Aujourd'hui nous parlerons du Syndrome du voyageur !
Comme d'habitude, des articles repris sur wikipedia !
Le syndrome du voyageur est un trouble psychique généralement passager que rencontrent certaines personnes confrontées à certains aspects de la réalité du pays visité, par exemple l'abondance d'œuvres d'art (syndrome de Stendhal), de symboles religieux (syndrome de Jérusalem), ou l'écart entre des cultures.
Il est différent du voyage pathologique au cours duquel un sujet entreprend un voyage motivé par un contexte psychiatrique.
# Caractères généraux
Il est caractérisé par un certain nombre de symptômes psychiatriques comme des états délirants aigus, des hallucinations, un sentiment de persécution (conviction délirante d’être victime de préjudices1, d’agressions, de l’hostilité d’autrui), une déréalisation, une dépersonnalisation, de l'anxiété, et également des troubles à expression corporelle comme des vertiges, une tachycardie, des sueurs, etc.
En fait, le tableau clinique observé est assez variable, mais il a la caractéristique de survenir au cours d'un voyage qui confronte le voyageur à des choses inconnues de lui, qu'il n'a pas anticipées, alors que ces symptômes là n'existaient pas avant le voyage et qu'ils disparaissent avec un retour dans le milieu habituel.
Cela le différencie du voyage pathologique dans lequel ce sont des troubles psychiatriques pré-existants qui conduisent à accomplir un voyage, généralement dans un contexte délirant.
Plusieurs syndromes du voyageur ont été décrits, dans différents contextes, avec des sources plus ou moins importantes.
# Syndrome de Stendhal
Le syndrome de Stendhal, également appelé « syndrome de Florence », à ne pas confondre avec le syndrome de Brulard, également inspiré par Stendhal, est une maladie psychosomatique qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d’œuvres d’art.
Alors que le syndrome de Brulard concerne les troubles mémoriels, le syndrome de Stendhal, assez rare, fait partie de ce qu’on peut appeler les troubles du voyage ou syndromes du voyageur.
Origine
Ce syndrome est appelé ainsi en référence à l'expérience vécue par l’écrivain français Stendhal lors de son voyage en Italie, à l’étape de Florence, en 1817.
Il écrit alors :
« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »
— Rome, Naples et Florence, éditions Delaunay, Paris - 1826, tome II, p. 102
Stendhal n’a rien fait pour s’en prémunir puisque, s’asseyant sur un banc de la place, il lut un poème pour se remettre, et vit que ses visions empiraient à la lecture de cette somme de culture ambiante dans les lieux : il fut épris et malade à la fois de tant de profusion.
Identification
Ce syndrome ne fut pas décrit comme un syndrome spécifique avant 1979.
La psychiatre italienne Graziella Magherini, officiant à l’hôpital central de la ville, a observé et décrit plus de cent cas similaires parmi les touristes de Florence, le berceau de la Renaissance.
Sa description figure dans un livre homonyme qui classe les cas de manière statistique selon leur provenance et leur sociologie.
En résumé :
- les touristes provenant d’Amérique du Nord et d’Asie n’en sont pas touchés, il ne s’agit pas de leur culture
- les touristes nationaux italiens en sont également immunisés ; ils baignent dans cette atmosphère depuis leur enfance
- parmi les autres, sont plus touchées les personnes vivant seules et ayant eu une éducation classique ou religieuse, indifféremment de leur sexe.
Le facteur déclenchant de la crise a lieu le plus souvent lors de la visite de l’un des cinquante musées de la ville.
Le visiteur est subitement saisi par le sens profond que l’artiste a donné à son œuvre, et perçoit toute l’émotion qui s’en dégage d’une façon exceptionnellement vive qui transcende les images et le sujet de la peinture.
Les réactions des victimes subjuguées sont très variables : des tentatives de destruction du tableau ou des crises d’hystérie ont été observées.
En effet, le regard d'un autre peut, à leurs yeux, mettre en danger leur propre perception de l’œuvre.
Les gardiens de musée de Florence sont formés à l’intervention auprès de visiteurs victimes du syndrome de Stendhal, bien que cela reste assez rare.
Doutes sur la réalité du syndrome
On peut cependant douter de l'existence réelle du syndrome de Stendhal.
Graziella Magherini n'a suivi que deux cents personnes, un échantillon d'autant plus faible quand on le met en rapport avec le nombre total de touristes : dix millions de nuitées par an rien qu'à Florence.
On peut également mettre en question la délimitation très subjective du syndrome de Stendhal, ses manifestations variant beaucoup d'un individu à l'autre.
Pour certains, l'explication du « syndrome » n'aurait même rien à voir avec l'art et serait beaucoup plus pragmatique : les touristes soumis à la fatigue et au stress (enchaînement des visites, foule, chaleur…) seraient naturellement plus sujets aux malaises.
Dans la culture populaire
Au cinéma
- Dans La Nuit des généraux (1967), film franco-britannique réalisé par Anatole Litvak, le personnage du général Tanz, joué par Peter O'Toole, est atteint du syndrome de Stendhal face à une œuvre de Van Gogh.
- Un film appelé Le Syndrome de Stendhal (1996) a été réalisé par Dario Argento.
Dans ce film, une policière souffrant de ce syndrome est la proie d’un tueur en série. - Dans le film L'Homme des foules de John Lvoff sorti en 2001, le personnage principal est victime de ce syndrome.
- Sans elle (2005), film de Jean Beaudin : À son retour de Florence, où elle a été victime du syndrome de Stendhal, une jeune violoniste québécoise entreprend des recherches pour retrouver sa mère disparue depuis deux ans.
- Dans le court métrage Syndrome (2008) réalisé par Yannick Delhaye, un homme entre au Cimetière du Père-Lachaise pour reprendre son souffle après avoir commis un acte horrible.
Devant les statues du cimetière, il subit un syndrome de Stendhal.
Le syndrome est ici transposé au sentiment de culpabilité. - Dans Mariage à Mendoza (2013) réalisé par Édouard Deluc, Marcus, protagoniste du film, est dit atteint de cette affection par une médecin argentine.
- Le groupe Yelle évoque le syndrome de Stendhal dans sa chanson Florence en Italie.
Dans la littérature
- Le Pavillon d'or (1956) de Yukio Mishima pourrait être une représentation de ce syndrome par la description des tourments de ce moine bouddhiste qui met en feu le pavillon, alors qu'il est obsédé par la beauté du lieu.
- Le Syndrome de Stendhal (2003) d'Isabelle Miller transpose le syndrome au sentiment amoureux.
- Journal intime (2005) de Chuck Palahniuk décrit ce syndrome et évoque son histoire, notamment avec la visite de Stendhal à Florence.
- Le syndrome de Stendhal (2017) BD de Aurélie Herrou et de Sagar (Glénat/Centre Georges Pompidou).
Victime du syndrome de Stendhal, l'héros est capable de se projeter mentalement à l’intérieur des œuvres qu’il regarde. - Henri Beyle et son curieux tourment (2019) roman de Charles Duttine actualise le syndrome de Stendhal.
Le personnage principal, un psychiatre, analyse différents cas de victimes de ce syndrome.
Au cours d'un voyage en Italie, de Bologne à Naples en passant par Florence, sur les pas de Stendhal, ce personnage connaîtra des symptômes proches de ceux vécus par Stendhal.
# Syndrome de Jérusalem
Il est équivalent au syndrome de Stendhal, à ceci près qu'il ne se rapporte pas aux œuvres d'art, mais au sens religieux révélé lors du pèlerinage de Jérusalem, la ville sainte des trois monothéismes.
Le docteur Yair Bar El, chef de clinique à l'hôpital psychiatrique Kfar Shaul qui prend en charge ce syndrome, attribue ces crises à la déception.
Des pèlerins rêvent des années à cette visite en Terre sainte mais la grande richesse archéologique de Jérusalem reflète surtout les périodes turque, croisée et byzantine sans aucune trace de l'ère préchrétienne et la plupart des sanctuaires chrétiens ont été soumis à la destruction, à la transformation ou à la défiguration au cours de leur histoire mouvementée.
Comme la réalité n'est pas à la hauteur de leurs fantasmes, ils deviennent frustrés et se réfugient dans le délire.
Jérusalem étant une ville sainte pour trois religions (christianisme, judaïsme et islam), certaines personnes se prennent elle-même pour des prophètes, divinités.
1 200 personnes auraient ressenti ce syndrome, à des degrés divers, entre 1980 et 19934, et une quarantaine de personnes est hospitalisée chaque année à l'hôpital de Kfar Shaul.
Les cas sont le plus souvent enregistrés aux abords des grandes fêtes religieuses (Noël, Pâques, Pessah, etc.), et durant les mois chauds de juillet et août.
À l'approche de l'an 2000, la fréquence de ce syndrome avait suscité une inquiétude particulière de la police et des milieux médicaux face à une recrudescence d'illuminés et de pathologies hallucinatoires, qui s'est toutefois révélée quelque peu exagérée : le nombre de cas déclarés ne fut pas bien supérieur à celui enregistré dans les années « normales ».
En ce qui concerne la composition confessionnelle des victimes de ce syndrome, 66 % étaient de confession juive, 33 % chrétiens (pour la plupart protestants) et les 1 % restants sans religion sur les 470 personnes hospitalisées à Kfar Shaul entre 1980 et 1993.
Cette pathologie ne touche d'ailleurs pas que les seuls touristes et pèlerins, mais aussi des résidents de Jérusalem.
Les principaux symptômes ressentis sont les suivants : anxiété et stress, désir d'isolement, obsession de se purifier le corps (ablutions systématiques, taille des ongles), confection de toges à partir de draps, déclamation de passages de la Bible et chants sacrés, proclamation de sermons, hallucinations, etc.
Un film israélien homonyme de 2008, avec Lionel Abelanski et Dan Herzberg, traite de ce syndrome.
La Plus Grande Histoire jamais ratée, 16e épisode de la saison 21 de la série télévisée Les Simpson diffusée en 2010, évoque largement le sujet : Homer Simpson, entre autres personnages, étant atteint du syndrome.
# Syndrome de Paris
Le syndrome de Paris (パリ症候群, Pari shōkōgun) est un trouble psychologique transitoire rencontré par certaines personnes, en visite ou en vacances à Paris.
Analogue aux syndromes de Stendhal et de Jérusalem, cette affection toucherait plus particulièrement les touristes japonais qui, désemparés par l’écart entre la réalité et leur vision idéalisée de la ville, comme le Montparnasse des Années folles ou le Paris d’Amélie Poulain, se retrouvent désillusionnés et déstabilisés par le fossé culturel entre la France réelle et l'image qu'on s'en fait à l'étranger, notamment au Japon.
Historique et symptômes
Le professeur Hiroaki Ōta (太田 博昭), psychiatre du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, a diagnostiqué le premier cas de cette affection en 1986.
Néanmoins, il n'est décrit précisément pour la première fois qu'en 2004, dans la revue française de psychiatrie Nervure.
Le syndrome de Paris est caractérisé par un certain nombre de symptômes psychiatriques aigus tels que des états délirants, des hallucinations, des sentiments de persécution (sentiment d’être victime de préjugés, d’agression ou autre hostilité), de déréalisation, de dépersonnalisation, d’anxiété, mais aussi de manifestations psychosomatiques telles que tachycardie, étourdissements, sueurs, etc.
Youcef Mahmoudia, médecin à l’Hôtel-Dieu de Paris, a indiqué par la suite que le syndrome de Paris est « une manifestation de la psychopathologie liée au voyage, plutôt qu’un syndrome du voyageur ».
Il a théorisé que la visite de Paris cause une excitation provoquant une tachycardie, qui entraîne en retour des vertiges et des essoufflements se traduisant par des hallucinations de façon similaire au syndrome de Stendhal décrit par la psychologue italienne Graziella Magherini dans son ouvrage La sindrome di Stendhal.
Facteurs déclencheurs
Les visiteurs japonais seraient particulièrement sensibles au syndrome de Paris. S
ur les six millions de visiteurs annuels, le nombre de cas signalés est cependant limité : selon un administrateur de l’ambassade du Japon en France, seule une vingtaine de touristes japonais par an est touchée.
La sensibilité particulière des Japonais peut être due à la popularité de Paris dans la culture japonaise, notamment au fait que la publicité japonaise propage de cette ville une image idéalisée qui diffère de la réalité que découvrent les touristes.
Les auteurs du premier article paru sur le sujet en 2004 citent les situations suivantes comme facteurs s’associant pour provoquer le phénomène :
- La barrière linguistique, peu de Japonais parlant français et vice versa.
Celle-ci est considérée comme la cause principale et on pense qu’elle engendre le reste.
Outre les différences évidentes entre français et japonais, de nombreuses expressions quotidiennes et d’idiomes perdent leur sens et leur substance quand ils sont traduits, ce qui ajoute à la confusion de ceux qui n’en ont pas l’habitude. - La différence culturelle. Il existe une grande différence non seulement entre les langues mais également entre les manières.
Comparativement à la culture japonaise rigidement formelle, les Français peuvent communiquer à un niveau informel, ce qui crée une trop grande difficulté pour certains visiteurs japonais.
On pense que ce sont les fluctuations rapides et fréquentes d’humeur et d’attitude tendue, en particulier dans la pratique de l’humour, qui causent le plus de difficultés. - L’image idéalisée de Paris est également invoquée dans la mesure où le syndrome de Paris découlerait de l’incapacité d’un individu à concilier la disparité entre l’image popularisée au Japon et la réalité parisienne.
- L’épuisement. On pense enfin que la surcharge de temps et d’énergie représentée par un voyage d’affaires ou de vacances, où l’on a essayé de faire tenir trop de choses dans chaque instant d’un séjour à Paris, ainsi que les effets du décalage horaire, contribuent globalement à la déstabilisation psychologique de certains visiteurs.
Mario Renoux, président de l’Association médicale franco-japonaise, déclare en 2004, que les magazines japonais sont les principaux responsables de la création de ce syndrome.
Il indique que les médias japonais, en particulier les magazines, représentent souvent Paris comme un lieu où la plupart des gens dans la rue ressemblent à des mannequins ultra-minces et où la plupart des femmes s’habillent en marques de haute couture, tandis que, dans la réalité, les marques de haute couture française sont principalement destinées aux consommateurs étrangers, et que la population française est beaucoup plus en surpoids que la population japonaise.
Cependant, d'après Youcef Mahmoudia, les cas réels observés d'état délirant sont rares, il s'agit le plus généralement d'état d'angoisse passager.
Seule une cinquantaine de voyageurs pathologiques sont hospitalisés chaque année à l'Hôtel-Dieu, et la majorité sont des Français, seuls 3 à 5 % étant des Japonais (soit environ deux cas par an).
Culture populaire
Le syndrome de Paris a suscité de nombreuses créations dans différents domaines artistiques, notamment dans la littérature et le cinéma.
Littérature
- Philippe Adam, Le Syndrome de Paris, Inventaire/Invention, 2005.
- Jean-Christophe Grangé évoque le syndrome de Paris dans son roman Kaïken, 2012.
- Le manga À nous deux Paris ! de J.P. Nishi est un manga caricatural sur le séjour de l'auteur (japonais) à Paris (en un volume, 2012).
- Eriko Nakamura évoque le syndrome de Paris dans son roman Nââândé !? Les tribulations d'une Japonaise à Paris, Pocket, 2013.
- Guillaume Musso évoque le syndrome de Paris dans son roman Un appartement à Paris, 2017.
Cinéma
- La nouvelle de Philippe Adam a été adaptée au cinéma par la réalisatrice japonaise Saé Shimaï (島井 佐枝) en 2008.
- En 2012, Mimi no nikki, du réalisateur français Bren-Ya Ba, parle de l'histoire d'une jeune Japonaise à Paris et évoque également le sujet
# Syndrome de l'Inde
Ce syndrome a été observé par le psychiatre Régis Airault, en poste à l'ambassade de France en Inde, chez des touristes occidentaux se rendant en Inde, pays dans lequel leurs repères n’ont plus cours.
La foule, le bruit, les odeurs, la pauvreté, les excès du climat (mousson, crue du gange, chaleur…), la différence des cultures, l’omniprésence de la mort et du mysticisme provoquent, dans le meilleur des cas, une folle envie de fuir, mais peuvent également engendrer un vacillement de la personnalité parfois accompagné de troubles psychiatriques importants, notamment un sentiment océanique.
Normalement, ces symptômes cessent lorsque les personnes touchées rentrent chez elles.
Il a été rapporté que les Français métropolitains pouvaient en être atteints à Mayotte.