. Le positif découle de la pureté et de l'harmonie, le négatif coïncide avec l'impureté. Le croyant se doit donc de rechercher la pureté intérieure pour vivre en harmonie avec la nature et préserver l'ordre naturel. Il doit vénérer la nature et les esprits qui l'habitent.
Pour moi il était essentiel de commencer par ces quelques informations que je juge primordiales pour bien comprendre toute la complexité de cette religion. Je vous propose maintenant de rentrer plus avant dans l’étude de la religion shinto.
Les fondements de la religion shinto.
Comme je viens de le dire, la religion shinto se base sur des éléments de polythéisme et d’animisme. Certain(e)s doivent me voir arriver avec mes gros sabots et à juste raison ils vont penser aux kamis. Et j’y viens justement.
Les kamis sont les esprits présents dans toute chose: la terre, le ciel, les animaux, les végétaux, les minéraux mais aussi les ancêtres. À travers eux, c'est la puissance et les caprices de la nature que les croyants tentent d'apprivoiser. C’est un élément constant des plus anciennes religions, la crainte de la nature et le besoin de se rassurer via une croyance. Le Japon étant en plus un pays plus soumis que d’autres aux forces de la nature, nous comprenons déjà mieux le pourquoi du comment.
Il existe de très nombreux kamis, différents dans chaque ville et village. Certains lieux sont sacrés et considérés comme des kamis, par exemple, certaines cascades. Le mont Fuji, en plus d'être le symbole de la nation japonaise, est considéré ainsi comme un kami.
On ne vénère pas à proprement parler les kamis, mais on s'assure de leur protection et de leur bienveillance. On prend garde de ne pas les froisser car tous les kamis peuvent être, comme la nature, à la fois bons et mauvais. Si on vexe un kami, il faut procéder à des rites de purification pour que l'ordre des choses soit rétabli. On en revient à l’idée d’harmonie qu’il faut préserver ou retrouver si l’équilibre devait être brisé.
La mythologie shinto et les empereurs du Japon.
Les traditions, coutumes et légendes du Japon établissent une mythologie, qui légitime le pouvoir des empereurs japonais.
Deux divinités, Izanagi et Izanami, sa sœur, ont créé le monde constitué de toutes les divinités de la nature, notamment Amaterasu (déesse du Soleil), Tsukiyoni (dieu de la lune) et Susanoo (dieu de la tempête). Ninigi, le petit fils d'Amaterasu, est à l'origine de la lignée des empereurs qui sont les seuls kamis incarnés en humains.
En témoignage de leur divinité, les empereurs détiennent trois objets apportés sur terre par Amaterasu, les « trois trésors sacrés ». Cette mythologie a été mise par écrit en 712, à la demande de l'empereur dans un ouvrage appelé le Kojiki. Un autre livre rédigé huit ans plus tard, le Nihon-shoki, reprend les mêmes thèmes et insiste sur l'origine divine des empereurs.
Le pouvoir impérial s'impose aux shoguns en 1868. Le shintoïsme devient alors la religion officielle de l'état japonais en 1871.
En 1945, après la Seconde Guerre mondiale, l'empereur Hirohito doit renoncer à se prétendre d'origine divine, perd la plupart de ses pouvoirs politiques et le shintoïsme rejoint la sphère privée.
Pratiquer la religion shinto.
Ce qui caractérise le culte shinto, c'est son caractère local. Chaque temple est consacré à un kami spécifique à la ville ou au village auquel on rend un culte particulier, différent dans chaque temple.
Le croyant peut communiquer avec les kamis ou vénérer les ancêtres en se rendant dans un sanctuaire, lieu symbolique de résidence des kamis. Les sanctuaires sont en général situés loin des habitations, entourés de végétation et proches d'une rivière, symbole de pureté. Cependant on trouve également et un peu partout de petits sanctuaires à une échelle ultra-locale (dans une rue, devant une maison par exemple).
La visite au sanctuaire doit suivre trois rites successifs : la purification dans la fontaine placée devant le temple ; les fidèles se lavent les mains et se rincent la bouche purifiant ainsi leurs corps à l'intérieur et à l'extérieur, les offrandes et la récitation de prières.
Les sanctuaires ne sont pas que des lieux de prières, ce sont aussi des lieux de fête et de divertissement destinés à réjouir les kamis. Le culte shintoïste comprend également de nombreuses fêtes et pèlerinages.
Voilà pour le moment. Tout les éléments donnés forment une base à posséder pour entrer plus en profondeur dans la religion shinto. Ce sujet sera complété par mes soins à l'avenir, ensemble nous continuerons ainsi la découverte fabuleuse de cette religion particulièrement intéressante.
Voilà la légende d'Izanagi et d'Izanami.
- Spoiler:
- Au commencement, la terre était jeune et ses formes incertaines. Dans ce que les japonais appellent Takamanohara, ou “les hautes plaines célestes”, trois dieux invisibles virent le jour.
L’ainé s’appelait Amanominakanushi-no-kami, ou “seigneur du milieu du ciel”, bientôt suivi par Takamimusubi et Kamimusubi qui, tous deux, furent de puissants kami a part entière.
Ces trois dieux formaient, avec deux divinités secondaires (Umashiashikabihikoji-no-kami et Amanotokotachi-no-kami), les cinq Divinités Célestes Autonomes.
Puis naquirent sept autres générations de dieux et de déesses célestes d’ou est issu le couple originel japonais: Izanagi et sa soeur et épouse Izanami, dont les noms complets sont Izanagi-no-mikoto (l’Auguste Male), et Izanami-no-mikoto (l’Auguste Femelle).
Chargés par les dieux de “compléter et de solidifier cette terre a la dérive”, Izanagi et Izanami se rendirent sur le pont Flottant du Ciel, et plongèrent une lance ornée de pierres précieuses dans les eaux marines. Quand ils la sortirent de l’eau, ils virent les gouttelettes former une ile, appelée Onogoro, “première terre ferme”. Peu de temps après ils s’y rendirent, y élevèrent un pilier céleste, et bâtirent un palais. Puis ils décidèrent de procréer.
Izanagi demanda à sa sœur comment son corps était fait. Elle répondit qu’il présentait un vide en un endroit. Izanagi suggéra, vu que son corps possédait une excroissance, qu’ils rapprochassent ces deux parties de leurs corps. Le couple divin inventa un rituel nuptial qui consistait pour l’un et l’autre à tourner autour du pilier céleste, par la gauche pour Izanagi, et par la droite pour sa soeur. Quand ils se rencontrèrent, ils échangèrent les formules appropriées et s’aimèrent.
A terme, Izanami accoucha. Mais leur premier-né ne fut autre qu’Hiruko, être difforme, appelé l’Enfant Sangsue, que le couple infortuné plaça dans une barque de joncs et confia a la mer. Apres une grande consultation divinatoire, les dieux conclurent qu’Izanami était responsable de la malformation de l’enfant car elle avait parlé la première lors du rite nuptial (argument qui a servi jusqu’a nos jours à justifier les inégalités sexuelles au Japon).
Désormais averti, le couple se rendit de nouveau à Onogoro et recommença le rituel. Cette fois, ce fut Izanagi qui parla le premier lors de leur rencontre au pied de la colonne, et des lors Izanami fut très féconde. Elle donna d’abord naissance à une série d’îles (l’archipel du Japon), puis a plusieurs dieux et déesses, notamment les dieux du Vent, des Montagnes et des Arbres.
Mais à la naissance de Kagutsuchi-no-kami ou Homusubi-no-kami, dieu du Feu, ses entrailles furent si vivement brulées qu’elle tomba malade et mourut. Pourtant, jusque dans les affres de l’agonie, Izanami continua d’engendrer des divinités. Izanagi demeurait inconsolable, et de ses larmes naquirent encore d’autres divinités. Puis son chagrin se mua en une terrible colère et, parce qu’il avait cause la mort de son épouse bien-aimée, il décapita son propre fils, le dieu du Feu. De sa dépouille émergea un autre groupe de divinités.
Izanagi décida de se rendre a Yomi, le monde d’En Bas, ou le royaume des morts, et de tenter de ramener Izanami a la vie. Lorsque celle-ci apparut enveloppée d’ombres sur le seuil de Yomi, Izanagi salua chaleureusement son épouse et la pria de retourner auprès de lui. Elle convint de communiquer sa requête aux dieux du monde souterrain et, avant de se retirer dans les ténèbres, recommanda a son mari de ne pas la regarder. Mais Izanagi brulait d’un tel désir de la voir qu’il brisa une dent du peigne qu’il portait à son chignon gauche et l’enflamma pour en faire une torche. Il pénétra dans le royaume des morts et vit immédiatement qu’Izanami n’était qu’un cadavre en décomposition. De terreur, il s’enfuit.
Offensée qu’Izanagi ait ainsi trahi ses espoirs, Izanami envoya les sorcières de Yomi à sa poursuite, ainsi que huit divinités du tonnerre et une horde de guerriers. Alors qu’il atteignait le défile de Yomi qui menait à la terre des vivants, Izanagi trouva trois pêches qu’il lança contre ses assaillants, les obligeant à reculer. Enfin, Izanami elle-même, devenue un véritable démon, se joignit a la poursuite. Mais, avant qu’elle n’ait pu l’atteindre, Izanagi lui barra le passage avec un énorme rocher. Ils se firent face et, de part et d’autre de ce rocher, “brisèrent la foi qu’ils s’étaient jurée”.
Se sentant sali par ce séjour a Yomi, Izanagi decida de se purifier en prenant un bain. Parvenu à l’embouchure d’une petite rivière, à Hyuga (nord-est de Kyushu), il se déshabilla. De ses vêtements naquit une foule de dieux et de déesses et, pendant qu’il se baignait, d’autres encore virent le jour.
Finalement Izanagi engendra trois des divinités les plus importantes du panthéon shintoïste. La déesse du Soleil, Amaterasu, surgit alors qu’il se lavait l’œil gauche; Tsuki-yomi-nomikoto (”l’auguste lune”), quand il se lava l’oeil droit; enfin, Susano-wo-nomikoto (”l’auguste mâle impétueux”) sortit de son nez. Considérant ses trois nobles enfants, Izanagi decida de leur donner son royaume en partage. A Amaterasu, il offrit son collier de perles, symbole de souveraineté, et les Hautes Plaines célestes. Au dieu de la Lune Tsuki-yomi (dans la mythologie japonaise, la lune est masculine), Izanagi confia les sphères de la nuit, et à son autre fils Susano-wo, il accorda la suprématie sur l’océan.
Amaterasu et Tsuki-yomi, obéissants, acceptèrent leurs rôles. En revanche, Susano-wo se mit à crier et à gémir. Quand Izanagi lui demanda les raisons de sa détresse, Susano-wo répliqua qu’il ne voulait pas régner sur les eaux mais se rendre au royaume de sa mère, Izanami. Furieux, Izanagi le bannit, puis se retira, sa divine mission accomplie. Selon une version du mythe, il monta au ciel, ou il vit encore dans le “plus jeune palais du soleil”.
En feuilletant Mythes, rêves et mystères de Mircea Eliade, je viens de trouver d’autres éléments et une autre version du mythe d’Izanagi et Izanami.
Au commencement, le Ciel et la Terre, Izanagi et Izanami, n’étaient pas séparés. Ensemble ils constituaient un chaos qui ressemblait à un œuf, au milieu duquel se trouvait un germe.
Attention : la notion de chaos dans les mythes est très complexe. Par exemple dans le mythologie grecque, le Chaos est une sorte de trou dans l’espace qui comprend lui-même un espace qui est sans être et surtout sans fin.
Non seulement le Ciel et la Terre n’existent pas mais il en va de même pour les notions de mâle et femelle. Donc ici, notre chaos japonais représente la totalité parfaite ainsi que l’androgynie. La séparation du Ciel et de la Terre marque l’acte cosmogonique (la Création) et surtout l’acte de rupture de l’unité primordiale et donc le commencement de toute chose.
La première phase de la création selon cette version se présente de la manière suivante :
- il y a une petite île qui est instable et cernée par la mer, au milieu de cette île se tient un roseau. C’est de ce roseau que naissent les dieux. Ce roseau est le germe qui se trouvait au milieu du chaos en forme d’œuf ;
- en se séparant, le Ciel et la Terre se manifestent également sous la forme humaine d’un mâle et d’une femelle ;
- trois divinités célestes ordonnent au Ciel et à la Terre d’achever et de parfaire la Création, c’est-à-dire de créer le Japon. D’après un texte cosmologique japonais, le Kojiki, on ne peut pas savoir si les trois divinités célestes existaient avant la séparation du Ciel et de la Terre, ou si elles sont apparues après la séparation ;
- il semble en aller de même avec un autre texte cosmologique japonais : le Nihongi.
Nous avons donc affaire à deux traditions distinctes et contradictoires ici : d’après la première, le Cosmos dérive spontanément d’un œuf primordial où les deux principes polaires coexistent et d’après la deuxième, les dieux célestes se trouvaient depuis toujours au Ciel, et ce sont eux qui ont ordonné la Création.
Mais nos dieux célestes par contre n’interviennent pas dans la Création, ils ordonnent à Izanami et Izanagi de continuer et d’achever celle-ci, mais guère plus.
Plus intéressant encore : quand le Ciel et la Terre s’unissent, les dieux célestes annulent le premier rite parce que la Terre a parlé la première. C’est au Ciel et donc au mari de parler le premier et la femme ne doit que répéter la formule. On perçoit ici le conflit de deux visions, deux idéologies : la matriarcale et la patriarcale et surtout le triomphe de cette dernière.
Au moment de la séparation définitive du Ciel et de la Terre, Izanagi monte au ciel et Izanami descend pour toujours dans les régions souterraines, elle devient alors la déesse des morts.